Homélie, mercredi de la 30ème semaine du Temps ordinaire

Combien de fois l’expression par laquelle se termine le texte d’aujourd’hui apparaît-elle dans les Évangiles : « Les derniers seront les premiers et les premiers seront les derniers ». Reprenant le même sens, il y en a d’autres comme : « quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé » ou encore « entrez par la porte étroite, car beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas ».

Ce genre d’avertissement que Jésus a donné était inconfortable pour les juifs, mais cela peut aussi être inconfortable pour nous, car il nous dit qu’il ne suffit pas d’appartenir à son Église ou d’avoir célébré l’Eucharistie et écouté sa Parole. Nous pourrions courir le risque que la porte se ferme et que nous soyons exclus du banquet. Cela dépend si nous avons su correspondre à ses dons.

Jésus réfère aux valeurs en vigueur dans les sociétés d’hier et d’aujourd’hui. Il nous est difficile d’entrer par la « porte étroite ». Cependant, avec l’aide de Dieu, beaucoup l’ont traversée. La porte la plus large est celle de l’auto-gratification pour ce que nous sommes ou faisons, les satisfactions immédiates, l’absence de difficultés, le déni de toute douleur et le manque de compassion pour ceux qui souffrent. Bref, vouloir que tout se passe comme on veut, sans que rien ni personne ne gêne nos goûts et désirs.

Le Royaume de Dieu est exigeant et il ne se gagne pas confortablement ; mais il est ouvert à tous. La curieuse question de savoir si beaucoup de monde seront sauvés nous amène à répondre qu’il ne suffit pas « d’avoir mangé et bu avec le Seigneur ». Ce n’est pas suffisant, rien n’est automatique. C’est pourquoi il y a des gens qui pouvaient sembler derniers et qui seront finalement les premiers.

Il ne s’agit pas de rechercher la douleur ou l’échec ou bien d’abandonner ce que nous aimons, mais plutôt de savoir que tout cela appartient à notre vie humaine, à la réalité de qui nous sommes. Mais il s’agit d’être honnête avec la vie, la nôtre et celle des autres, sans se leurrer. Il s’agit de chercher le noble et l’humainement bon, à la lumière de l’Évangile…, même si cela nous coûte, et même si cela signifie nager à contre-courant.

Pour cela aussi, nous avons besoin de l’Esprit Saint, qui nous éclaire et nous donne l’énergie de vivre dans la vérité. Nous devons lui demander, comme l’a dit Paul, toujours dans la simplicité du cœur, peu importe notre condition. Ce que nous avons entendu dans la première lecture, qu’on soit esclave ou libre, c’est que l’on recevra la juste rétribution du Seigneur, car nous avons agi comme le Christ lui-même. Demandons à Dieu de ne pas nous écarter du chemin qui nous conduit à Lui.

Fr. Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P.

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu montres aux égarés la lumière de ta vérité
pour qu’ils puissent reprendre le bon chemin ;
donne à tous ceux qui se déclarent chrétiens,
de rejeter ce qui est contraire à ce nom
et de rechercher ce qui lui fait honneur.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.