19 octobre 2024
Le vrai témoignage
Aujourd’hui, le frère Gustave Nsengiyumva, O.P., révise avec nous l’invitation de Jésus, selon saint Luc, à devenir des témoins de sa Parole et de communion personnelle avec Lui.
LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX ÉPHÉSIENS (1, 15-23)
Frères, ayant entendu parler de la foi que vous avez dans le Seigneur Jésus, et de votre amour pour tous les fidèles, je ne cesse pas de rendre grâce, quand je fais mémoire de vous dans mes prières : que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un esprit de sagesse qui vous le révèle et vous le fasse vraiment connaître.
Qu’il ouvre à sa lumière les yeux de votre cœur, pour que vous sachiez quelle espérance vous ouvre son appel, la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec les fidèles, et quelle puissance incomparable il déploie pour nous, les croyants : c’est l’énergie, la force, la vigueur qu’il a mise en œuvre dans le Christ quand il l’a ressuscité d’entre les morts et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les cieux. Il l’a établi au-dessus de tout être céleste : Principauté, Souveraineté, Puissance et Domination, au-dessus de tout nom que l’on puisse nommer, non seulement dans le monde présent mais aussi dans le monde à venir.
Il a tout mis sous ses pieds et, le plaçant plus haut que tout, il a fait de lui la tête de l’Église qui est son corps, et l’Église, c’est l’accomplissement total du Christ, lui que Dieu comble totalement de sa plénitude.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (12, 8-12)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous le dis : Quiconque se sera déclaré pour moi devant les hommes, le Fils de l’homme aussi se déclarera pour lui devant les anges de Dieu. Mais celui qui m’aura renié en face des hommes sera renié à son tour en face des anges de Dieu.
« Quiconque dira une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera pardonné ; mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pas pardonné.
« Quand on vous traduira devant les gens des synagogues, les magistrats et les autorités, ne vous inquiétez pas de la façon dont vous vous défendrez ni de ce que vous direz. Car l’Esprit Saint vous enseignera à cette heure-là ce qu’il faudra dire. »
Homélie
Alors que Jésus est en route vers Jérusalem, nous lisons dans Luc, chapitre 11, qui précède notre passage, le présentant comme ayant l’intention de révéler l’abîme de l’action miséricordieuse de Dieu et en même temps la profonde misère cachée dans le cœur de l’homme. Surtout en le révélant à ceux qui ont la tâche d’être témoins de la Parole et de l’œuvre de l’Esprit Saint dans le monde.
En résumé, le parcours de la lecture du chapitre 11 est caractérisé par cette rencontre avec l’enseignement de Jésus qui lui révèle l’intimité de Dieu, la miséricorde du cœur de Dieu et la vérité de son « être-homme ». Au chapitre 12, Jésus oppose le jugement perverti de l’homme à la bonté de Dieu qui donne toujours avec surabondance. La vie de l’homme entre ici en jeu. Il faut être attentif à la perversion du jugement humain et à l’hypocrisie qui déforme les valeurs pour privilégier uniquement ses propres intérêts et avantages plutôt que de s’intéresser à la vie, à cette vie qui s’accepte gratuitement. La Parole de Dieu lance au lecteur un appel sur la manière d’affronter la question de la vie : l’homme sera jugé sur son comportement face aux menaces. Il faut se préoccuper de ceux qui peuvent « tuer le corps » mais plutôt avoir à cœur la crainte de Dieu qui juge et corrige. Mais Jésus ne promet pas à ses disciples qu’ils seront à l’abri des menaces et des persécutions, mais il leur assure qu’ils bénéficieront de l’aide de Dieu dans les moments difficiles.
Savoir reconnaître Jésus. L’engagement courageux de reconnaître publiquement l’amitié de Jésus implique donc une communion personnelle avec Lui au moment de son retour pour juger le monde. En même temps, la trahison de « qui me reniera », celui qui a peur de confesser et de reconnaître publiquement Jésus, se condamne lui-même. Le lecteur est invité à réfléchir sur l’importance cruciale de Jésus dans l’histoire du salut. Il faut décider d’être soit avec Jésus, soit contre Lui et sa Parole de Grâce. De cette décision, de reconnaître ou de rejeter Jésus, dépend notre salut. Luc met en évidence que la communion que Jésus donne actuellement à ses disciples sera confirmée et deviendra parfaite au moment de sa venue dans la gloire (« il viendra dans sa gloire et celle du Père et des anges » : 9, 26). L’appel à la communauté chrétienne est très évident. Même si elle a été exposée à l’hostilité du monde, il est indispensable de ne pas cesser de donner un témoignage courageux de Jésus, de communion avec Lui, de valoriser et de ne pas avoir honte de se montrer chrétien.
Blasphème contre le Saint-Esprit. Ici, Luc comprend le blasphème comme un discours offensant ou hostile. Ce vocabulaire a été appliqué à Jésus alors qu’en 5, 21, il avait pardonné les péchés. La question posée dans ce passage peut soulever certaines difficultés chez le lecteur : le blasphème contre le Fils de l’homme est-il moins grave ou moins sérieux que celui contre le Saint-Esprit ? Le langage de Jésus peut paraître plutôt fort au lecteur de l’Évangile de Luc. À travers l’Évangile, il a vu Jésus comme montrant le comportement de Dieu qui va à la recherche des pécheurs, qui est exigeant mais qui sait attendre le moment du retour à Lui, lorsque le pécheur atteint la maturité. Chez Marc et Matthieu, le blasphème contre l’Esprit est le manque de reconnaissance de la puissance de Dieu dans les signes et guérisons de Jésus. Mais chez Luc, cela peut signifier le rejet délibéré et connu de l’Esprit prophétique qui agit dans les actions et l’enseignement de Jésus, c’est-à-dire le rejet de la rencontre avec l’action miséricordieuse du salut avec le Père. Le manque de reconnaissance de l’origine divine de la mission de Jésus, les offenses directes à la personne de Jésus, peuvent être pardonnés, mais quiconque nie l’action de l’Esprit Saint dans la mission de Jésus ne sera pas pardonné. Il ne s’agit pas d’une opposition entre la personne de Jésus et le Saint-Esprit, ni d’un symbole contrasté de deux périodes diverses de l’histoire, celle de Jésus et celle de la communauté après la Pâque, mais l’évangéliste veut définitivement montrer que rejeter le Saint-Esprit dans la mission de Jésus équivaut à un blasphème contre le Saint-Esprit.
À travers ces paroles, certes parfois difficiles à entendre, retenons ce conseil de Paul à Timothée: je te le rappelle, ce n’est pas un esprit de peur, mais de force. N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur Jésus Christ, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile (2 Tm 1, 8). Aux Romains, il proclamait: oui, j’en ai l’assurance, ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni présent, ni avenir, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, manifesté dans le Christ (Rm 8, 38). AMEN.
Fr. Gustave Nsengiyumva, O.P.
PRIÈRE
Tu as voulu, Seigneur Dieu,
que par la grâce de l’adoption filiale,
nous devenions des enfants de lumière ;
ne permets pas que nous soyons enveloppés
des ténèbres de l’erreur,
mais accorde-nous d’être toujours rayonnants
dans la splendeur de ta vérité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.