Homélie, samedi de la 28ème semaine du Temps ordinaire

19 octobre 2024

Le vrai témoignage

Aujourd’hui, le frère Gustave Nsengiyumva, O.P., révise avec nous l’invitation de Jésus, selon saint Luc, à devenir des témoins de sa Parole et de communion personnelle avec Lui.

Homélie

Alors que Jésus est en route vers Jérusalem, nous lisons dans Luc, chapitre 11, qui précède notre passage, le présentant comme ayant l’intention de révéler l’abîme de l’action miséricordieuse de Dieu et en même temps la profonde misère cachée dans le cœur de l’homme. Surtout en le révélant à ceux qui ont la tâche d’être témoins de la Parole et de l’œuvre de l’Esprit Saint dans le monde.

En résumé, le parcours de la lecture du chapitre 11 est caractérisé par cette rencontre avec l’enseignement de Jésus qui lui révèle l’intimité de Dieu, la miséricorde du cœur de Dieu et la vérité de son « être-homme ». Au chapitre 12, Jésus oppose le jugement perverti de l’homme à la bonté de Dieu qui donne toujours avec surabondance. La vie de l’homme entre ici en jeu. Il faut être attentif à la perversion du jugement humain et à l’hypocrisie qui déforme les valeurs pour privilégier uniquement ses propres intérêts et avantages plutôt que de s’intéresser à la vie, à cette vie qui s’accepte gratuitement. La Parole de Dieu lance au lecteur un appel sur la manière d’affronter la question de la vie : l’homme sera jugé sur son comportement face aux menaces. Il faut se préoccuper de ceux qui peuvent « tuer le corps » mais plutôt avoir à cœur la crainte de Dieu qui juge et corrige. Mais Jésus ne promet pas à ses disciples qu’ils seront à l’abri des menaces et des persécutions, mais il leur assure qu’ils bénéficieront de l’aide de Dieu dans les moments difficiles.

Savoir reconnaître Jésus. L’engagement courageux de reconnaître publiquement l’amitié de Jésus implique donc une communion personnelle avec Lui au moment de son retour pour juger le monde. En même temps, la trahison de « qui me reniera », celui qui a peur de confesser et de reconnaître publiquement Jésus, se condamne lui-même. Le lecteur est invité à réfléchir sur l’importance cruciale de Jésus dans l’histoire du salut. Il faut décider d’être soit avec Jésus, soit contre Lui et sa Parole de Grâce. De cette décision, de reconnaître ou de rejeter Jésus, dépend notre salut. Luc met en évidence que la communion que Jésus donne actuellement à ses disciples sera confirmée et deviendra parfaite au moment de sa venue dans la gloire (« il viendra dans sa gloire et celle du Père et des anges » : 9, 26). L’appel à la communauté chrétienne est très évident. Même si elle a été exposée à l’hostilité du monde, il est indispensable de ne pas cesser de donner un témoignage courageux de Jésus, de communion avec Lui, de valoriser et de ne pas avoir honte de se montrer chrétien.

Blasphème contre le Saint-Esprit. Ici, Luc comprend le blasphème comme un discours offensant ou hostile. Ce vocabulaire a été appliqué à Jésus alors qu’en 5, 21, il avait pardonné les péchés. La question posée dans ce passage peut soulever certaines difficultés chez le lecteur : le blasphème contre le Fils de l’homme est-il moins grave ou moins sérieux que celui contre le Saint-Esprit ? Le langage de Jésus peut paraître plutôt fort au lecteur de l’Évangile de Luc. À travers l’Évangile, il a vu Jésus comme montrant le comportement de Dieu qui va à la recherche des pécheurs, qui est exigeant mais qui sait attendre le moment du retour à Lui, lorsque le pécheur atteint la maturité. Chez Marc et Matthieu, le blasphème contre l’Esprit est le manque de reconnaissance de la puissance de Dieu dans les signes et guérisons de Jésus. Mais chez Luc, cela peut signifier le rejet délibéré et connu de l’Esprit prophétique qui agit dans les actions et l’enseignement de Jésus, c’est-à-dire le rejet de la rencontre avec l’action miséricordieuse du salut avec le Père. Le manque de reconnaissance de l’origine divine de la mission de Jésus, les offenses directes à la personne de Jésus, peuvent être pardonnés, mais quiconque nie l’action de l’Esprit Saint dans la mission de Jésus ne sera pas pardonné. Il ne s’agit pas d’une opposition entre la personne de Jésus et le Saint-Esprit, ni d’un symbole contrasté de deux périodes diverses de l’histoire, celle de Jésus et celle de la communauté après la Pâque, mais l’évangéliste veut définitivement montrer que rejeter le Saint-Esprit dans la mission de Jésus équivaut à un blasphème contre le Saint-Esprit.

À travers ces paroles, certes parfois difficiles à entendre, retenons ce conseil de Paul à Timothée: je te le rappelle, ce n’est pas un esprit de peur, mais de force. N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur Jésus Christ, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile (2 Tm 1, 8). Aux Romains, il proclamait: oui, j’en ai l’assurance, ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni présent, ni avenir, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, manifesté dans le Christ (Rm 8, 38). AMEN.

Fr. Gustave Nsengiyumva, O.P.

 

PRIÈRE

Tu as voulu, Seigneur Dieu,
que par la grâce de l’adoption filiale,
nous devenions des enfants de lumière ;
ne permets pas que nous soyons enveloppés
des ténèbres de l’erreur,
mais accorde-nous d’être toujours rayonnants
dans la splendeur de ta vérité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.