Homélie, jeudi de la 28ème semaine du Temps ordinaire

17 octobre 2024

Savoir accepter la nouveauté du Christ

Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous invite à nous méfier de nos envies de pouvoir, de privilèges, d’exclure ceux et celles qui nous dérangent et de confondre cette volonté avec celle de Dieu.

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Commentaire

Ils sont connus les affrontements entre Jésus et le groupe des pharisiens et des scribes. Particulièrement dans ce chapitre onze de l’évangile de Luc, nous voyons monter le ton de leurs échanges. Jésus est de plus en plus déterminé et assertif face aux attitudes hypocrites des leaders religieux qui, d’un côté, manipulent le peuple et l’empêchent d’accéder au savoir et, de l’autre côté, conspire et manigance pour piéger Jésus et le condamner.

Grâce à cette lecture presque continue que nous propose la liturgie, nous sommes rendus dans la troisième section de l’évangile selon saint Luc où nous voyons Jésus en train de monter à Jérusalem, la ville « qui tue et lapide les prophètes » (Lc 13, 34). Chez Luc, la montée à Jérusalem est longue et, à trois reprises, Jésus va annoncer aux disciples sa passion et l’accomplissement de sa mission qui sera achevée à Jérusalem.

Or, dans la fin de ce onzième chapitre (47-54), Jésus démasque les pires attitudes des pharisiens et des docteurs de la Loi. Aux premiers, il reproche d’être complices de leurs parents qui ont causé la mort des prophètes et de se comporter avec hypocrisie. Aux deuxièmes, il révèle le mensonge et l’égoïsme comme motifs de leur condamnation : ils ont « enlevé la clé de la connaissance ». En tant que gardiens de la Loi et des Écritures, ils sont au courant des bénéfices de la foi et de la volonté de Dieu exprimée dans les textes sacrés, mais ils ne les partagent pas. Il est plus facile de contrôler une population ignorante qu’une collectivité éduquée.

Les paroles de Jésus contre ces maîtres, ces « Rabbis », nous permettent de reconnaître que ces derniers amalgament le savoir humain avec la sagesse de Dieu. Ils se pensent les propriétaires, pas les messagers, de la Vérité. Voilà la raison profonde de leurs abus et de l’accès limité à Dieu qu’ils accordent au peuple. Ils n’accepteront jamais la nouveauté de Jésus parce qu’elle déstabilise leurs rites et leurs formalismes et, surtout, parce qu’elle remet en question leur statut d’autorité.

Un problème constant et très risqué pour tous ceux et celles qui ont reçu un pouvoir en vue de servir les autres, c’est de dire qu’une situation « X » ou qu’une conséquence « Y » est « volonté de Dieu ». Croire que nos pensées et nos jugements moraux sont les mêmes que ceux de Dieu est extrêmement dangereux. En tant que disciples du Christ, nous devons faire appel au discernement pour bien saisir les circonstances qui nous entourent, mettre en premier lieu son message de Vie et faire grandir son œuvre autour de nous.

Malheureusement, nous vivons encore, dans nos sociétés modernes, beaucoup de situations d’injustice et de manipulation où tout prophète qui dénonce peut se faire taire violemment, voire mortellement, à l’exemple des martyres, et où les innocents sont les premiers à être touchés ! Nous avons besoin de foi, de force, d’audace, de patience, de courage, de miséricorde, de témoignage, etc. C’est notre foi en Jésus-Christ et notre implication dans son projet qui nous justifie devant Dieu. Malheur donc à ceux et celles qui ne cherchent que le pouvoir humain quand le vrai bonheur, c’est le service de son prochain, c’est de devenir artisans de paix, prophètes de notre temps.

Gustavo Adolfo Garay Ortega

 

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
par le témoignage des saints martyrs,
tu embellis ta sainte Église, corps de ton Fils ;
nous t’en prions :
de même que la passion du bienheureux Ignace d’Antioche,
célébrée en ce jour, lui valut une gloire éternelle,
fais qu’elle nous procure aussi ta protection à jamais.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.