14 octobre 2024
Savoir rendre grâce !
Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous met dans l’esprit de l’Action de Grâce et nous invite à réfléchir sur la joie, la confiance et la gratitude que nous accordons à Dieu dans nos vies.

LIVRE DU DEUTÉRONOME (8, 7-14)
Le Seigneur ton Dieu te conduit vers un pays fertile : pays de rivières abondantes, de sources profondes jaillissant dans les vallées et les montagnes, pays de blé et d’orge, de raisin, de grenades et de figues, pays d’olives, d’huile et de miel ; pays où le pain ne te manquera pas et où tu ne seras privé de rien ; pays dont les pierres contiennent du fer, et dont les montagnes sont des mines de cuivre. Tu mangeras et tu seras rassasié, tu béniras le Seigneur ton Dieu pour ce pays fertile qu’il t’a donné.
Garde-toi d’oublier le Seigneur ton Dieu, de négliger ses commandements, ses ordonnances et ses décrets, que je te donne aujourd’hui. Quand tu auras mangé et seras rassasié, quand tu auras bâti de belles maisons et que tu les habiteras, quand tu auras vu se multiplier ton gros et ton petit bétail, ton argent, ton or et tous tes biens, n’en tire pas orgueil, et n’oublie pas le Seigneur ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (6, 25-34)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n’amassent pas dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Vous-mêmes, ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? Qui d’entre vous, en se faisant du souci, peut ajouter une coudée à la longueur de sa vie ?
Et au sujet des vêtements, pourquoi se faire tant de souci ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’entre eux. Si Dieu donne un tel vêtement à l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ?
Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : « Qu’allons-nous manger ? » ou bien : « Qu’allons-nous boire ? » ou encore : « Avec quoi nous habiller ? » Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine.
Homélie
Même si la population rurale est maintenant fort limitée dans les sociétés modernes contemporaines, ces dernières continuent de maintenir des rites sociaux et religieux pour exprimer leur gratitude en regard de la sécurité alimentaire et sociale dont elles profitent. En d’autres termes, elles viennent reconnaître leur dépendance à l’endroit de la nature et du travail des agriculteurs et des pêcheurs. Dans la tradition biblique, ces rites d’action de grâce dans le prolongement des récoltes étaient fondamentaux. C’était une façon, pour les Israélites, de reconnaître solennellement que Yahvé tenait ses promesses en leur permettant de bien vivre des produits de la nature. N’est-ce pas ce qu’exprimaient les auteurs du texte du Deutéronome, vers l’an 700 avant Jésus-Christ, lorsqu’ils écrivaient : « Le Seigneur ton Dieu te conduit vers un pays fertile : pays de rivières abondantes, de sources profondes (…), pays de blé et d’orge, de raisin, de grenades et de figues (…), pays où le pain ne te manquera pas (…). Tu mangeras et tu seras rassasié, tu béniras le Seigneur ton Dieu pour ce pays fertile qu’il t’a donné. » ? (Dt 8, 7-10)
Bien des chrétiens et chrétiennes qui vivent présentement dans des pays économiquement favorisés et à haute sécurité sociale, qui vivent dans des pays qui échappent à la guerre et à certaines catastrophes naturelles, reconnaissent qu’ils sont des privilégiés. Ils s’en réjouissent et rendent grâce. Mais, en même temps, ils déplorent profondément le sort de millions et de millions de personnes qui, à travers le monde, souffrent non seulement de la faim mais de conditions de vie abrutissantes et inhumaines. Ils constatent comment le refus de partager les ressources de base qui devraient profiter à tous les humains conduit à un étouffement de la vie et à des situations qui sont en contradiction avec le projet de Dieu en faveur de notre humanité.
Tout en étant invités, en ce jour, à rendre grâce pour les biens matériels qui assurent notre vie quotidienne et même notre bien-être, nous ne devons pas oublier que la Promesse de Dieu déborde amplement l’horizon de notre univers terrestre immédiat. Dieu nous convie à partager sa propre vie, et ce, dès maintenant et pour l’éternité. D’où une invitation à relativiser notre tendance spontanée à accumuler des biens qui débordent souvent le champ de nos réels besoins humains. Cette relativisation est possible si nous savons tabler sur Dieu, sur la confiance que nous devons lui accorder. Retenons que Dieu nous aime bien plus qu’il n’est possible de l’imaginer. Jésus ne dit-il pas : « Ne vous souciez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni, pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. (…). Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas. Si Dieu donne un tel vêtement à l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ? » (Dt 8, 25, 28, 30)
Oui, savoir rendre grâce pour les biens matériels qui assurent notre vie quotidienne, savoir rendre grâce pour les institutions qui assurent notre sécurité et notre développement social et personnel, savoir rendre grâce pour notre foi qui dévoile notre véritable destinée humaine, c’est là une exigence à prendre pleinement en compte. Et nous saurons le faire si nous faisons nôtre la parole de Jésus : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice… » La bienveillance de Dieu saura alors se manifester.
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tes dons sont innombrables et ta bonté est sans limites ;
nous t’en prions ;
apprends-nous à utiliser sagement
les abondantes bénédictions de la terre et de la mer,
à être attentifs aux besoins des autres,
et à donner aussi largement que nous avons reçu,
afin que nous puissions goûter un jour les récompenses éternelles
dans la joie de ta maison.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.