Homélie, jeudi de la 27ème semaine du Temps ordinaire

Vous avez sans doute entendu à maintes reprises la chanson « Imagine » de John Lennon. Imaginer un monde de paix, sans matérialisme ou possessions, sans frontières, sans régimes, sans religions, sans raison de tuer ou de mourir… Avez-vous réussi à imaginer une telle fraternité humaine ?

De nos jours, avec les terribles événements armés partout dans le monde (guerres, fusillades, etc.), ces paroles peuvent sembler fortement utopiques… et pourtant, comme beaucoup, je rêve encore à ce monde meilleur, pas nécessairement sans religion, mais sans cette histoire de comparaison, de « mon Dieu plus grand que ton Dieu » ; un monde où, pour nous comme chrétiens, le dialogue signifie réellement comprendre ce que Dieu nous dit à travers d’autres traditions religieuses et se laisser interpeller par les êtres humains que nous côtoyons sans nécessairement partager le même credo ; ou plus encore, vivre les béatitudes au quotidien et les adopter comme règle de vie. Malheureusement, nous sommes plongés dans un « système de rétribution ». Il est difficile de trouver une personne disposée à faire le bien, à aider, à donner le nécessaire aux autres, avec plaisir et de la bonne manière, sans rien attendre en retour ! Trop souvent aussi, nous n’osons pas prendre la route de l’imagination.

L’imagination est considérée comme plus créative que la réflexion ou la pensée. Elle consiste à générer des idées, des images ou des scénarios qui ne sont pas nécessairement basés sur la réalité ou des faits. C’est un processus qui permet de transcender les limites du réel pour explorer des mondes ou des possibilités nouvelles. Par exemple, écrire une histoire de science-fiction nécessite une grande dose d’imagination, car il s’agit de créer un univers qui n’existe pas.

Dans le texte évangélique du jour, Jésus invite spécifiquement les disciples à imaginer répondre « autrement » aux sollicitations des autres. D’abord, Jésus met en lumière, dans l’exemple donné, que la réponse ne se fera pas par amitié, mais plutôt pour se débarrasser de l’ami qui dérange. Ensuite, et c’est ce qui est génial de l’enseignement du Christ, il les invite à échanger les rôles : c’est vous, les disciples, qui demandez une faveur et c’est Dieu qui accueille la demande !

Jésus explique tout de suite la façon dont le Père du ciel réagira à chaque demande et il les encourage, il nous encourage à demander, pleins de confiance et certains que nous recevrons chaque fois ce dont nous avons besoin. D’ailleurs, j’envisage que, parfois, le problème réside dans le contenu de ce que nous demandons plutôt que dans le fait de demander. Jésus signale très clairement que ce que nous devons demander c’est l’Esprit-Saint ! La liberté et l’intelligence, nous les avons tous ; cependant, la clarté pour agir intelligemment, ce n’est pas toujours évident pour tous. Il faut d’abord imaginer intelligemment pour faire autrement. De son côté, Jésus souhaite que tout disciple soit prêt à accompagner comme le Père accompagne, à donner comme le Père donne, car malgré ses erreurs ou ses limitations, l’être humain a en lui la bonté.

Je crois que malgré nos bonnes intentions, nous avons besoin de l’Esprit-Saint pour réellement guider nos actions dans la lumière de l’amour de Dieu et pour ne pas uniquement nous débarrasser de ceux ou celles qui nous font sortir de notre zone de confort. C’est un appel à rester attentifs aux besoins des autres, car il est certain que nous pouvons les aider d’une façon ou d’une autre. Remettons-en-nous à la miséricorde et laissons-nous guider par la force et la grâce de l’Esprit-Saint, même si ce n’est pas toujours évident de le faire. Gardons confiance : « Quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira. » De manière créative, demandons l’Esprit-Saint.

Gustavo Adolfo Garay Ortega

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
pour que l’œuvre du Christ, notre Sauveur,
se poursuive jusqu’à la fin des temps,
tu as voulu que ton Église soit pour toutes les nations
le sacrement du salut ;
réveille le cœur de tes fidèles ;
fais qu’ils ressentent davantage l’urgence de l’appel
à contribuer au salut de toute créature :
ainsi, de tous les peuples de la terre,
naîtra et grandira pour toi un seul peuple, une seule famille.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.