7 octobre 2024
Notre-Dame du Rosaire
En ce jour où nous célébrons Notre-Dame du Rosaire, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous explique le sens réel, historique et liturgique, de cette fête qui nous parle du rôle de Marie dans le projet de Dieu jusqu’à la naissance de l’Église et au-delà.

LIVRE DES ACTES DES APÔTRES (1, 12-14)
Les Apôtres, après avoir vu Jésus s’en aller vers le ciel, retournèrent à Jérusalem depuis le lieu-dit « mont des Oliviers » qui en est proche, – la distance de marche ne dépasse pas ce qui est permis le jour du sabbat.
À leur arrivée, ils montèrent dans la chambre haute où ils se tenaient habituellement ; c’était Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d’Alphée, Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques. Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (1, 26-38)
En ce temps-là, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation.
L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je ne connais pas d’homme ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. Or voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu. »
Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. »
Alors l’ange la quitta.
Homélie
Les lectures proposées à l’occasion de la Fête de la Bienheureuse Vierge Marie du Rosaire nous invitent à faire le lien entre l’accueil que Marie a réservée à l’ange Gabriel lui annonçant la venue d’un fils et la réunion qu’ont tenue, après l’ascension de Jésus, les apôtres accompagnés de Marie et d’autres femmes qui s’étaient engagées à la suite de Jésus. La perspective que l’évangéliste Luc suggère grâce aux deux textes proposés, à la fois l’évangile de l’Annonciation et le récit de la naissance de la première communauté chrétienne de Jérusalem, est large. Elle nous plonge en plein cœur de l’histoire du salut. Davantage : elle centre notre regard sur le sommet de cette histoire. En Jésus, l’enracinement du Règne de Dieu dans notre monde s’est manifesté explicitement. Et l’émergence de la nouvelle communauté chrétienne est devenue, pour tous les disciples, la manifestation que l’expérience de la pleine communion avec Dieu passait par ce chemin.
Dans cette fête du Rosaire, il y a plus qu’une expression religieuse de reconnaissance après la victoire éclatante des pays catholiques à la suite de leur victoire navale, à Lépante, sur la côte ouest de la Grèce, le 7 octobre 1571, contre les armées musulmanes turques. À la suite de cette victoire, le pape Pie V autorisa les Dominicains à commémorer annuellement cet événement historique majeur par une fête de Notre-Dame de la Victoire. Mais ces derniers y ont surtout vu une occasion d’inviter le peuple chrétien à méditer les mystères de Jésus et de Marie en récitant le Rosaire. C’est la mémoire de ces mystères qui était centrale à leurs yeux.
Il y a cependant un point que l’on est souvent porté à oublier à l’occasion de la célébration de ce jour : c’est le rôle de Marie au moment de la naissance de la première communauté chrétienne de Jérusalem. L’évangéliste Luc décrit en quelques mots ce moment charnière : « Les Apôtres, après avoir vu Jésus s’en aller vers le ciel, retournèrent à Jérusalem… Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec des frères. » Marie est ici explicitement nommée. Par sa présence, Marie manifeste la continuité profonde qui existe entre le moment de l’Annonciation et ce rassemblement d’hommes et de femmes qui s’étaient attachés à Jésus. Marie, dans sa foi, rappelons-le, avait dit « oui » à l’ange Gabriel, de nouveau elle dit « oui », par sa présence, à la naissance de la première communauté chrétienne. Chez elle, il y avait la conviction que l’œuvre de Dieu continuait de se réaliser dans cette communauté de disciples, composée d’hommes et de femmes. Ajoutons que toutes ces personnes rassemblées dans la « chambre haute » se retrouvaient à la fois pour prier ensemble et pour manifester leur volonté de témoigner, dans leurs divers milieux de vie, de leur foi en Jésus et en son Évangile. La mission de Jésus se prolongeait ainsi dans le temps.
Il est sans doute opportun de rappeler ici que cette première communauté chrétienne devait servir de norme et de modèle pour les autres communautés qui naîtraient par la suite, tant en Judée que dans celles qui prendraient racine autour de la Méditerranée. Les communautés fondées par saint Paul ont reproduit ce modèle où des hommes et des femmes se sont regroupés pour faire mémoire du Christ sauveur et vivre de son Esprit.
En cette fête de Notre-Dame du Rosaire, sachons nous réjouir de cette tradition où les croyants et croyantes sont invités à se nourrir des mystères du salut en récitant le Rosaire.
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Nous te prions, Seigneur,
de répandre ta grâce en nos cœurs ;
par le message de l’ange,
tu nous as fait connaître l’incarnation de ton Fils bien-aimé ;
conduis-nous par sa passion et par sa croix,
avec le secours de la bienheureuse Vierge Marie,
jusqu’à la gloire de la résurrection.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.