Homélie, dimanche de la 27ème semaine du Temps ordinaire

6 octobre 2024

Accueillir avec empressement et spontanéité

En ce dimanche, le frère franciscain Michel Boyer explique l’idéal d’amour de Dieu pour les couples et humains et l’idéal d’accueil des tous petits apporté par Jésus.

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Homélie

Le mariage, qu’il soit religieux ou civil, traverse une période de crise. Le Québec est d’ailleurs le champion pour le taux de divorce ou pour les conjoints de fait. Les débats au sujet de l’institution du mariage et de la sexualité abondent dans notre société. Les réponses d’hier étaient claires et catégoriques. Les préoccupations actuelles demandent réflexion et davantage de nuances. Dans un tel contexte, la Parole de Dieu a-t-elle quelque chose d’inspirant à nous communiquer ?

Dans l’évangile de ce jour, Jésus confronte les Pharisiens, des farouches adversaires, au sujet du mariage et du divorce. Les Pharisiens ne cherchent pas vraiment à voir clair. Ils tendent simplement un piège à Jésus. Va-t-il contester la Loi de Moise ? Elle s’impose à tout croyant juif. Constatons la liberté de Jésus et son audace.

La pratique juive, que l’on découvre en Deutéronome 24, permettait à l’homme de renvoyer son épouse, après lui avoir remis une lettre de répudiation. Jésus conteste cette manière de faire où la femme, elle, n’a aucun droit. C’est dans ce contexte précis que Jésus parle de l’adultère, alors que l’homme se donne le droit de prendre une autre épouse. Jésus va plus loin que la Loi de Moise. Il adopte une position plus radicale. Il fait référence au livre de la Genèse, qu’il juge essentiel. Le récit de la création qu’on y trouve n’est pas seulement un conte rempli de poésie.

Là, est exprimée l’intention du Créateur sur le couple humain. C’est une relation sacrée qui mérite tout le soin nécessaire. Jésus insiste donc sur la grandeur de l’amour, unissant l’homme et la femme. Les deux forment une seule chair. Il partage une telle intimité ! Il est donc question d’un projet d’amour qui doit se vivre dans la réciprocité, le respect.

Comme le mentionne encore le livre de la Genèse, l’homme et la femme sont appelés à un amour durable, qui défie le temps : ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. Le moins que l’on puisse dire : Dieu ne manque pas d’ambition, en tout cas de confiance en l’être humain. Jésus propose donc un idéal de vie. On le sait bien, un idéal reste un idéal. Jésus invite à marcher dans cette direction.

À notre tour d’interpeler Jésus. Entre cet idéal que tu proposes, Jésus, et les situations concrètes que vivent aujourd’hui les couples, quelle attitude adopter ? Il y a tant de couples dont l’amour n’arrive pas à maturité et qui aboutit à une rupture. Que dis-tu à tous ces blessés de l’amour qui espèrent un nouveau commencement ? Seront-ils prisonniers toute leur vie de leur échec amoureux ? Tu as déjà dit, Jésus, que la loi doit être au service de l’être humain !

À voir Jésus en son temps, on est impressionné par son attitude, faite d’accueil et de compassion envers toutes ces personnes blessées, de quelque manière par la vie. Il y a là de quoi nous inspirer dans notre aujourd’hui pour accompagner les couples qui peinent sur le chemin de l’amour.

Mais voilà qu’à l’évangile sur le mariage et le divorce, succède ce passage étonnant sur l’accueil des enfants par Jésus et son enseignement que le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Il y a ici une pointe assez évidente contre les Pharisiens : leur dureté, leur attitude légaliste, leur fermeture à la nouveauté qu’apporte Jésus. Les Pharisiens, enfermés qu’ils sont dans leurs croyances, sont handicapés dans la recherche de la vérité, autre que la leur.

Quel contraste avec les enfants, naturellement simples, sans prétention et capables de faire confiance ! Jésus a donc plus de chance à faire saisir son enseignement aux petits enfants et à ceux qui leur ressemblent, plutôt qu’aux sages et aux intelligents. Jésus demande donc d’accueillir le Royaume de Dieu avec empressement et spontanéité.

François d’Assise a compris et vécu cela. On peut évoquer celui que nous fêtons ces jours-ci, sa façon d’accueillir l’enseignement de Jésus et sa recherche du Royaume. De toute évidence, on retrouve chez lui les mêmes attitudes que Jésus demande. François, c’est l’homme qui a le cœur et les mains ouvertes pour accueillir. Il n’y a pas de prétention chez lui. C’est le pauvre de cœur qui attend tout de Dieu. Pour François, Dieu est le bien désirable plus que tout. De là s’explique son attitude radicale envers les biens matériels. Il ne veut rien s’approprier. Tout est éphémère. De là, sa décision de passer au monde des pauvres de son temps, libre de toute attitude de domination. C’est le poverello, le petit pauvre d’Assise.

Il reconnaît, dans la création qu’il a sous les yeux, le Dieu très haut mais en même temps très proche. Il le reconnaît aussi en toute personne, spécialement chez les pauvres et les blessés de la vie. Il se fait pour ainsi dire mendiant de leur amitié. François d’Assise ne rêve pas de grandeur. Il est attiré par ce qui est simple, ce qui rend proche de la vie. Les mains libres, il peut dire : Mon Dieu et mon tout ! Il nous invite à prendre le même chemin que lui, le chemin du Royaume !

Fr. Michel Boyer, O.F.M.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu as voulu que toute loi de sainteté consiste à t’aimer
et à aimer son prochain :
donne-nous de garder tes commandements,
et de parvenir ainsi à la vie éternelle.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.