Homélie, mercredi de la 26ème semaine du Temps ordinaire

2 octobre 2024

Conversation avec mon ange gardien

En ce jour où nous célébrons nos saints anges gardiens, le frère Raymond Latour, O.P., nous donne un aperçu de sa relation avec son propre ange gardien à qui cette homélie est dédiée.

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Homélie

À quand remonte votre dernière conversation avec votre ange gardien? La question fait peut-être ressurgir des souvenirs d’enfance, de ces images d’un bon ange qui étend ses ailes protectrices pour accompagner un enfant sur un pont ou près d’un ruisseau, une autre encore où l’ange veille sur le sommeil d’un tout petit enfant. Nos anges gardiens nous quittent-ils avec l’enfance envolée ?

Cher ange gardien, il me faut bien reconnaître qu’il y a longtemps que je n’ai pas causé avec toi. Pourtant, j’ai un vif souvenir de notre première conversation. Je t’avais découvert dans une leçon au petit catéchisme. J’apprenais que « Dieu en donne un à chacun de nous et c’est pour nous aider à nous préserver du mal et à être de bons chrétiens. Il nous préserve du mal, du péché, des maladies et des accidents ». À mon souvenir, jusque-là, personne ne m’avait parlé de toi. Quelle découverte ! Dieu dans sa providence nous a fait le cadeau de placer un ange à nos côtés ! Je n’ai jamais eu d’amis imaginaires, mais cette journée-là, au retour de l’école, tout au long du chemin, je te parlais, sûr de ta présence. Ce jour-là, j’étais seul. Tu étais mon compagnon de route et je pouvais tout te confier. Il n’y avait aucun danger, mais j’étais heureux de me sentir « accompagné ». Tu étais différent de mes amis d’école, tu n’étais pas non plus un adulte qui me surveille. Non, tu étais un ange protecteur, attaché à mes pas. Cela me réjouissait. Intérieurement, j’avais la conviction que tu étais relié à Dieu, que tu voulais mon bien et me garderait de tout mal. Grâce à toi, je marchais dans la confiance.

Je ne te trouvais pas étrange. Même si tu étais un ange, ce qui expliquait que ta présence m’avait échappé. Tu n’avais pas d’autre nom que celui « d’ange gardien ». Tu restais anonyme. Effacé. Discret. Tant de jours à mes côtés et je t’avais ignoré ! Pourtant tu étais de tous mes petits bonheurs et grands malheurs d’enfant ! tu prenais part à tous mes jeux, c’est toi aussi qui me consolait de mes tristesses. Tu priais avec moi. C’était toi, n’est-ce pas, qui étais avec moi quand j’allais à l’église le dimanche ? Je me doutais de quelque chose… il y avait une telle joie !

Cher ange gardien ! Et tous ces jours qui ont suivi ! Tu ne m’as jamais quitté d’une semelle même si je ne prenais plus garde à ta présence. Tu remplissais ta mission. C’est toi, je le sais maintenant, qui m’a en quelque sorte tapé sur l’épaule pour me mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et avancer au souffle de l’Esprit. Peut-être t’es-tu interposé pour me barrer les chemins périlleux ? Comment savoir tout ce que je te dois, ange gardien, commissaire de la grâce prévoyante de Dieu ?

L’Église nous offre aujourd’hui l’occasion de célébrer les anges gardiens, et pour plusieurs d’entre nous sans doute, de renouer avec eux. Il est vrai que l’Évangile associe les anges gardiens aux petits. Mais notre ange gardien ne s’est pas enfui avec l’enfance. Nous pouvons le retrouver en redevenant petits. C’est alors que nous comprendrons que les anges qui voient sans cesse la face de Dieu sont bien prêts à reprendre la conversation, et parler avec l’adulte que nous sommes devenus. Ainsi, nous assure la liturgie d’aujourd’hui, nous parviendrons sans encombre à la maison du Père.

Fr. Raymond Latour, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
dans ton admirable Providence,
tu envoies tes saints anges pour nous garder ;
accorde à ceux qui te prient
le bienfait de leur constante protection
et la joie de vivre en leur compagnie pour toujours.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.