Homélie, mercredi de la 25ème semaine du Temps ordinaire

25 septembre 2024

Un cœur disponible est la clé

Aujourd’hui, le frère Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P., nous explique que Jésus envoie ses disciples être formés et être missionnaires : pour faire de bons messagers de la Bonne Nouvelle, ils doivent apprendre la vulnérabilité et l’hospitalité.

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Homélie

L’évangéliste saint Luc nous présente aujourd’hui l’envoi en mission du groupe de Douze : un moment clé dans les Évangiles. Et cela nous dit, en plus, que Jésus a donné aux apôtres l’autorité sur tous les démons et le pouvoir d’opérer des guérisons. Ayant fait cela, il les envoya proclamer le Royaume de Dieu et guérir les malades.

Il leur a donné des instructions précises : pas de bâton, ni sac, ni pain, ni argent, pas même une tunique de rechange. Et rien non plus pour leur sécurité personnelle. On dirait aujourd’hui : c’est impossible ! Partir seulement avec la force de l’Esprit du Christ et tout le reste suivra …

Jésus ne les envoie pas comme des puissants du monde, tels des propriétaires, patrons ou chargés des lois. Il leur montre plutôt que la voie du chrétien consiste simplement à transformer le cœur. Transformer d’abord le cœur de chacun d’eux, pour qu’ils puissent ensuite aider à transformer le cœur des autres. Il faut apprendre à vivre d’une manière différente, avec une autre loi, sous une autre règle.

Il s’agit de passer de la logique de l’égoïsme, de la fermeture, de la lutte, de la division et de la supériorité à la logique de la vie, de la gratuité, de l’amour. De la logique de domination, d’écrasement et de manipulation à la logique d’accueil, de réception et de bienveillance.

Un cœur disponible est la clé. Parfois, nous mettons notre force dans d’autres moyens qui peuvent être efficaces, mais pour transformer le cœur et nous guérir, il suffit de la Parole accueillie par une oreille attentive et un cœur disposé. Dieu fournit tout le reste; aucun argent n’est nécessaire, pas de sac, ni de tunique, seulement la Parole.

Il me semble aussi qu’il y a un mot clé dans l’Évangile d’aujourd’hui, un mot clé qui pourrait passer inaperçu face à la force de ceux que nous venons d’énumérer. Mais je veux le mentionner parce que je vis en ce moment dans un pays qui n’est pas le mien, pays que j’admire pour bien des aspects mais plus spécialement parce qu’il accueille des gens du monde entier.

Vous pouvez imaginer qu’il s’agit du mot « hospitalité ». L’Évangile d’aujourd’hui nous parle également de ce sujet. Et c’est un mot central dans la spiritualité chrétienne et dans l’expérience du discipulat. Jésus, un très bon enseignant, “ le Maître ”, un si grand pédagogue, envoie ses disciples vivre l’hospitalité. Il leur dit : « Restez là où les gens vous accueillent ».

Il les envoie apprendre l’une des caractéristiques fondamentales de la communauté croyante. On pourrait dire, d’après cela, qu’un chrétien est celui qui a appris à être accueillant.

Or, le commandement de Jésus est d’« annoncer », c’est-à-dire donner des nouvelles ou un avis sur quelque chose : publier, proclamer, faire connaître. Il y a, dans ce commandement, le devoir de proclamer que le Royaume de Dieu est présent avec Jésus-Christ.

Et en tout ce que nous faisons, toutes nos forces doivent être concentrées sur la guérison de ceux qui vivent malades à cause de la discrimination, de l’égoïsme, de la souffrance et de la douleur générés par nos relations avec nos frères. Nous sommes conviés à expulser les maux de la société loin du monde de la fraternité.

Le Pape Paul VI nous a dit que l’évangélisation constitue la vocation propre de l’Église, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser, c’est-à-dire pour prêcher et enseigner, pour être un canal pour le don de la grâce, pour réconcilier les pécheurs avec Dieu, pour perpétuer le sacrifice du Christ dans l’Eucharistie.

Peut-être que l’Église a perdu sa crédibilité mais elle ne peut pas se perdre dans une attitude défensive, oubliant les critères fondamentaux de notre œuvre missionnaire.

En effet, le Pape François nous parle aujourd’hui d’aller aux périphéries, de développer une culture du dialogue avec ceux qui souffrent le plus et d’offrir une parole de consolation et de miséricorde à ceux qui manquent de ressources et vivent dans des situations de douleur. Après le prochain synode des évêques en octobre 2024, nous devrions avoir les conclusions de la grande démarche synodale dans l’Église qui nous aideront à mieux répondre à notre mission d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ au monde entier.

Prions pour l’Église et son œuvre dans les périphéries de ce monde, afin qu’elle trouve des paroles de réconfort et de guérison pour un monde souffrant et qu’elle considère sa vocation originelle pour que le dialogue avec la société soit toujours présent.

Fr. Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
toi qui unis les cœurs des fidèles dans une seule volonté :
donne à ton peuple d’aimer ce que tu commandes
et de désirer ce que tu promets,
pour qu’au milieu des changements de ce monde,
nos cœurs s’établissent fermement
là où se trouvent les vraies joies.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.