23 septembre 2024
Une Bonne Nouvelle étouffée
Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous exprime sa tristesse devant les répercussions de l’étouffement politique du christianisme et de la Bonne Nouvelle.
LIVRE DES PROVERBES (3, 27-34)
Mon fils, ne refuse pas un bienfait à qui tu le dois, quand ce geste est à ta portée. Ne dis pas à ton prochain : « Va-t’en, tu reviendras, je donnerai demain ! », alors que tu as de quoi. Ne travaille pas au malheur de ton prochain, alors qu’il vit sans méfiance auprès de toi. Ne cherche pas de vaine querelle à qui ne t’a pas fait de mal. N’envie pas l’homme violent, n’adopte pas ses procédés.
Car le Seigneur a horreur des gens tortueux ; il ne s’attache qu’aux hommes droits. Malédiction du Seigneur sur la maison du méchant, bénédiction sur la demeure des justes. Il se moque des moqueurs, aux humbles il accorde sa grâce..
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (8, 16-18)
En ce temps-là, Jésus disait aux foules : « Personne, après avoir allumé une lampe, ne la couvre d’un vase ou ne la met sous le lit ; on la met sur le lampadaire pour que ceux qui entrent voient la lumière. Car rien n’est caché qui ne doive paraître au grand jour ; rien n’est secret qui ne doive être connu et venir au grand jour.
Faites attention à la manière dont vous écoutez. Car à celui qui a, on donnera ; et à celui qui n’a pas, même ce qu’il croit avoir sera enlevé. »
Homélie
Pour bien des commentateurs bibliques, la parabole de la lampe allumée doit être lue en lien avec la parabole du semeur qui la précède. Pourquoi ? Parce que le semeur sème, d’un point de vue rationnel, avec une générosité excessive. En effet, il sème là où le grain n’a pas vraiment de chance de prendre racine. Il prend ainsi le risque de perdre une part de sa semence en la projetant sur la pierraille du bord du chemin et dans les épines. Aux yeux d’un semeur qui veut tirer pleinement profit du grain dont il dispose, c’est là un comportement inacceptable. C’est du gaspillage. Tout semeur sérieux devrait ensemencer la bonne terre seulement. Mais, pour Jésus, avec la Bonne Nouvelle, c’est l’excès qui est à privilégier, c’est la générosité débordante qui est à promouvoir. La Bonne Nouvelle doit être proposée partout et même à des gens qui ne veulent rien entendre.
Que vient ajouter, à cette parabole du semeur, celle de la lampe allumée ? Avec cette parabole, Jésus laisse clairement entendre que la lampe de la Parole de Dieu doit pouvoir éclairer la route du plus grand nombre possible de personnes. Cette lumière doit pouvoir guider tous les gens qui désirent parvenir à l’accomplissement auquel Dieu les destine. Jésus ne dit-il pas : « Rien n’est secret qui ne doive être connu et venir au grand jour » ? Jésus désire que la connaissance des mystères du Royaume soit accordée à tous. En accueillant ces mystères, les croyants et croyantes pourront parvenir à la vie en plénitude.
Cette vision du salut de l’être humain, nous le savons, est au cœur du projet d’évangélisation de l’Église. Les communautés chrétiennes, au cours des dernières décennies, ont été régulièrement invitées à proposer le Christ et son Évangile partout où elles étaient présentes. Autrement dit, elles étaient invitées à semer généreusement et à placer sur un lampadaire, par le biais de leurs témoignages de vie et leurs engagements, la lumière de la Bonne Nouvelle. Sauf que les résistances rencontrées dans beaucoup de pays ont été fortes et même violentes. Dans des pays totalitaires, l’athéisme a été imposé de force aux citoyens et citoyennes. La référence à Dieu a été rejetée et combattue. Comme exemples, nous pouvons retenir les projets sociopolitiques qui se sont élaborés à partir de l’analyse de Karl Marx. Pensons ici à l’émergence de l’URSS, à partir de 1922, avec Lénine et Staline. Pensons à l’émergence de la Chine communiste, à partir de la victoire de Mao Tsé-Tong, en 1949. Et dire que ces régimes totalitaires, avec une vision matérialiste du sens à donner à la vie, se sont multipliés au cours du XXe siècle dans le monde asiatique en particulier. Pour les chrétiens et chrétiennes présents dans ces pays, la possibilité d’évangéliser a été largement étouffée. La répression politique se manifestait dès que les chrétiens se voulaient un peu visibles socialement. C’est toujours le cas aujourd’hui.
Il est évident que les chrétiens et chrétiennes ne peuvent pas, aujourd’hui, dans plusieurs pays du monde, librement proposer Jésus Christ. Leur volonté de mettre la lampe de l’Évangile sur la table publique est bloquée. Une réponse possible à l’étouffement auquel leur projet est soumis, c’est d’identifier les failles des systèmes politiques et de chercher à faire passer au moins quelques rayons de la lumière évangélique.
Confrontées à une telle situation, les communautés chrétiennes du monde sont invitées à compter fondamentalement sur le Seigneur. Lui, il peut mystérieusement faire la lumière dans les cœurs.
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Dieu éternel et tout-puissant,
par une grâce particulière tu as donné au prêtre saint Pio
de participer à la croix de ton Fils,
et, dans son ministère,
tu as renouvelé les merveilles de ta miséricorde ;
par son intercession, nous te prions :
à nous qui sommes associés aux souffrances du Christ,
accorde la joie de parvenir à la gloire de sa résurrection.
Lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.