Homélie, vendredi de la 23ème semaine du Temps ordinaire

13 septembre 2024

Un œil pour le bien

Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., nous explique comment entretenir un œil qui ne se détourne pas de la vérité et qui regarde le monde et son prochain avec amour.

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Homélie

Dans la parabole de l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous invite à réfléchir sur la qualité de notre regard. Il le fait sous le mode de questions : « Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? » … « Qu’as-tu à regarder la paille dans l’œil de ton frère ? »

Si l’on porte attention aux qualificatifs que nous lions à l’œil, au regard, on découvre qu’ils peuvent exprimer une dimension positive ou bien négative. On parlera tantôt d’un regard attentif, juste, tendre… tantôt d’un regard sournois, fourbe, méchant. Le regard révèle les sentiments du cœur. L’œil est la fenêtre de l’âme. Un proverbe rwandais dit : « Entre l’œil qui te souhaite la foudre et celui qui te souhaite une fiancée, ne te trompe pas ». Ou bien cet autre : « L’œil d’un ami te pleure même s’il est crevé ». La paille comme la poutre sont des obstacles qui nous empêchent de voir clair, de faire un bon discernement entre le vrai et le faux, entre le bien et le mal. D’où l’importance de soigner notre regard, de l’éduquer, pour qu’il soit au service de la vérité, de la beauté et de la bonté. Si je veux guider les autres sur le chemin de la suite de Jésus, je dois être attentif à soigner ma propre cécité en commençant par enlever la poutre de mon œil.

À partir de l’exemple même de Jésus, dans ses paroles et dans toute sa vie, j’aimerais relever trois qualités importantes du regard : un regard qui est attentif, un regard qui cherche à comprendre, un regard empreint de tendresse.

L’attention s’oppose à la distraction. Un regard attentif sait voir ce qui se passe autour de soi. Il est capable de voir du neuf dans des personnes croisées chaque jour, dans des environnements familiers. Il sait apprécier la beauté d’un soleil couchant ou d’un sourire d’enfant. Rappelons-nous ce reproche de Jésus : « ils ont des yeux et ne voient pas ». La louange et l’action de grâces ne naissent-elles pas d’un regard admiratif ?

L’œil attentif cherche à comprendre, à interpréter ce qu’il voit. Il faut apprendre à lire, à interpréter les signes. Cela est vrai dans la vie de tous les jours. Les nuages du ciel peuvent annoncer la pluie ou le beau temps. Les guérisons de Jésus sont des signes de l’amour tout-puissant de Dieu. Ici encore, Jésus nous met en garde, quand il dit « ils regardent sans regarder ». Ou bien : « Heureux les yeux parce qu’ils voient ce que beaucoup de prophètes ont désiré voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu ». Au-delà des événements quotidiens, qu’est-ce que Dieu veut nous faire voir ?

Notre œil, notre regard doit avoir une autre qualité que celle de l’attention et de la compréhension. Il doit être empreint de tendresse et de bonté. On parlera alors des yeux du cœur. N’oublions pas que les larmes qui coulent de nos yeux émanent des sentiments profonds de notre cœur ! Ici encore, Jésus nous montre le chemin. Quand il croise un malade, un sourd-muet, un pécheur, Jésus le voit et prend pitié de lui. Savons-nous regarder les autres avec les yeux du cœur ?

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu, force de ceux qui espèrent en toi,
tu as rendu illustre le bienheureux évêque Jean Chrysostome
par une merveilleuse éloquence
et par les épreuves qu’il a endurées ;
accorde-nous la grâce de suivre ses enseignements
pour avoir la force d’imiter sa patience inébranlable.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.