Homélie, dimanche de la 23ème semaine du Temps ordinaire

Ouvre-toi, c’est la rentrée ! Oui, ouvre-toi, toi, étudiante, toi, étudiant ! Ouvre-toi à tout ce que tu découvriras par tes cours, par tes lectures, par tes expériences, par tes échanges ! Ouvre-toi si tu veux t’enrichir, si tu veux mieux comprendre notre monde, si tu veux réaliser ton rêve qui t’a amené à t’engager dans la vie universitaire.

Ouvre-toi, c’est la rentrée ! Oui, ouvre-toi à toutes ces personnes que tu rencontreras. Étudiants, étudiantes provenant de différents pays, riches de cultures différentes de la tienne. Que ces rencontres deviennent chemins de croissance mutuelle !

Ouvre-toi, c’est la rentrée ! Oui, ouvre-toi au Christ lui-même. Non seulement il ouvre les oreilles et délie les langues, mais il dessille les yeux, il ouvre les mains fermées et change le cœur de pierre en cœur de chair en vue des cieux nouveaux et de la terre nouvelle qu’il inaugure. Comme le dit le prophète Isaïe : « Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles de sourds. L’eau jaillira dans le désert. La région de la soif en eaux jaillissantes ». Ouvre-toi au Christ. Tout peut changer. Tu découvriras un Dieu Père qui t’aime de toute éternité. Tu rencontreras un frère à tes côtés pour te conduire à la vie et à la joie véritables. Tu éprouveras la présence d’un Esprit d’amour et de liberté. Tu réaliseras que les êtres humains que tu côtoies ne sont pas des étrangers, mais tes frères et tes sœurs. Ta vie sera chamboulée, car tu seras habité par la source de tout amour ! Tu pourras t’engager à aimer, car l’amour, avec le Christ Jésus, a le dernier mot sur tout mal, sur toute épreuve et même la mort ! Oui, ouvre-toi au Christ ! Si dans l’Évangile de ce jour, il touche la langue du sourd et muet avec sa salive, sur la croix il donnera sa vie pour que nous soyons touchés et transformés par son Esprit de paix, de joie et de miséricorde !

Ouvre-toi, c’est la rentrée ! Ouvre-toi à cette communauté que nous formons autour de la table eucharistique ! Lieu de joie, de partage, de communion, de croissance dans la foi et de charité.

Cher frère Peace-Michael, ouvre-toi, c’est la rentrée, c’est le début officiel de ton ministère auprès de cette communauté. J’aurais bien aimé poursuivre mon engagement, mais comme dit le livre de Qohélet, « il y a un moment pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel ». J’en profite pour vous remercier tous et toutes et, en particulier, l’équipe d’animation dont notre directeur bien-aimé, Gustavo ! Je regarde maintenant vers l’avenir et c’est avec joie que je te passe le relais, car je te connais depuis longtemps. Vers la fin de mon premier mandat de prieur provincial, je t’ai rencontré à Bujumbura au Burundi au début de ta formation dominicaine. Au fil des ans, tu as fait profession dans mes mains. J’en garde un souvenir indélébile. Je sais aussi que ta vocation est solide et ton engagement à servir le Christ à la manière de Dominique profond. C’est donc avec fierté que je te vois, ce soir, me succéder et devenir l’accompagnateur spirituel du CéDum.

Je ne peux que t’encourager à suivre le Christ de l’évangile de ce dimanche. Jésus est en territoire étranger, comme toi. Voici qu’on lui emmène « un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler ». Qui est ce ‘on’ ? L’évangile parle de gens. Si ton rôle dans la communauté est important, il y a tous ces gens qui, d’une manière ou d’une autre, conduisent les personnes au Christ ! Il y a cette communauté du CéDum qui, par ce qu’elle est, témoigne de celui qui en est le cœur et qui la fait vivre. Et toi, Peace-Michael, accueille ces personnes comme le Christ.

Que fait Jésus ? Il commence par l’emmener à l’écart. Il le prend en charge. Il ne s’agit pas que d’une personne handicapée, encore moins d’un numéro. Il n’est pas un problème, mais une personne dont Jésus veut se faire proche à l’abri des regards indiscrets.

Les ‘gens’ lui demandent de lui imposer les mains pour le guérir. Jésus ne lui impose pas les mains. Il s’engage beaucoup plus : il met ses doigts dans ses oreilles, et, avec sa salive, lui touche la langue. Certes, l’imposition de la main pour la guérison aurait été suffisante, d’ailleurs, nous avons déjà vu Jésus guérir à distance. C’est comme si, par ces gestes, Jésus s’engageait personnellement. Il voulait se faire proche et donner quelque chose de lui-même.

Avant de prononcer la parole de guérison, Jésus lève les yeux au ciel et soupire. Jésus se sait l’envoyé du Père, il lui présente cet homme auquel, dans sa compassion, il s’est uni. Après avoir créé la communication avec l’autre, Jésus l’établit maintenant avec le ciel, figure spatiale de Dieu. Les deux relations se croisent : celle de Jésus avec cette personne handicapée et celle avec Dieu, son Père, comme les deux côtés d’un triangle. Dieu, comme l’hypoténuse, peut intervenir par la parole qui guérit : EFFATA ! Ouvre-toi ! Il semblerait qu’il faille plutôt traduire par la forme passive ‘sois ouvert’. Sois ouvert à la vie, sois ouvert à la vie de Dieu, sois ouvert à la vie humaine ! Que tes oreilles entendent et ta langue déliée.

Comme Jésus, présente au Père la communauté que tu serviras. Que ta parole soit enracinée dans la Parole du Dieu qui est vie, miséricorde et amour. Une parole qui redresse l’être humain et le met en route vers le bonheur et l’édification d’une société plus humaine et fraternelle.

Qu’avec toi, toute la communauté célèbre les merveilles du Seigneur, lui qui ‘fait entendre les sourds et parler les muets’. Que les langues soient déliées non seulement pour chanter les louanges du Seigneur, mais pour lui rendre témoignage, lui qui appelle toute l’humanité, sans exception, à l’ouverture à son amour et à l’amour fraternel.

Cher Peace-Michael, je sais que tes premiers pas au CéDum t’ont grandement motivé. Tu as la piqûre, comme on dit ici. Que cela continue ! Sois heureux dans ce beau et grand ministère ! Sois assuré de mon amitié et de mon soutien à titre personnel et comme prieur de ce couvent.

Fr. André Descôteaux, O.P.

PRIÈRE

Seigneur notre Dieu,
tu connais nos difficultés à entendre ta Parole
et nos craintes de parler de toi.
Pourtant, tu persistes à nous faire confiance,
toi le Dieu de fidélité.
Ouvre nos oreilles, ouvre notre bouche,
ouvre nos mains.
Viens nous guérir, toi le Dieu vivant.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.