23 août 2024
L'amour au centre de toute vie
Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous explique comment Jésus a su synthétiser la Loi juive en deux commandements et ainsi mettre le doigt sur l’essentiel de la relation de l’être humain à lui-même, aux autres et à Dieu.
LIVRE DU PROPHÈTE ÉZÉKIEL (37, 1-14)
En ces jours-là, la main du Seigneur se posa sur moi, par son esprit il m’emporta et me déposa au milieu d’une vallée ; elle était pleine d’ossements. Il me fit circuler parmi eux ; le sol de la vallée en était couvert, et ils étaient tout à fait desséchés.
Alors le Seigneur me dit : « Fils d’homme, ces ossements peuvent-ils revivre ? » Je lui répondis : « Seigneur Dieu, c’est toi qui le sais ! » Il me dit alors : « Prophétise sur ces ossements. Tu leur diras : Ossements desséchés, écoutez la parole du Seigneur : Ainsi parle le Seigneur Dieu à ces ossements : Je vais faire entrer en vous l’esprit, et vous vivrez. Je vais mettre sur vous des nerfs, vous couvrir de chair, et vous revêtir de peau ; je vous donnerai l’esprit, et vous vivrez. Alors vous saurez que Je suis le Seigneur. » Je prophétisai, comme j’en avais reçu l’ordre.
Pendant que je prophétisais, il y eut un bruit, puis une violente secousse, et les ossements se rapprochèrent les uns des autres. Je vis qu’ils se couvraient de nerfs, la chair repoussait, la peau les recouvrait, mais il n’y avait pas d’esprit en eux. Le Seigneur me dit alors : « Adresse une prophétie à l’esprit, prophétise, fils d’homme. Dis à l’esprit : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Viens des quatre vents, esprit ! Souffle sur ces morts, et qu’ils vivent ! »
Je prophétisai, comme il m’en avait donné l’ordre, et l’esprit entra en eux ; ils revinrent à la vie, et ils se dressèrent sur leurs pieds : c’était une armée immense !
Puis le Seigneur me dit : « Fils d’homme, ces ossements, c’est toute la maison d’Israël. Car ils disent : “Nos ossements sont desséchés, notre espérance est détruite, nous sommes perdus !” C’est pourquoi, prophétise. Tu leur diras : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël. Vous saurez que Je suis le Seigneur, quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter, ô mon peuple ! Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ; je vous donnerai le repos sur votre terre. Alors vous saurez que Je suis le Seigneur : j’ai parlé et je le ferai – oracle du Seigneur. »
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (22, 34-40)
En ce temps-là, les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? »
Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. »
Homélie
Le passage de l’Évangile d’aujourd’hui est sans doute très connu de tous. Il est essentiel dans le message chrétien, car il en est la règle de vie principale. Au fil des âges, ces paroles de Jésus sont devenues une inspiration pour une multitude d’hommes et de femmes. « Aimer Dieu et son prochain comme soi-même » : tout un défi, car pour y arriver, il faut commencer par s’aimer soi-même !
Évidemment qu’il faut commencer par soi-même ! C’est en partant de notre propre expérience que nous découvrons le monde qui nous entoure, sa beauté et ses soucis, et cet amour pour nous-même, nous le construisons sur la conviction d’être aimés inconditionnellement, généralement d’abord par nos parents. C’est la prise de conscience de notre réalité qui nous apprend la présence de Dieu auprès de nous et qui nous aide à la découvrir dans les autres. Il est ensuite nécessaire de connaître l’amour inconditionnel que Dieu a pour nous, de le ressentir et d’en avoir la certitude. Seulement après avoir intégré cet amour pourrons-nous regarder vers les autres et conclure que nous aimons Dieu, car nous aimons les autres. Comme dirait saint Jean : « celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » (1 Jn 4, 20)
Parfois, il peut nous arriver de nous aimer assez mal ou pas assez. Cependant, ce n’est pas grâce à nos propres forces ou nos mérites que nous réussirons à aimer Dieu, à nous aimer nous-mêmes et par conséquent aimer notre prochain. Saint Paul dirait que « l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5), ce même Esprit dont le prophète Ézékiel nous parle dans la première lecture. Donc, c’est cet Esprit d’amour qui habite nos cœurs qui nous permettra d’aimer vraiment les autres. Il faut se confier à la grâce divine qui est en nous. Saint Augustin l’a bien compris en disant : « Aime et fais ce que tu veux. Si tu te tais, tu te tais par amour ; si tu cries, tu cries par amour ; si tu corriges, tu corriges par amour ; si tu épargnes, tu épargnes par amour. Qu’au-dedans se trouve la racine de la charité. De cette racine rien ne peut sortir que de bon ».
Pour finir, j’aimerais souligner le côté pratique de l’enseignement de Jésus. D’abord, face au piège du docteur de la Loi, Jésus résume la Loi entière et les prophètes en ces deux commandements. Il ne faut pas oublier qu’il existait plus de 600 ordonnances dans la loi de l’Ancien Testament ; et Jésus a su synthétiser la relation inaliénable et prioritaire de l’amour à Dieu, à son prochain et à soi-même. Il a fait de l’amour le centre de toute vie, amour qui se traduit en amitié et en espérance pour l’autre, en assistance et en responsabilité envers ceux et celles dans le besoin, en prière et en réflexion face aux circonstances qui nous dépassent, en tolérance et en respect malgré nos différences, en justice et en défense contre toute sorte de violence. L’amour que Jésus nous invite à mettre en pratique doit naître du fond du cœur de chaque personne, elle ne s’impose pas de l’extérieur ; il s’agit de partager avec les autres ce que Dieu est et fait dans ma vie comme disciple. La réponse de Jésus m’interpelle plus fortement à chaque fois, car effectivement, le projet du Règne de Dieu instauré par le Christ est une invitation ouverte à tous, une invitation à aimer davantage là où on a de la misère, principalement envers nous-même. En effet, malgré nos faiblesses, son amour est toujours là pour nous, car « éternel est son amour » !
Gustavo Adolfo Garay Ortega
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu as inspiré à sainte Rose de Lima,
brûlant de ton amour,
de quitter le monde pour s’attacher à toi seul
dans une austère pénitence ;
accorde-nous, à son intercession,
de choisir sur la terre le chemin de la vie,
pour goûter au ciel des joies inépuisables.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.