Homélie, mercredi de la 20ème semaine du Temps ordinaire

21 août 2024

La justice de l'Amour

Aujourd’hui, Jeanne Lebel, adjointe à la direction du CéDum, nous offre une interprétation de l’évangile du jour qui nous rappelle que la justice de Dieu n’est pas toujours celle à laquelle on s’attend.

la-justice-de-l-amour

Commentaire

La parabole du vigneron généreux est un parfait exemple de cette affirmation de Dieu : « Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins. » (Is 55, 8) Elle démontre très simplement en quoi la logique et la justice de Dieu diffèrent de celles des êtres humains.

J’ai croisé mainte fois dans ma vie des personnes qui se souciaient énormément de ce qui plaît à Dieu et de ce qui permet de mériter ses faveurs et le paradis promis à ceux qui le suivent. Ces gens se retrouvent souvent à mépriser ceux qui ne respectent pas la même notion de bien ou d’amour qu’eux ou, au contraire, à se faire un sang d’encre pour toutes les âmes qui seraient un jour perdues.

Beaucoup de chrétiens restent encore prisonniers de cette notion de mérite mesurable, quantifiable, notion qui fait que l’amour que Dieu nous porte et l’aide qu’Il peut nous apporter se retrouvent prisonniers du degré de souillure ou de pureté qui régit nos vies humaines.

Pourtant, de nombreux exemples bibliques nous permettent de penser tout autrement. Moïse, Jonas et Paul, entre autres, sont des exemples de personnes ayant fait d’importantes erreurs morales avant que Dieu Lui-même ne vienne les prendre et leur confier une mission. Toutes les personnes possédées ou malades que Jésus a délivrées attestent également de la gratuité de l’Amour divin et du désir du Seigneur d’avoir une relation épanouissante avec tous ses enfants.

On peut considérer l’évangile du jour comme étant dans la même veine que ces exemples, mais adressant justement cette notion de « mérite quantifiable ». Quoi de mieux qu’un salaire, des chiffres, pour le représenter ? Les ouvriers rencontrent leur futur employeur avec cette même notion en tête que « tout travail mérite salaire ». Ne nous trompons pas : cette notion est bonne ! Elle permet aux humains de vivre avec un certain niveau d’équité et d’ordre pour ainsi orchestrer une justice à la mesure de leurs capacités. Cependant, leur employeur n’est pas un maître de vigne ordinaire ; il représente la justice de Dieu, celle qui va au-delà de l’équité humaine. Et le salaire que reçoivent ses employés ne représente pas réellement ce qu’ils méritent, mais ce dont ils ont besoin. Ainsi, l’employé de la dernière heure ne reçoit pas le salaire équivalent à l’effort de son travail, mais équivalent à ce dont il a besoin pour vivre, tout comme l’ouvrier de la première heure finalement.

Pourquoi le vigneron généreux se priverait-il de donner plus à ses employés ? Après tout, on parle ici de l’amour de Dieu, de l’Amour Lui-même, d’une source infinie et intarissable qui ne sait que couler et se donner ! Pourquoi, en tant que chrétiens, chercherions-nous à garder jalousement cette source alors qu’il nous suffit de nous pencher pour y boire ?

Il est vrai que le monde souffre, car il ne sait pas à quel point il est aimé. Alors, cessons de compter les mérites d’un monde déjà assoiffé, croulant déjà sous les conséquences de ses manquements et de la perversion de ses leaders. La première lecture du jour nous dit : « Mon troupeau s’égare sur toutes les montagnes et toutes les collines élevées ; mes brebis sont dispersées dans tout le pays, personne ne les cherche, personne ne part à leur recherche. » Montrons plutôt à notre monde que nous sommes les émissaires de ce qui le rassasiera. Sachons rencontrer notre prochain là où il est et être à l’écoute de ce dont il a besoin. Ainsi seulement nous saurons comment lui transmettre l’Amour.

Jeanne Lebel

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
pour veiller sur la foi catholique
et récapituler toutes choses dans le Christ,
tu as comblé le pape saint Pie X de sagesse divine
et de courage apostolique ;par son intercession,
accorde-nous de suivre ses instructions et ses exemples,
pour obtenir l’éternelle récompense.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.