19 août 2024
Répondre « oui » avec confiance
Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous présente saint Jean Eudes qui a su faire confiance à Jésus et a répondu à son appel portant ainsi les fruits de la ré-évangélisation dans sa région natale et dans le monde.

LIVRE DU PROPHÈTE ÉZÉKIEL (24, 15-24)
La parole du Seigneur me fut adressée : « Fils d’homme, je vais te prendre subitement la joie de tes yeux. Tu ne feras pas de lamentation, tu ne pleureras pas, tu ne laisseras pas couler tes larmes. Soupire en silence, ne prends pas le deuil ; enroule ton turban sur ta tête, chausse tes sandales, ne voile pas tes lèvres, ne prends pas le repas funéraire. » Le matin, je parlais encore au peuple, et le soir ma femme mourut. Le lendemain matin, je fis ce qui m’avait été ordonné. Les gens me dirent : « Vas-tu nous expliquer ce que tu fais là ? Qu’est-ce que cela veut dire pour nous ? »
Je leur répondis : « La parole du Seigneur m’a été adressée : Dis à la maison d’Israël : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais profaner mon sanctuaire, votre orgueil et votre force, la joie de vos yeux, la passion de votre cœur. Vos fils et vos filles, que vous avez laissés à Jérusalem, tomberont par l’épée. Vous ferez alors comme je viens de faire : vous ne voilerez pas vos lèvres, vous ne prendrez pas le repas funéraire, vous mettrez vos turbans, et vous chausserez vos sandales. Vous ne ferez pas de lamentation, vous ne pleurerez pas. Mais vous pourrirez dans vos péchés, et vous gémirez tous ensemble. Ézékiel sera pour vous un signe : tout ce qu’il a fait, vous le ferez. Et quand cela arrivera, vous saurez que Je suis le Seigneur Dieu. »
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (19, 16-22)
En ce temps-là, voici que quelqu’un s’approcha de Jésus et lui dit : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? » Jésus lui dit : « Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ? Celui qui est bon, c’est Dieu, et lui seul ! Si tu veux entrer dans la vie, observe les commandements. » Il lui dit : « Lesquels ? » Jésus reprit : « Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage. Honore ton père et ta mère. Et aussi : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Le jeune homme lui dit : « Tout cela, je l’ai observé : que me manque-t-il encore ? » Jésus lui répondit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. »
À ces mots, le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
Homélie
Le récit de la rencontre de Jésus avec le jeune homme riche est régulièrement retenu dans le cadre des rassemblements faisant la promotion des vocations religieuses et sacerdotales. Et à l’occasion des célébrations liturgiques visant de grandes figures chrétiennes, il est utilisé pour illustrer comment ces dernières ont répondu par un « oui radical » à l’invitation de Jésus à le suivre.
Le jeune homme riche, notons-le, ne ressemble en rien aux scribes ou aux pharisiens. Lui, il ne vient pas contester Jésus et son enseignement. Il n’est pas non plus à placer dans la catégorie des personnes qui demandent à Jésus de les guérir. Et, de toute évidence, il n’appartient pas du tout à la classe des « pécheurs publics ». De fait, ce jeune homme était déjà, quand il a rencontré Jésus, un juif très respectueux de la Loi de Moïse. Il a pu dire à Jésus : « Tout cela (c’est-à-dire les commandements de Dieu), je l’ai observé ». Et en ajoutant « Que me manque-t-il encore ? », il a manifesté qu’il tenait à aller plus loin dans sa démarche spirituelle. Nous devinons qu’il était habité par le désir d’une intimité plus grande avec Dieu. Peut-être rêvait-il à une intimité spirituelle semblable à celle que les prophètes avaient décrite dans leurs récits de rencontre avec Dieu ? Sa soif de dépassement d’une vie moralement droite était manifeste.
Mais sa réaction finale a déçu. N’avait-il pas, à première vue, toutes les dispositions intérieures le rendant capable d’être un vrai disciple de Jésus ? La demande de Jésus de se départir de ses richesses pour le suivre l’a mené à abandonner son projet. Malgré sa grande qualité morale, il s’est senti incapable de faire le pas du don total de soi. Il a retenu ce qui était le plus sécuritaire pour lui : sa fortune et son statut social élevé. En agissant ainsi, il a révélé son manque de confiance en Jésus.
Dans l’histoire de l’Église, on rencontre bien des hommes et des femmes qui ont pris le risque de dire un vrai « oui » à l’appel du Christ Jésus. Saint Jean Eudes dont nous célébrons la fête liturgique aujourd’hui est de ceux-là. Reconnu comme un passionné du Christ, il a été frappé, au XVIIe siècle, par la misère spirituelle et matérielle des gens des campagnes, ceux de sa Normandie natale en particulier. Il a senti un appel pressant à rallumer la foi de ces gens. Jeune prêtre appartenant à la congrégation des Oratoriens, il décida d’organiser, à partir de 1627, des retraites paroissiales prolongées. Elles duraient habituellement six semaines. Et elles portaient des fruits. Puis il a senti le besoin de mieux organiser cette entreprise de ré-évangélisation. Avec sept autres prêtres, il fonde, en 1643, la congrégation de Jésus et de Marie. Ce groupe vise non seulement à promouvoir, pastoralement parlant, le modèle des retraites paroissiales prolongées, mais aussi à mettre en place une nouvelle congrégation qui se chargera de former des prêtres aptes à assurer ce ministère de ré-évangélisation.
Saint Jean Eudes a répondu pleinement à l’appel de Jésus, il a accepté d’entrer dans la dynamique d’amour de Dieu. D’où son rayonnement évangélique remarquable.
Que l’Eucharistie que nous allons célébrer nourrisse notre espérance en regard de l’avenir de l’Évangile dans nos milieux !
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu as promis d’habiter les cœurs droits et sincères ;
donne-nous, par ta grâce,
de vivre de telle manière
que tu puisses faire en nous ta demeure.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.