Homélie, samedi la 19ème semaine du Temps ordinaire

17 août 2024

Confiance d'enfant, foi d'adulte

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous rappelle que, bien que notre confiance envers Jésus se doive d’imiter celle d’un enfant envers ses parents, la foi chrétienne est loin d’être un jeu d’enfant.

Homélie

Les exigences pour s’engager à la suite de Jésus sont nombreuses. L’une d’elles, c’est d’adopter, comme chrétien, l’attitude de base d’un enfant (cf. évangile du jour) : celle de faire confiance au Christ Jésus comme sait le faire l’enfant à l’endroit de ses parents. Exigence souvent difficile pour un baptisé adulte, mais ce n’est pas la seule qu’il doit respecter. Le projet de suivre Jésus, pour prendre de la consistance, doit assumer d’autres conditions.

Il importe d’abord de se rappeler qu’on ne s’engage pas à se mettre à la suite de Jésus pour de courtes périodes seulement, selon l’état de son humeur passagère, mais bien pour la vie. Suivre Jésus, c’est une longue aventure. Cette aventure, l’enfant ne peut pas l’imaginer. Il n’a pas les capacités de se représenter ce que peut exiger le projet d’une vie chrétienne à vivre dans un contexte de répression, par exemple. Tandis que l’adulte, lui, doit faire des choix lucides à partir de l’analyse de son milieu et de la place qu’il y occupe. Il lui est demandé, bien sûr, de faire pleinement confiance au Christ Jésus, de compter sur son soutien et sa miséricorde. Mais, en plus, il se doit d’être réaliste, il doit savoir évaluer ses forces et ses faiblesses de même que celles de sa communauté.

À ce propos, il est intéressant de prendre en compte ici deux petites paraboles de Jésus. D’abord celle du propriétaire qui veut bâtir une tour et qui est invité à s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout (cf. Lc 14, 28-30). Ensuite celle du roi qui pense partir en guerre contre son voisin : lui aussi est invité à s’asseoir pour considérer s’il a les ressources militaires nécessaires pour remporter la victoire ou s’il doit opter pour une négociation de la paix (cf. Lc 14, 31-32).

Rappelons qu’à l’époque des premières générations chrétiennes, tout futur disciple devait se demander s’il avait la force de résister aux pressions liées à la solidarité familiale. Il devait par exemple se demander s’il pourrait accepter d’être rejeté par des membres de sa famille. En plus, il avait à tenir compte de la persécution plus ou moins ouverte que son choix entraînerait au sein de son milieu de vie. Car se faire chrétien, c’était accepter de vivre une marginalisation sociale. C’était là une épreuve réelle et un risque à prendre au nom de sa foi. Le chrétien ne pouvait pas se cacher qu’au-delà de la marginalisation, il pourrait aussi être confronté à l’expérience d’une persécution explicite, et même à la condamnation à mort. Conjoncture qui demandait une foi éclairée et une réelle consistance intérieure.

Aujourd’hui, dans les sociétés modernes, sociétés dites religieusement tolérantes, nous savons pourtant que l’engagement à suivre Jésus ne peut pas reposer sur un moment d’enthousiasme passager. À cause des particularités de la culture dominante, s’affirmer comme catholique et faire des choix qui reflètent l’Évangile constituent un défi de taille. Relever ce défi, c’est savoir résister à une vision purement matérialiste du monde, savoir résister à un individualisme qui bannit la solidarité sociale, savoir résister au mépris souvent manifesté à l’endroit des réfugiés et des étrangers. Ceci pour dire que la vie évangélique requiert de longs et patients investissements, qu’elle exige de la réflexion et de la lucidité, et ce, tout au long de la vie. Si cette condition n’est pas respectée, le projet d’une vie chrétienne s’étiole dans la médiocrité. Retenons en plus que la réalisation d’un tel projet doit s’appuyer sur une forte motivation spirituelle. Motivation qui a pour fondement une confiance indéfectible dans le Christ Jésus. Et c’est là que nous sommes toujours invités à adopter l’attitude fondamentale de l’enfant : la confiance, et dans notre cas, la confiance au Christ Jésus.

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
dans ta bienveillance, dirige nos actions,
afin qu’au nom de ton Fils bien-aimé,
nous portions des fruits en abondance.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.