Homélie, jeudi de la 8ème semaine du Temps ordinaire

30 mai 2024

Le désir de se mettre en chemin !

Pour cette dernière publication des homélies avant l’été, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous invite à prendre exemple sur l’aveugle Bartimée qui bondi vers Jésus pour obtenir ce qu’il désire ainsi que sur ceux et celles qui l’ont encouragé et aidé à changer de vie pour le meilleurs.

le-desir-de-se-mettre-en-chemin

Commentaire

Depuis lundi, nous avons commencé la lecture du chapitre 10 de l’évangile de Marc, où Jésus explique aux disciples ce que signifie être à sa suite et la façon d’assumer correctement leur rôle dans le projet du Règne de Dieu. Aujourd’hui, les disciples — et nous aussi, avec eux — sont confrontés à la réalité concrète d’être des personnes au service de l’Évangile.

Jésus continue sa montée vers Jérusalem. Lorsqu’il arrive à Jéricho, il fait la rencontre de Bartimée, un aveugle de naissance, condamné à mendier pour vivre, un homme marginalisé, dans son petit coin au bord du chemin, exclu de la société. Son aveuglement physique inclut aussi un aveuglement spirituel. L’évangéliste nous donne plusieurs détails sur lui afin de nous faire découvrir que nous ne sommes parfois pas si loin d’être un autre Bartimée, mais aussi un type de personne en particulier qui suit Jésus.

Notons quelques aspects intéressants : d’abord, on connaît son nom et sa famille. Très peu de personnes dans les évangiles sont mentionnées de manière aussi précise. Le Seigneur nous connaît et nous appelle par notre nom (cf. Is 43,1). Ensuite, Bartimée est sur le chemin, mais jamais en chemin : l’aveugle n’a pas de chemin à suivre. Combien de fois avons-nous fait l’expérience de cette incertitude de ne pas savoir comment discerner le chemin à suivre?

Éventuellement, à cause de son itinérance, Bartimée entendra parler de Jésus de Nazareth ; son incapacité à voir ne l’empêche pas d’écouter et de comprendre ce que les autres disent. Plus encore, Bartimée est capable d’avoir la foi malgré son aveuglement, tout comme nous qui croyons au Christ sans l’avoir vraiment vu : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu! » (Jn 20, 29) Nous avons probablement été plus d’une fois interpellés par ce Jésus, alors même que nous étions à sa recherche, mais sans bien savoir ce que nous cherchions!

Curieusement, contrairement à la foule qui suivait Jésus en traversant la ville, l’aveugle a vu en Lui l’accomplissement messianique tant attendu et commence à invoquer la miséricorde de Dieu. Littéralement, il crie, et lorsqu’il se fait rabrouer, il crie de plus belle. Apprenons de Bartimée que lorsqu’il arrive des circonstances qui nous découragent, il faut insister plus fort, persévérer, rester concentrés sur notre objectif : rencontrer l’Envoyé de Dieu. Et miracle! Jésus s’arrête et lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi? » Jésus lui offre une opportunité de changer sa situation personnelle. À première vue, ce qu’il désire semble plutôt évident : retrouver la vue, mais la question du Maître est quand même très pertinente, car elle sous-entend la liberté de faire un choix.

Cette question nous est souvent posée à nous aussi! Combien de fois demandons-nous l’aide à Dieu, mais ne sommes pas disposés à prendre la part de responsabilité qui nous correspond? Nous voulons le changement sans faire le moindre effort ou prendre le risque de nous engager. Bartimée a laissé tout ce qu’il avait (son manteau et son bâton) et, en bondissant, a couru vers Jésus. N’oublions pas qu’il est aveugle! Dans quelle direction courir? Sa foi l’a guidé. Bartimée attendait et croyait en la miséricorde de Dieu. Il voulait se mettre en chemin, lui aussi, et c’est justement ce qu’il a fait une fois guéri. Il suivait Jésus sur les sentiers battus, mais surtout sur le chemin de sa foi en Dieu.
C’est un passage très touchant, mais aussi très interpellant! Au début, je mentionnais que le récit de l’évangile nous amènerait à confronter notre réalité de personnes au service du Règne et à la suite du Christ. C’est un sujet très délicat, mais très réel dans la vie de toute communauté croyante. En effet, l’attitude de Bartimée est un exemple à suivre, mais qu’en est-il des autres? Dans la foule qui suivait Jésus, incluant les disciples, l’évangéliste décrit deux types d’attitudes : d’abord, celle de « beaucoup de gens » qui rabrouaient l’aveugle « pour le faire taire » et, deuxièmement, celle des autres qui ont écouté Jésus lorsqu’il leur a dit : « Appelez-le! » et qui ont effectivement appelé l’aveugle en disant : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. »

Dans toute communauté ou tout groupe de disciples du Seigneur, nous retrouvons des gens qui chercheront à faire taire les autres et des gens qui vont encourager les autres à aller se présenter devant Jésus. Certains veulent garder Jésus ou Dieu comme un objet personnel ou qui sont effrayés d’être dérangés dans leurs habitudes ritualistes. Mais d’autres réagissent à la Parole de Jésus en encourageant les personnes défavorisées à prendre leur responsabilité « lève-toi : il t’appelle » et en les aidant à faire le saut de l’aveugle et à courir à la rencontre de leur vie.

Aujourd’hui, c’est notre dernière publication avant l’été, nous serons de retour au mois d’août pour la fête de saint Dominique. J’en profite pour vous remercier de votre fidélité à nos publications quotidiennes des homélies ; merci aux frères dominicains pour leur contribution et à ceux et celles qui, grâce à leur collaboration, ont rendu possible que la Parole continue de circuler. J’espère que la saison estivale sera une opportunité, pour nous tous, d’être au service de l’Évangile en encourageant et en motivant la foi de tous les Bartimée de notre époque pour qu’ils aillent à la rencontre du Christ Sauveur ; c’est Lui qui fait la différence dans une vie. Et lorsqu’on est devant Lui avec une question fondamentale, que nous ayons la foi pour voir avec le cœur ce que nous ne sommes pas capables de voir avec les yeux!

Bon été!

Gustavo Adolfo Garay Ortega

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu, par toi nous vient la rédemption,
par toi nous est donnée l’adoption filiale ;
dans ta bonté, regarde avec amour tes enfants ;
à ceux qui croient au Christ,
accorde la vraie liberté et la vie éternelle en héritage.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.