Homélie, mardi de la 7ème semaine de Pâques

14 mai 2024

S'ouvrir au monde

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous parle de cet amour que Jésus invite ses disciples à avoir entre eux et envers le monde entier pour le mener au Père.

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Homélie

Avec le passage évangélique d’aujourd’hui, nous entrons dans le second discours d’adieu de Jésus à ses disciples. Ce discours s’articule autour de deux pôles : la source de toute communauté évangélique et l’exigence de porter du fruit.

Le « faire communauté » que Jésus propose à ses disciples ainsi qu’à tous les baptisés qui se situeront par la suite dans leur lignée n’est pas un objectif purement humain. D’ailleurs, le commandement que Jésus laisse aux siens est clair : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». C’est le « comme je vous ai aimés » qui vient colorer en profondeur la nature de l’amour que les disciples doivent apprendre à vivre. Car l’amour que les disciples ont à manifester les uns à l’égard des autres émane de Jésus lui-même. De fait, la source de l’amour à partager vient de Dieu le Père par la médiation de Jésus. Cet amour peut être qualifié de mystique du fait qu’il est l’expression d’une relation intime avec Dieu. Dans la tradition chrétienne, on a régulièrement parlé du don de la grâce de Dieu pour décrire cet amour capable de transformer la vie des baptisés. On est bien loin ici de l’amour purement sentimental ou romantique, même si ce type d’amour n’est pas à déprécier. L’amour que doivent partager les personnes qui veulent suivre Jésus est non seulement un amour reçu de Dieu mais un amour réfléchi qui vise à prendre forme au sein de communautés de foi et d’espérance. Grâce à cet amour, les disciples doivent viser à rester fidèles à la parole de Jésus et à se soutenir mutuellement dans les épreuves liées, entre autres, aux répressions et aux persécutions.

Notons en plus que Jésus ne s’arrête pas à la seule exigence du « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Il ajoute que les disciples ne doivent pas se laisser entraîner par la tentation du confort communautaire que pourrait leur apporter le partage tranquille d’une même foi et d’une même espérance. Ils ne sont pas appelés à vivre dans un cocon paisible et protecteur. Au contraire, ils ont comme mission de s’ouvrir au monde qui les entoure. Aussi leur a-t-il dit : « C’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure ». Une telle consigne s’éclaire du fait que la suite du discours de Jésus aborde explicitement un défi auquel les disciples seront confrontés : celui de la haine que le monde leur portera. En effet, les disciples feront l’expérience de l’incompréhension, du rejet et, bien sûr, de la persécution ouverte, et ce, tout comme Jésus l’a faite.

Dans ses adieux, Jésus ne cache pas la dure réalité que vont souvent rencontrer tous ceux et celles qui s’engageront à sa suite. C’est pourquoi il leur promet de leur donner l’amour que lui et le Père partagent. C’est cet amour, cette grâce, qui leur permettra d’être de fidèles témoins de l’Évangile malgré les obstacles rencontrés sur leur route.

Nous pouvons imaginer que l’apôtre saint Matthias, tout comme ses confrères apôtres, a eu la force non seulement de se faire missionnaire en Éthiopie (d’après une tradition ancienne), mais d’accepter de sacrifier sa vie pour que l’Évangile soit source de vie pour les membres des communautés chrétiennes qu’il a fondées. Pour ce témoin fidèle de l’Évangile et les fruits généreux qu’il a portés, rendons grâce à Dieu.

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu as agrégé le bienheureux Matthias au collège des Apôtres ;
accorde-nous, à sa prière,
de nous réjouir du choix de ton amour
et d’être comptés parmi tes élus.
Par Jésus ton Fils et notre Seigneur.
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.