10 mai 2024
La souffrance d'un renouveau
Aujourd’hui, le frère Gustave Nsengiyumva, O.P., nous parle de cette souffrance à travers laquelle tout disciple doit passer, mais qui mènera à la naissance d’un monde et d’une humanité nouvelle.
LIVRE DES ACTES DES APÔTRES (18, 9-18)
À Corinthe, une nuit, le Seigneur dit à Paul dans une vision : « Sois sans crainte : parle, ne garde pas le silence. Je suis avec toi, et personne ne s’en prendra à toi pour te maltraiter, car dans cette ville j’ai pour moi un peuple nombreux. » Paul y séjourna un an et demi et il enseignait parmi les Corinthiens la parole de Dieu.
Sous le proconsulat de Gallion en Grèce, les Juifs, unanimes, se dressèrent contre Paul et l’amenèrent devant le tribunal, en disant : « La manière dont cet individu incite les gens à adorer le Dieu unique est contraire à la loi. » Au moment où Paul allait ouvrir la bouche, Gallion déclara aux Juifs : « S’il s’agissait d’un délit ou d’un méfait grave, je recevrais votre plainte à vous, Juifs, comme il se doit. Mais s’il s’agit de débats sur des mots, sur des noms et sur la Loi qui vous est propre, cela vous regarde. Être juge en ces affaires, moi je m’y refuse. » Et il les chassa du tribunal. Tous alors se saisirent de Sosthène, chef de synagogue, et se mirent à le frapper devant le tribunal, tandis que Gallion restait complètement indifférent.
Paul demeura encore assez longtemps à Corinthe. Puis il fit ses adieux aux frères et s’embarqua pour la Syrie, accompagné de Priscille et d’Aquila. À Cencrées, il s’était fait raser la tête, car le vœu qui le liait avait pris fin.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (16, 20-23a)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Amen, amen, je vous le dis : vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira ; vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie. La femme qui enfante est dans la peine parce que son heure est arrivée. Mais, quand l’enfant est né, elle ne se souvient plus de sa souffrance, tout heureuse qu’un être humain soit venu au monde.
« Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. En ce jour-là, vous ne me poserez plus de questions. »
Homélie
Quand on parcourt l’Écriture Sainte, on y retrouve, de façon assez régulière, le thème de la souffrance du juste qui est persécuté et qui se lamente au milieu de la jubilation des méchants fêtant leur triomphe. Nous voyons Jésus confirmer cela : « vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira ».
Tel sera bien le sort réservé à Jésus lui-même au moment de sa passion : il sera broyé par la souffrance, livré aux sarcasmes, au mépris, à la violence de la part de ceux dont la jalousie et la haine se déchaineront contre lui.
Au milieu de toute cette souffrance, la sérénité de Jésus édifie ses disciples. Il annonce que la souffrance, la passion qu’il subira constitueront quelque chose qui est de l’ordre des « douleurs de l’enfantement » de l’homme nouveau et du monde nouveau. Devant la souffrance, Jésus gardera les yeux fixés sur le terme de son parcours : au cœur de son épreuve, il se réjouit déjà de la naissance à la vie divine de notre humanité autrement vouée à la mort.
Il en sera de même pour les disciples de Jésus. L’histoire de l’Église, dès les origines, sera marquée par les persécutions et, à part quelques brèves périodes d’accalmies, les difficultés seront la marque caractéristique de la vie de l’Église. Et voilà que Jésus prévient qu’il en sera de même jusqu’à son retour.
Saint Paul, dans son épître aux Romains, déclare que « la création tout entière traverse les douleurs d’un enfantement qui dure encore » (Rm 8, 22). Au cœur de ce combat où le disciple va subir le sort de son Maître, il ne reste cependant pas seul ; le Seigneur n’abandonne pas les siens : « Je vous reverrai et votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l’enlèvera ».
Comment ne pas y voir en filigrane la promesse des béatitudes : « Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés ; heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi : réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux » (Mt 5, 5.11).
Alors que nous nous acheminons tranquillement vers l’Ascension, puis la Pentecôte, et que nous retrouverons bientôt le « temps ordinaire », nous serons toujours confrontés aux contradictions, voire aux persécutions. Prions pour que, à l’instar des premiers disciples, le Seigneur nous renouvèle dans l’Esprit Saint. Qu’il dissipe en nous l’esprit de peur qui nous pousse par commodité à tous les conformismes, à tous les compromis ; mais que remplis de cet Esprit Saint promis par le Ressuscité, nous ayons la hardiesse d’annoncer la Parole de Dieu avec assurance, et d’en être les fidèles témoins par toute notre vie.
Fr. Gustave Nsengiyumva, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
dans la résurrection du Christ,
tu nous recrées pour la vie éternelle ;
dirige nos regards vers celui qui siège à ta droite,
l’auteur de notre salut,
ainsi, au jour où notre Sauveur viendra en majesté,
ceux que tu as fait renaître par le baptême
seront revêtus de l’immortalité bienheureuse.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.