Homélie, mercredi de la 6ème semaine de Pâques

8 mai 2024

Il y a un temps pour toute chose sous le ciel

Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., nous explique l’importance d’une vérité dite au bon moment, de la bonne façon et à la bonne personne, une vérité dite avec amour.

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Homélie

« En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter ». Ces paroles de Jésus font écho pour moi aux paroles du sage de l’Ecclésiaste : « Il y a un moment pour tout et un temps pour toute chose sous le ciel (…) un temps pour se taire et un temps pour parler » (Ecclésiaste 3 : 1, 7).

Dans l’évangile de Marc, nous sommes confrontés à plusieurs reprises au secret messianique. Jésus commande de ne pas parler de son identité comme fils de Dieu ni des miracles qui en sont la preuve. Il impose le silence à ses disciples après la profession de foi de Pierre.

Un dicton bien connu nous rappelle que « toute vérité n’est pas bonne à dire ». Faut-il taire la vérité ou dire la vérité? La vérité n’est pas simplement une coïncidence objective entre une situation donnée et une parole prononcée. Intervient un troisième pôle qui est l’interlocuteur, celui à qui la parole de vérité est adressée. Il faut tenir compte des âges et des circonstances de la vie. On ne parle pas à un enfant comme à un adulte : il y a même des choses qu’on ne dit pas à un enfant, n’est-ce pas? Il en va de même pour les circonstances heureuses ou malheureuses de la vie. On n’annonce pas un décès à un proche du défunt de la même manière qu’on lui apprend les prévisions de la météo.

Dans notre vie, la vérité et l’amour sont deux valeurs qui doivent être vécues conjointement. Jésus lui-même nous donne l’exemple parfait d’une vie articulée sur la vérité et l’amour. Dans son enseignement, il proclame la vérité à propos de Dieu et quand il rencontre un malade il est pris de pitié et lui manifeste l’amour de Dieu en le guérissant.

Notre image même de Dieu est soumise à l’évolution de notre vie et aux circonstances auxquelles nous sommes confrontés. Si je regarde mon propre cheminement, je peux distinguer trois moments marquants à ce propos. Une enfance et une adolescence heureuse m’ont fait rencontrer un Dieu grand, bon, bienveillant et généreux. J’aimais retrouver ce Dieu dans l’adoration et l’action de grâces. « Béni sois-tu, Seigneur, pour ta création! » Plus tard, me retrouvant au Rwanda confronté aux enjeux d’inculturation et de développement, mon image de Dieu prend une coloration nouvelle. Je rencontre un Dieu qui veut le salut de tous, un sauveur universel. Ma prière alors, sans écarter la louange, prend davantage la dimension de la supplication pour les besoins de l’Église et du monde. « Viens, Seigneur, viens nous sauver! » Dans mes dernières années au Rwanda, j’ai connu et vécu le drame de la guerre et du génocide. Ces événements terribles ont ébranlé ma foi. « Et Dieu dans tout ça? » Dieu n’est-il pas en Jésus le souffrant, le crucifié?

Le calendrier liturgique assume les différents moments de notre vie : le temps de l’attente, le temps de la naissance, le temps de la souffrance, le temps du retour à la vie, le temps d’un souffle nouveau … et aussi le temps ordinaire. Que le Seigneur nous donne la grâce de vivre en pleine vérité tous ces temps comme l’aujourd’hui de Dieu!

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

 

PRIÈRE

Puisque nous célébrons dans la foi, Seigneur,
la résurrection de ton Fils,
accorde-nous de partager la joie de tous les saints
lors de son avènement.
Lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.