6 mai 2024
Faire rayonner l'Évangile davantage
Voici l’introduction du frère Jean-Louis Larochelle, O.P., à la messe de ce matin ainsi que son homélie.
DEUXIÈME LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE À TIMOTHÉE (4, 1-5)
Bien-aimé, devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne: proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire.
Un temps viendra où les gens ne supporteront plus l’enseignement de la saine doctrine; mais, au gré de leurs caprices, ils iront se chercher une foule de maîtres pour calmer leur démangeaison d’entendre du nouveau. Ils refuseront d’entendre la vérité pour se tourner vers des récits mythologiques.
Mais toi, en toute chose garde la mesure, supporte la souffrance, fais ton travail d’évangélisateur, accomplis jusqu’au bout ton ministère.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (10, 11-16)
En ce temps-là, Jésus disait: «Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui: s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui.
« Moi, je suis le bon pasteur; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père; et je donne ma vie pour mes brebis.
« J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos: celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix: il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. »
Homélie
Introduction
En faisant mémoire aujourd’hui de saint François de Laval, nous rappelons une page importante de l’histoire de l’Église catholique en Amérique du Nord. Quand François de Laval se présente à Québec au mois de juin 1659, il a 36 ans. C’est un jeune évêque enthousiaste, marqué par l’esprit de réforme et la volonté missionnaire héritée du Concile de Trente. C’est en même temps un homme profondément évangélique, prêt à confronter ouvertement les commerçants de fourrure et les gouverneurs français trop portés à profiter économiquement des autochtones et des petites gens.
En rappelant la figure de ce saint, nous sommes invités à rendre grâce à Dieu pour tout ce qu’il a pu réaliser en faveur de l’Église et de la société d’ici.
« Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. » (Jn 10,11) Cette parole de Jésus, elle a sans doute façonné l’esprit missionnaire de Mgr de Laval. Car, aux yeux de ses contemporains, il a littéralement donné sa vie pour les siens. En effet, il n’avait pas du tout l’esprit d’un mercenaire qui s’enfuit quand le danger se manifeste. À la manière de Jésus, il a veillé sur ses brebis et les a défendues. Rappelons toutefois que le nouvel évêque de Québec est arrivé au pays dans un contexte qui allait favoriser sa mission. Si la colonie française ne comptait alors que 2500 personnes, elle était animée d’un souffle évangélique impressionnant, car des figures chrétiennes remarquables l’avaient précédé. Pensons ici aux missionnaires jésuites arrivés à Québec en 1625, à Marie de l’Incarnation arrivée en 1639, aux responsables de la fondation de Ville-Marie en 1642, à Marguerite Bourgeois arrivée en 1653. Pensons aussi à l’impact humain et spirituel qu’a provoqué le sacrifice des six jésuites martyrisés entre 1642 et 1649 par les Iroquois. Au plan spirituel et évangélique, Mgr de Laval est donc arrivé dans un milieu prêt à le soutenir dans plusieurs de ses projets pastoraux.
Ce nouvel évêque avait un sens prononcé de l’organisation. En arrivant ici, il a rapidement perçu la nécessité d’implanter de nouvelles institutions, de raffermir des pratiques spirituelles et pastorales. Certains historiens disent qu’il voyait grand et qu’il voyait loin. Sous sa direction, en l’espace de 25 ans – il faut tenir compte ici de la croissance de la population – le nombre des paroisses va passer de 5 à 35, le nombre de prêtres de 25 à 102. En parallèle, en 1663, il va fonder le Séminaire de Québec pour former des prêtres originaires de la Nouvelle-France. Puis, en 1668, il fonde le Petit Séminaire de Québec. Il tient aussi à visiter régulièrement ses fidèles. On pouvait dire de lui : « Il connait ses brebis et ses brebis le connaissent ». Pour ses visites pastorales, il se déplaçait en canot et à pied pendant l’été; pendant l’hiver, il savait se déplacer en raquettes. En outre, il avait le souci de venir en aide aux familles frappées par la misère. Conscient des effets dévastateurs de la vente d’alcool aux autochtones, il fit une longue campagne contre cette pratique, en se mettant souvent à dos les commerçants de fourrure et les gouverneurs de la colonie. Son ministère pastoral, il l’assuma avec audace et courage de 1659 à 1684. Marie de l’Incarnation dira de lui : « C’est bien l’homme du monde le plus austère et le plus détaché des biens de ce monde. Il donne tout et vit en pauvre. »
Ce grand témoin de l’Évangile, ce pasteur infatigable nous rejoint encore aujourd’hui. Son témoignage de vie tout comme les témoignages des hommes et des femmes qui ont collaboré avec lui nous interpellent. Et nous ne pouvons que souhaiter à notre Église de pouvoir compter, avec la grâce de Dieu, sur des croyants et croyantes qui oseront donner le meilleur d’eux-mêmes (d’elles-mêmes) pour que l’Évangile puisse rayonner davantage dans notre société.
Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu as envoyé le saint évêque François de Laval
pour étendre le règne du Christ au Canada ;
accorde-nous, à son intercession,
d’accomplir l’œuvre missionnaire
à laquelle nous sommes appelés
comme disciples de ton Fils,
Jésus Christ, notre Seigneur.
Lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.