3 mai 2024
Voir le Père
Aujourd’hui, fête des saints apôtres Phillipe et Jacques, le frère Henri de Longchamp, O.P. nous explique l’Évangile du jour qui établit la relation entre Jésus et son Père ainsi que celle entre Dieu et tout chrétien.

PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX CORINTHIENS (15, 1-8)
Je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée ; cet Évangile, vous l’avez reçu ; c’est en lui que vous tenez bon, c’est par lui que vous serez sauvés si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, c’est pour rien que vous êtes devenus croyants.
Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, il est apparu à Pierre, puis aux Douze ; ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois – la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont endormis dans la mort –, ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres.
Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l’avorton que je suis.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (14, 6-14)
En ce temps-là, Jésus dit à Thomas : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : ‘Montre-nous le Père’ ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes.
Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père, et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Quand vous me demanderez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai. »
Homélie
Il y a une semaine, j’ai prêché sur le même texte de l’Évangile. Ne craignez pas, je ne ressors pas une homélie de mes fichiers !
Les deux apôtres que nous fêtons aujourd’hui ont côtoyé le Seigneur de façon privilégiée. Dans l’Église de Jérusalem primitive, Jacques le Mineur a dirigé l’Église dans ses premiers pas ; sans doute est-il de ceux qui ont eu du mal à admettre que les nouveaux convertis, quand ils étaient d’anciens païens, n’avaient pas à devenir d’abord des juifs. Ce fut la première grande difficulté vécue par la jeune Église et Jacques a su se laisser guider par l’Esprit, même quand Il le menait à l’encontre de ses convictions (Ac 15,13).
Quant à Philippe, il a dit à Jésus, comme nous pourrions aussi le faire : Seigneur, montre-nous le Père; cela nous suffit. Jésus lui répond en confirmant tout ce que nous pressentions et qui donne à notre foi son assise la plus solide. Jésus déclare qu’en le contemplant, nous contemplons le Père. Car Dieu nul ne l’a jamais vu (Jn 1,18) et nul ne pourra jamais le voir pendant son pèlerinage sur terre. Jésus et le Père sont tellement unis que je suis attiré dans la connaissance et l’amour de Dieu en apprenant à connaître et à aimer Jésus. Jésus ne désire rien de moins pour moi, il veut me faire entrer profondément dans la vie même de Dieu.
Par amour pour nous il sait quel est notre besoin de voir pour croire (Jn 20,25), Dieu nous fait la grâce de nous donner un visage humain à contempler. C’est pourquoi nous aimons par-dessus tout ce visage de Jésus : visage rayonnant du transfiguré, visage tuméfié du crucifié, visage resplendissant sur les icônes. Mais n’oublions pas que tout ce que nous avons fait au plus petit de ses frères et sœurs, nous lui avons fait. C’est pourquoi dans le visage de nos frères et sœurs, eux qui ont été créés à l’image de Dieu, nous voyons le Père.
C’est pourquoi Philippe et Jacques n’ont pas passé de temps à compter ou à comparer le nombre de personnes qu’ils avaient sauvées en prêchant l’Évangile ou en baptisant. Ils n’ont pas édulcoré l’Évangile pour le rendre plus attrayant aux yeux des Grecs ; Ils n’ont pas essayé de pimenter leurs services religieux avec un culte un peu créatif pour attirer les Romains.
Pour Philippe et Jacques, la foi chrétienne était remarquablement simple : écouter la parole de Jésus et la proclamer fidèlement à tous. Cela semble si simple. Et pourtant, c’est la chose la plus difficile à faire. Combien de choses nous détournent de Jésus ? Après tout, la fête de Philippe et de Jacques n’est pas centrée sur ces deux apôtres. C’est celle de Jésus crucifié pour nous tous, Jésus la pierre d’assise de l’Église pour nous tous et toutes.
Aujourd’hui, nous nous joignons à Philippe et Jacques et à tous les fidèles pour écouter les paroles de Jésus, les recevoir avec joie et y répondre par l’action de grâces. En utilisant les mots de Philippe, nous disons à notre voisin : « Venez et voyez ! ». Venez et voyez vos péchés pardonnés. Venez et voyez le paradis sur terre. Venez et voyez l’eau qui lave nos péchés. Venez et voyez le pain et le vin qui nous nourrissent de la vie éternelle. Venez et voyez, c’est pour nous !
Je termine en le redisant : n’oublions pas que tout ce que nous avons fait au plus petit de nos frères et sœurs, nous l’avons fait au Christ. C’est pourquoi dans le visage de nos frères et sœurs, eux qui ont été créés à l’image de Dieu, nous voyons le Père.
Fr. Henri de Longchamp, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu nous réjouis chaque année
par la fête des apôtres Philippe et Jacques ;
à leur prière, accorde-nous d’être associés
à la passion et à la résurrection de ton Fils unique,
afin de parvenir ainsi à te contempler pour l’éternité.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.