Homélie, vendredi de la 3ème semaine de Pâques

19 avril 2024

Devenir soi-même son Corps et son Sang

Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., nous explique que prendre en soi le Corps et le Sang du Christ est la façon qui permet le rapprochement le plus grand entre Dieu et nous.

devenir-soi-meme-son-corps-et-son-sang

Homélie

Dans l’évangile de ce matin, les verbes « manger et boire » reviennent à répétition. C’est à travers ces actions de manger et de boire que la vie éternelle peut être obtenue.

Manger et boire sont rattachés à l’un des cinq sens. C’est peut-être celui qui engage le plus la personne. L’objet de la vue, de l’audition, de l’odorat et même du toucher reste toujours à une certaine distance de la personne. On peut voir un paysage tout en demeurant éloigné ; on entend la musique d’un orchestre sans se déplacer de son siège ; les odeurs de la cuisine peuvent nous rejoindre de loin ; l’objet touché reste encore à la surface de mon corps. Par contre, le pain que l’on mange et le vin que l’on boit pénètrent en moi, au plus profond de mon corps. Par le manger et le boire, il y a une communion totale qui s’opère. Quand nous mangeons le corps et le sang du Christ, une proximité très grande s’établit entre Lui et nous. C’est l’union entre deux personnes qui se réalise. Nous devenons nous-mêmes le corps du Christ. Par nos yeux, nous pouvons voir le Christ à l’œuvre dans notre monde ; par nos oreilles, nous pouvons entendre son message proclamé dans l’évangile ; par nos mains, nous pouvons même le toucher dans les pauvres. Par la communion à son corps et à son sang, comme nous le dit l’évangile, le Christ « demeure en moi, et moi, je demeure en lui ».

Autre caractéristique du manger et du boire en comparaison avec les autres activités sensorielles, c’est le lien avec la vie. Être aveugle, sourd-muet, handicapé, c’est une grande privation qui nous coupe d’une certaine manière avec le milieu environnant mais qui ne nous enlève pas la vie. Par contre, être privé de nourriture et de boisson, c’est la mort à plus ou moins brève échéance. On peut bien faire la grève de la faim mais elle ne peut pas durer indéfiniment. Il y a un lien intrinsèque entre la vie et la nourriture et la boisson. L’évangile d’aujourd’hui souligne fortement ce lien. De façon négative, Jésus dit aux Juifs qui l’interpellaient : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous ». Et plus positivement : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ».

C’est à travers le pain que Jésus donne sa chair à manger. Le pain est pour beaucoup de gens la nourriture de base : il devient même le symbole de la nourriture et de la vie. Pensez à ces expressions populaires : manger son pain blanc… ou son pain noir ; être au pain sec ; être bon comme du pain ; gagner son pain ; avoir du pain sur la planche… Dans l’Évangile, Jésus multiplie les pains, il partage le pain avec ses disciples, il nous invite à demander, dans la prière, notre pain quotidien. Aujourd’hui, Jésus se présente comme « le pain qui est descendu du ciel ».

Chaque fois que nous célébrons la messe, Jésus nous partage le pain de la Parole et le pain eucharistique et il nous dit encore aujourd’hui que « celui qui mange ce pain qui est descendu du ciel vivra éternellement ». Rendons grâce à Dieu !

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

 

PRIÈRE

Nous t’en prions, Dieu tout-puissant :
puisque nous avons la grâce de connaître
la résurrection du Seigneur,
que ton Esprit d’amour nous ressuscite, nous aussi,
à une vie nouvelle.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi,
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.