Homélie, lundi de la 3ème semaine de Pâques

15 avril 2024

Il avait bien plus à leur offrir...

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., examine avec nous les questions et les attentes des personnes qui suivaient Jésus à la suite de ses miracles, sur son identité profonde et sur ce qu’il pouvait leur apporter.

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Homélie

Le récit évangélique du jour renvoie à deux questions portées par les personnes qui avaient assisté à l’événement de la multiplication des pains près de la ville de Tibériade et qui avaient appris, en plus, que Jésus était retourné à Capharnaüm sans remonter dans la barque avec ses disciples. Une première question : qui est donc cet homme doté de pouvoirs paranormaux absolument extraordinaires ? Une deuxième : ce Jésus qui a un profil si impressionnant, que pourrait-il nous apporter? Auxquels de nos besoins pourrait-il répondre, en particulier s’il est le Messie?

Il faut d’abord reconnaître que l’identité de Jésus ne s’est dévoilée que petit à petit (et encore !) aux yeux des personnes qui le rencontraient, que ce soient les petites gens ou les docteurs de la Loi. De fait, beaucoup de malentendus à son sujet ont perduré pendant toute la durée de son ministère. Même ses propres disciples n’ont saisi le sens profond de sa mission qu’après Pâques, en relisant à la lumière de sa résurrection tout ce qu’ils avaient entendu de sa bouche et vu comme miracles. En d’autres mots, l’identité profonde de Jésus est demeurée ambigüe, embrouillée, pour la majorité de ceux et celles qui ont croisé son chemin. On peut imaginer que ces gens demeuraient le plus souvent attachés à l’image d’un thaumaturge extraordinaire et d’un prédicateur original qui dérangeait les autorités religieuses de Jérusalem. C’est sans doute avec cette image que les gens de Tibériade se sont déplacés jusqu’à Capharnaüm pour revoir Jésus après la multiplication des pains. Ajoutons qu’ils devaient, eux aussi, vivre avec l’image commune au 1er siècle d’un Messie attendu qui chasserait l’occupant romain et mettrait fin à tous les systèmes politiques corrompus. À leur point de vue, Jésus ne pouvait-il pas devenir le vrai libérateur politique et social d’Israël?

Les attentes très concrètes portées par les personnes qui tenaient à le rencontrer, Jésus les connaissait. Et ce n’est pas pour rien qu’il va leur dire : « Vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés ». Façon pour lui de leur dire que son offre de salut dépassait de beaucoup la mesure de leurs attentes immédiates. Il avait plus à leur offrir qu’un salut politique et militaire. Il les invitait à aller en profondeur, et cela parce qu’il pressentait sans doute que, parmi ses auditeurs et auditrices, il y avait des personnes qui avaient des attentes spirituelles non comblées, des personnes qui aspiraient à ne pas vivre à la surface des choses, à la surface d’elles-mêmes. C’est pour cette raison qu’il a pu leur dire : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle… »

En intervenant comme il l’a fait, Jésus a voulu amener les gens de Tibériade venus le revoir à s’ouvrir à un nouvel horizon, celui de la vie éternelle, et non pas seulement à celui d’une libération historique sans transcendance. Et la condition posée, c’était de mettre leur confiance en lui: « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé ».

Retenons que la recherche des gens de Tibériade peut être rapprochée de celle qui se vit dans nos sociétés contemporaines. Que de gens chez nous ne portent attention qu’à leurs conditions matérielles de vie ainsi qu’à leur sécurité sociale. Les gens dits « sans religion » ne sont-ils pas dans cette catégorie, tout comme les athées d’ailleurs ? En revanche, tout comme au temps de Jésus, il y a chez nous des personnes assoiffées au plan spirituel, des « chercheurs de sens ». Ces personnes-là sont ouvertes à la proposition du Christ ressuscité, car elles peuvent porter leur regard sur l’horizon de la vie éternelle manifestée dans la résurrection de Jésus. Il y a là de quoi nous réjouir, en tant que disciples du Christ, et à rendre grâce. .

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Nous t’en prions, Dieu tout-puissant :
par la guérison obtenue dans le mystère pascal,
tu nous as conformés à la nature de ton Fils ;
fais qu’en nous dépouillant de l’homme ancien
et de ses façons d’agir,
nous vivions de la vie du Christ.
Lui qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.