Homélie, mercredi de la 2ème semaine de Pâques

10 avril 2024

Le jugement : oui mais non !

Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., examine la question du Jugement de Dieu qui semble adressée de façon ambigüe dans l’évangile du jour.

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Homélie

Ce matin, en relisant l’évangile du jour sur le jugement, m’est venue à l’esprit une formule qu’un frère du couvent utilise de façon régulière : « oui mais non! ». Jésus affirme d’abord que « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ». Et quelques versets plus loin, une sentence commence par ces mots : « Et le jugement, le voici ». Y a-t-il, oui ou non, un jugement à attendre de Jésus?

Commençons par l’affirmation du jugement. Elle est présente dans notre évangile. « Et le jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises ». Le jugement de Dieu à la fin des temps est très présent et même effrayant dans les récits évangéliques. Dieu viendra séparer les boucs et les brebis, donnant aux uns la vie éternelle et condamnant les autres au châtiment éternel. La parabole du pauvre Lazare et du mauvais riche, chez Luc, développe le même thème. « Le pauvre mourut et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut à son tour et on l’enterra. Du séjour des morts où il souffrait cruellement, il leva les yeux et il aperçut, très loin, Abraham, et Lazare à côté de lui ». L’évangéliste Matthieu nous présente aussi le jugement de Dieu pour ceux qui accueillent ou n’accueillent pas Jésus dans le pauvre, celui qui a faim et soif, celui qui est nu, celui qui est prisonnier. Ce jugement de Dieu a de quoi nous interpeller et nous faire peur.

Par ailleurs, il est bien écrit dans notre évangile que « Dieu a envoyé son fils non pas pour juger le monde, mais que par lui, le monde soit sauvé ». C’est un message dans le même sens que nous trouvons dans l’évangile de Luc lorsqu’il nous interpelle par ces mots « Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés, ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés, pardonnez et vous serez pardonnés ». Le pardon est l’une des demandes de la prière du Notre Père : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ».

Alors, faut-il — oui ou non — croire au jugement de Dieu, craindre le jugement de Dieu? Il me semble possible de trouver une réponse à cette question dans cette affirmation : « Celui qui croit en lui (Jésus) échappe au Jugement ; celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu ». C’est la foi qui nous permet d’échapper au jugement, c’est la foi en un Dieu bon et miséricordieux, un Dieu qui a envoyé son fils pour notre salut. Tous nos péchés, toutes nos fautes, toutes nos mauvaises actions peuvent être pardonnés à la lumière de la foi, une foi qui se manifeste dans les bonnes œuvres. C’est le message qui nous est rappelé par l’acclamation de l’évangile d’aujourd’hui : « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique, afin que ceux qui croient en lui aient la vie éternelle. Alléluia ».

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

 

PRIÈRE

Chaque année, Seigneur,
tu nous fais revivre le mystère pascal
où la nature humaine,
renouvelée dans sa dignité originelle,
reçoit l’espérance de la résurrection ;
nous implorons humblement ta bonté :
donne-nous de toujours accueillir avec amour
ce que nous célébrons dans la foi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.