6 avril 2024
Ajoutons nos chapitres
Aujourd’hui, le frère Daniel Cadrin, O.P., nous présente Pierre et Jean comme des personnes avec leurs propres forces et faiblesses et nous invite, à leur exemple, à proclamer la Bonne Nouvelle et à ajouter nos chapitres à cette aventure des disciples de Jésus.
LIVRE DES ACTES DES APÔTRES (4, 13-21)
En ces jours-là, les chefs du peuple, les Anciens et les scribes constataient l’assurance de Pierre et de Jean et, se rendant compte que c’était des hommes sans culture et de simples particuliers, ils étaient surpris ; d’autre part, ils reconnaissaient en eux ceux qui étaient avec Jésus. Mais comme ils voyaient, debout avec eux, l’homme qui avait été guéri, ils ne trouvaient rien à redire.
Après leur avoir ordonné de quitter la salle du Conseil suprême, ils se mirent à discuter entre eux. Ils disaient : « Qu’allons-nous faire de ces gens-là ? Il est notoire, en effet, qu’ils ont opéré un miracle ; cela fut manifeste pour tous les habitants de Jérusalem, et nous ne pouvons pas le nier. Mais pour en limiter la diffusion dans le peuple, nous allons les menacer afin qu’ils ne parlent plus à personne en ce nom-là. »
Ayant rappelé Pierre et Jean, ils leur interdirent formellement de parler ou d’enseigner au nom de Jésus. Ceux-ci leur répliquèrent : « Est-il juste devant Dieu de vous écouter, plutôt que d’écouter Dieu ? À vous de juger. Quant à nous, il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu. »
Après de nouvelles menaces, ils les relâchèrent, faute d’avoir trouvé le moyen de les punir : c’était à cause du peuple, car tout le monde rendait gloire à Dieu pour ce qui était arrivé.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MARC (16, 9-15)
Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d’abord à Marie Madeleine, de laquelle il avait expulsé sept démons. Celle-ci partit annoncer la nouvelle à ceux qui, ayant vécu avec lui, s’affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent que Jésus était vivant et qu’elle l’avait vu, ils refusèrent de croire.
Après cela, il se manifesta sous un autre aspect à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne. Ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus.
Enfin, il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu’ils étaient à table : il leur reprocha leur manque de foi et la dureté de leurs cœurs parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient contemplé ressuscité. Puis il leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. »
Homélie
Ce récit est spécial. Il est à la fin de l’Évangile de Marc. Ou plutôt après la fin de Marc, qui termine en fait avec les femmes quittant le tombeau, bouleversées (16,8). Cette fin en a laissé plusieurs sur leur faim. Alors, au 2ème siècle, on a ajouté une finale, qui est un sommaire de ce qu’on trouve dans les autres Évangiles et qu’on a lu cette semaine ! L’apparition du Ressuscité à Marie de Magdala, qui va l’annoncer aux disciples ; celle aux disciples d’Emmaüs, sur la route, qui vont aussi l’annoncer ; puis celle aux Onze lors d’un repas. Comme un petit résumé qu’un enseignant aurait fait pour bien clore une catéchèse avec Marc comme guide. Mais l’essentiel est là et surtout l’envoi des disciples en mission, par Jésus le ressuscité : Allez dans le monde entier et proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création.
Et c’est ce qu’on voit dans le livre des Actes des Apôtres, avec l’épisode de la première lecture. Une mission en parole et en action, avec Pierre et Jean, qui ont guéri un infirme, puis ont proclamé au peuple la résurrection de Jésus et l’appel à la conversion. Et qui, à cause de cela, sont arrêtés et comparaissent devant le Sanhédrin. Voici la mission, avec ses risques, ses fruits et ses obstacles, et avec l’engagement fidèle de Pierre et Jean : nous ne pouvons pas taire ce que nous avons vu et entendu.
Pierre et Jean : attardons-nous un peu à ces deux figures centrales au début de l’Église. Dans les Actes, il est mentionné que ce sont des hommes du peuple, sans instruction. Et cela s’entend, avec leur accent galiléen. Ces deux apôtres, on les connaît assez bien, grâce aux évangiles. Rappelons-nous qu’ils font partie des premiers appelés par Jésus, chacun avec son frère : Pierre et André, Jean et Jacques. Ce sont des pêcheurs. Ils ont fait partie du cercle intime de Jésus (transfiguration, jardin des Oliviers…). Au matin de Pâque, les deux ont couru au tombeau, mais Jean plus vite (peut-être parce qu’il était plus jeune !).
Ils ont chacun leurs traits, avec leurs dons et leurs limites, comme nous. Pierre, homme d’initiative, leader provenant d’une petite entreprise familiale ; fougueux mais inconstant, entre la hardiesse des paroles et la petitesse des actions ; qui veut un Messie puissant (Mc 8, 32-33), qui aime être avec la majorité, comme tout le monde, et qui va renier Jésus. Jean, tout aussi ardent et attaché à Jésus, mais un fils du tonnerre, un peu obsédé par le pouvoir et le contrôle, qui veut siéger à la droite de Jésus (Mc 10,37) et éliminer les concurrents (Lc 9, 49.54). Ces deux disciples proches, Pierre le conformiste parfois peureux, et Jean le sectaire parfois intolérant, Jésus a dû les réprimander.
Mais cela dit que les annonceurs de la Bonne Nouvelle à toute la création, ce sont de vraies personnes comme nous, avec leurs forces et faiblesses. Et nous sommes appelés à notre tour, aujourd’hui, par le Christ vivant, à poursuivre la proclamation de l’évangile, tels que nous sommes et devenons, et ainsi à continuer d’écrire l’évangile, en ajoutant nos chapitres, comme à chaque siècle. Amen.
Fr. Daniel Cadrin, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu, par l’abondance de ta grâce,
tu fais grandir le peuple des croyants ;
regarde avec bonté ceux que tu as choisis ;
le baptême les a fait renaître :
qu’ils soient revêtus de l’immortalité bienheureuse.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.