Homélie, samedi, 5e semaine du Carême

23 mars 2024

Mort pour les nations

Aujourd’hui, le frère Henri de Longchamp, O.P., examine avec nous les raisons politiques et humaines qui ont mené à son arrestation et à sa mort.
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Homélie

À l’approche de la Semaine Sainte, nous gagnons à nous demander comment Jésus a affronté la perspective de son arrestation et de sa condamnation. Puissions-nous toujours faire comme Jésus, qui a pris le temps de se reposer, d’être avec ses amis et de choisir les moments où il faut parler et ceux où il faut se taire.

La mort de Jésus a été planifiée de longue date par des chefs religieux qui voulaient le tuer pour faire savoir à Rome qu’ils étaient du côté de Rome. Jésus a été tué par les religieux de l’époque, avant de l’être par Ponce Pilate, parce qu’il prétendait être l’envoyé de Dieu. Il a signé son arrêt de mort le jour où il a dit à un paralysé : « Tes péchés sont pardonnés ». À compter du dimanche des Rameaux, nous l’accompagnerons simplement alors qu’il s’approche de la torture et de son meurtre.

L’évangile d’aujourd’hui s’ouvre sur la réaction lorsqu’il a réanimé Lazare. Certains témoins oculaires du miracle ont cru en lui, mais d’autres n’y ont pas cru. Nous voyons ici le mystère de la liberté humaine à l’œuvre. L’action manifeste de Dieu dans nos vies nous oblige, dans un certain sens, à aller d’un côté ou de l’autre de la vérité. De quel côté de la vérité suis-je poussé lorsque je sens l’action manifeste de Dieu à l’œuvre dans ma vie, dans la voix de ma conscience ou dans la vie des autres ?

Pourquoi les pharisiens se sont-ils tant opposés au message et à l’action de Jésus? S’agit-il d’une question de pouvoir ? Une façon de l’envisager est de le considérer comme la conséquence naturelle de la tendance humaine au contrôle — même le contrôle des choses spirituelles. Les autorités religieuses de l’époque du Christ se considéraient sans doute comme les gardiens de la foi qui leur avait été transmise par leurs ancêtres. Mais il semble que, peu à peu, cette garde se soit transformée en contrôle. Les autorités s’intéressent moins à la légitimité de l’identité, du message et de la mission de Jésus qu’au maintien de l’ordre religieux et politique établi.

Leur rejet conduit Jésus à mourir pour la nation, non seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un seul Corps les enfants de Dieu dispersés. La mort de Jésus procurera le salut non seulement aux Juifs convertis, elle constituera l’Église en faisant de tous les enfants de Dieu répandus sur la terre, de tous ceux qui sont appelés à devenir tels, un seul troupeau sous un seul pasteur.

Nous ne pouvons qu’imaginer les pensées et les sentiments intérieurs du Christ lorsque les événements menant à son supplice et à sa mort commencent à se dérouler. Au lieu de résister au plan du Père, nous voyons le Christ serein et calme alors que la tension monte. Nous voyons son sens de la détermination et de la décision s’accroître. Il s’engage pleinement dans la volonté du Père. Jésus nous enseigne la sagesse de laisser aller les circonstances qui sont entièrement du ressort du Père. Il nous apprend à embrasser la volonté divine avec une confiance et une sérénité totales, quelles que soient les difficultés que nous rencontrons.

Alors, sommes-nous capables de partager notre foi avec des fidèles de différentes confessions, même si des membres d’autres religions persécutent nos frères et sœurs en minorité dans leurs pays ? Aidé par les informations internationales, je vous laisse identifier des bourreaux et des victimes en 2024, comme des religieux du Temple de Jérusalem l’ont été avec Jésus.

Fr. Henri de Longchamp, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
de tous ceux à qui tu as donné de renaître dans le Christ,
tu as fait une descendance choisie, un sacerdoce royal ;
accorde-nous de vouloir ce que tu commandes
et de pouvoir l’accomplir,
afin que le peuple appelé à l’éternité ait une même foi dans le cœur,
une même charité dans l’action.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.