Homélie, lundi, 5e semaine du Carême

18 mars 2024

Sa profonde miséricorde

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous explique comment la miséricorde manifestée par Jésus a à la fois sauvé la femme adultère et l’a ensuite aidée et accompagnée sur son chemin vers la foi.
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Homélie

Le récit de la femme surprise en situation d’adultère a été beaucoup commenté au cours de l’histoire de l’Église. Ses commentateurs l’ont analysé sous différents angles. Certains se sont attardés sur la leçon de lucidité spirituelle que Jésus a donné aux scribes et aux pharisiens en leur disant : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » D’autres ont insisté sur la perversité des adversaires de Jésus qui ont en quelque sorte utilisé la femme adultère dans le but de pouvoir accuser Jésus de ne pas respecter la Loi si jamais il lui accordait le pardon. De fait, eux-mêmes ne respectaient pas la Loi, car, dans la tradition juive (cf. Lv 20,10), l’homme et la femme coupables d’adultère devaient être jugés ensemble, puis lapidés. D’autres commentateurs ont centré leur attention sur la profondeur de la miséricorde de Dieu face au pécheur. C’est cette dernière dimension que nous allons retenir ce matin.

Jésus, de toute évidence, a surpris tout le monde en ne se laissant pas enfermer dans le piège que les scribes et les pharisiens lui avait tendu. Pourtant Jésus était bien conscient que cette femme adultère avait péché. Il était aussi conscient du fait que cette dernière se savait coupable devant la Loi. Elle n’avait d’ailleurs pas cherché à se défendre en présence de ses accusateurs. Elle était demeurée silencieuse, écrasée sans doute par le sort qui l’attendait : la lapidation publique. Mais Jésus lui a fait sentir, malgré le mépris exprimé par ses accusateurs, qu’elle était toujours aimée de Dieu. Il a porté sur elle un regard qui manifestait que la miséricorde de Dieu n’a pas de limites. Car cette miséricorde voit le cœur des personnes et va bien au-delà des fautes de ces dernières. C’est pourquoi, après le départ de ses accusateurs (en commençant par les plus vieux !), Jésus lui a dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas : va, et désormais ne pèche plus. » (Jn 8,11) Cette femme a ainsi fait l’expérience bouleversante de la miséricorde de Dieu à son endroit, une expérience libératrice. Désormais elle pouvait regarder son avenir avec confiance, car elle savait que la bonté de Dieu l’envelopperait dans son cheminement de croyante.

Ce récit fait saisir la profondeur de la miséricorde de Dieu. Il manifeste bien que Dieu regarde avec amour chaque être humain. Dans sa compassion, il tend la main à chacun. La tentation à laquelle tout baptisé doit résister, c’est celle de mettre en doute l’amour de Dieu à son endroit, en particulier quand il a conscience de mener une vie qui ne prend pas suffisamment en compte la lumière de l’Évangile. En temps de carême, il est important de nous rappeler que la miséricorde de Dieu nous accompagne toujours et qu’elle nous incite à désirer intensément partager l’intimité de Dieu pour l’éternité. Il est important aussi d’adopter le plus possible le regard miséricordieux de Jésus sur les personnes qui nous entourent, en particulier quand ces dernières se laissent emporter par la jalousie ou des ambitions démesurées. Puissions-nous accueillir avec reconnaissance le pardon que Dieu offre au quotidien à toute personne de bonne volonté, qu’elle soit croyante ou non!

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu nous combles de toute bénédiction
par la richesse inexprimable de ta grâce ;
fais-nous passer de ce qui ne peut que vieillir
à ce qui est nouveau,
et nous serons préparés à la gloire du royaume des Cieux.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.