Homélie, vendredi après les Cendres B

16 février 2024

Pourquoi le jeûne?

Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., revoit avec nous diverses raisons pour lesquelles le jeûne alimentaire peut être une option désirable durant le Carême.
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Homélie

Dans les deux lectures d’aujourd’hui, il est question du jeûne, de la pratique et du sens du jeûne. Le prophète Isaïe lance une interpellation à propos d’une fausse conception du jeûne. « Est-ce là (dit le Seigneur) le jeûne qui me plait, un jour où l’homme se rabaisse? (…) Appelles-tu cela un jeûne, un jour agréable au Seigneur? » Dans l’évangile, les disciples de Jean-Baptiste posent à Jésus cette question : « Pourquoi, alors que nous et les pharisiens nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas? »

Sur internet, on relève de nombreuses vertus thérapeutiques du jeûne sur la santé.  En plus de la diminution de la masse pondérale, on ajoute divers effets sur les parties du corps, comme par exemple des cheveux plus brillants, des dents plus blanches, des jolis ongles … A vous de vérifier si cela vous tente!

Le jeûne joue un rôle important dans plusieurs religions. Le ramadan, jeûne islamique, est l’un des cinq piliers de cette religion. Le yan kippour a un rôle semblable pour les juifs. Pour Gandhi, hindouiste, le jeûne est devenu le signe le plus visible de sa protestation fondée sur la non-violence.

Pour nous chrétiens, le jeûne peut être interprété de diverses manières. J’en relève trois.

  1. Le jeûne est lié à une histoire. On peut pratiquer le jeûne en souvenir de Jésus au désert. Ce fut pour Jésus un temps de discernement sur le sens de sa mission. Les trois tentations auxquelles il est soumis lui permettent de définir sa mission terrestre.
  2. Le jeûne est un temps de préparation à Pâques. L’Église nous propose trois pratiques pour le carême, les trois « p » : prière, pénitence, partage… qui nous mèneront à la célébration du grand « P » : Pâques. Dans le langage populaire, le carême est souvent identifié à un temps de jeûne : pensez aux expressions « faire son carême » … ou bien au contraire « casser ou briser son carême ». Il y a un lien intrinsèque entre le jeûne et le partage. On se prive pour partager. L’aumône du carême se veut un geste de communion avec les pauvres. De même le jeûne n’est pas étranger à la prière. Le jeûne peut nous permettre d’approfondir l’absence-présence de Dieu dans nos vies, de communier à la souffrance et à la mort de Jésus dans l’attente de sa résurrection. « Des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé; alors ils jeûneront ».
  3. Enfin le jeûne fait référence par opposition au banquet, à la fête qu’évoque l’évangile d’aujourd’hui. On retrouve plusieurs mentions de banquets dans les évangiles : les noces de Cana, la dernière Cène, le banquet du Royaume. L’eucharistie, banquet pascal, est la célébration d’une absence-présence.

Pour terminer sur une note mi-sérieuse, mi-amusante, je vous cite un texte de saint Athanase sur les divers effets du jeûne dans la vie humaine : « Le jeûne guérit les malades, il dessèche tout écoulement, il repousse les démons et expulse les pensées malsaines. Il rend l’esprit plus clair et purifie le cœur, il sanctifie le corps et transporte l’homme sur le trône de Dieu. Le jeûne est une grande force ». Qui hésiterait à jeûner après avoir entendu ces propos d’un Père de l’Église?

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

 

PRIÈRE

Que ta ta bienveillance nous accompagne, Seigneur,
durant ce temps de pénitence qui vient de commencer,
afin que la discipline imposée à notre corps
soit aussi pratiquée d’un cœur sincère.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.