Homélie, jeudi après les Cendres B

15 février 2024

Une invitation au vrai bonheur

Aujourd’hui, Gustavo Adolfo Garay Ortega nous explique que, même si l’invitation de Jésus à « porter sa croix » ne résonne pas forcément avec certaines valeurs modernes de notre société, elle n’en est pas moins un chemin sûr vers notre propre bonheur et celui des autres.
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Commentaire

Nous venons d’entamer le chemin de quarante jours, afin de préparer nos cœurs et nos vies à la grande fête de la Pâques. Hier, avec les cendres, nous étions invités à prendre conscience de notre fragilité humaine. Le frère André le soulignait bien dans son homélie en nous invitant à « entrer dans le secret de nos cœurs pour partager le secret du cœur de Jésus ». Même si nous ne sommes que poussière, c’est la communion avec le Christ qui transformera nos vies. Voilà, la clé pour comprendre les paroles de Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui et que la liturgie nous propose à chaque année, après le mercredi des cendres : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive ».

Aujourd’hui, avec toutes les avancées technologiques et les propositions du monde postmoderne où, par exemple, le portrait de la vie heureuse est très matériel (l’argent, la réussite économique, la beauté extérieure, le pouvoir d’achat, la célébrité, l’apparence, les followers, les réseaux sociaux, etc.) l’invitation à prendre sa croix et suivre le Christ, n’est pas vraiment attirante.

Nous pouvons donc nous questionner à propos de : qui sont-ils ceux et celles qui réussissent dans leur vie? Qui pouvons-nous mentionner comme ceux ou celles qui ont gagné dans leur vie? Selon les critères de notre société contemporaine, ce sont tous ceux qui occupent les premiers rangs dans les différentes activités humaines, autrement dit, ceux et celles qui sont au-dessus des autres, par-dessus le reste de l’humanité. Totalement le contraire de ce que le passage de l’évangile de Luc nous dit aujourd’hui.

Nous débutons le Carême avec ce texte biblique de Luc qui nous annonce le destin de Jésus : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup… ». On le sait, les événements se sont effectivement déroulés ainsi. Le message du Règne de Dieu proclamé par Jésus n’a pas fait l’unanimité auprès de ceux qui occupait les premiers rangs dans le peuple d’Israël. On cherchait à le faire taire, mais Jésus est resté fidèle à sa mission : annoncer l’amour de Dieu, même si ça dérangeait les autorités religieuses de son temps, au point d’être condamné à mort, et une mort sur la croix.

C’est dans le scandale même de la croix, par sa propre mort, que l’amour de Dieu a démontré sa plus grande expression : l’amour a vaincu la mort, le Père l’a ressuscité au troisième jour.

J’insiste, encore et toujours, Jésus invite : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive ». Il est nécessaire de clarifier que la croix à prendre est celle du Christ-Ressuscité, c’est-à-dire, la croix de l’amour, la croix « d’aimez-vous les uns les autres comme j’ai vous aimé », la croix qui devient la nôtre à chaque fois que nous faisons l’effort d’aimer nos frères et sœurs comme le Christ et, surtout, ceux ou celles que l’on a de la difficulté à aimer ou que l’on aime considérablement moins.

Cependant, avant de prendre sa croix, il faut renoncer à soi-même. C’est une expression difficile à expliquer. Pour moi, cette renonciation se manifeste par le rejet de projets personnels égoïstes et qui ne bénéficient pas aussi les autres. Autrement dit, c’est le choix de la conversion, le changement d’attitude, l’abandon à la miséricorde Dieu. Hier justement, le frère André nous invitait à nous recycler pour renaître avec le Ressuscité. N’oublions pas que cette renonciation n’est pas une absence de liberté, mais que c’est, au contraire, la confiance pleine en la miséricorde de Dieu, la confiance en l’exemple du Christ qui s’abandonne au Père dans le sacrifice de la croix.

Mais attention, il faut éviter de tomber dans le piège d’aller aux extrêmes, surtout sans être pleinement conscient du but de nos actions et particulièrement lorsqu’il s’agit de pratiques de pénitence que ce temps du carême invite davantage à mettre en pratique. Notre vie spirituelle a besoin d’un équilibre. Renoncer à soi-même et prendre sa croix ne doit pas être identifié aux pratiques masochistes, torturantes et insupportables; au contraire, il faut toujours garder à l’esprit que le sens de « perdre sa vie pour la sauver » c’est la résurrection, c’est l’ouverture au bonheur de la vie, les petits bonheurs de chaque jour qui se font uniquement par amour. Le carême, c’est donc une occasion d’imiter le Christ, d’essayer d’aimer plus intensément, autrement, comme il l’a fait.

Gustavo Adolfo Garay Ortega

 

PRIÈRE

Que ta grâce inspire et précède notre action,
nous t’en prions, Seigneur,
qu’elle la soutienne et l’accompagne,
pour que toutes nos activités prennent leur source en toi
et reçoivent de toi leur achèvement.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.