Homélie, lundi, 6e semaine du Temps Ordinaire

12 février 2024

Les plus beaux signes de sa présence

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous parle de l’incapacité qu’ont certaines personnes à se satisfaire de l’amour, de la compassion et de la guérison comme signes de la présence de Dieu.
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Homélie

Dans le récit d’aujourd’hui, nous assistons à une autre manifestation de l’hostilité des pharisiens à l’endroit de Jésus. Même si ces derniers étaient perçus, par le public juif, comme des gens très religieux, ils étaient incapables de reconnaître en Jésus le Messie promis. Bien sûr, Jésus donnait, par les guérisons qu’il opérait, des signes de compassion qui pouvaient renvoyer à la bonté de Dieu. Par-contre, il avait un enseignement et des comportements qui mettaient en question certains préceptes de la tradition de la Loi de Moïse. Les pharisiens voyaient là une incohérence inacceptable de la part d’un homme qui annonçait le Royaume de Dieu. D’où leur demande d’un super-signe auquel personne n’aurait pu résister.

Pourquoi donc les pharisiens posaient-ils une telle exigence? Parce que Jésus venait bousculer leur vision de Dieu. En effet, Jésus présentait un Dieu miséricordieux, un Dieu qui accueille tous les pécheurs et non pas seulement ceux et celles qui réussissaient à respecter les préceptes de la Loi. La parabole du pasteur qui laisse son troupeau pour aller chercher sa brebis égarée est très suggestive à ce propos (Lc 15,3-7). Face à cette vision d’un Dieu rempli de compassion pour les pécheurs, les pharisiens proposaient plutôt la figure d’un Dieu qui châtie, qui punit les égarés et les impurs. Eux, ils sacralisaient la Loi au point de mettre dans l’ombre la figure d’un Dieu qui, par amour, tenait absolument à sauver les pécheurs. Face à leur légalisme étroit, Jésus ne disait-il pas, pour manifester la relativité du repos du sabbat : « Le sabbat a été fait pour l’homme et non pas l’homme pour le sabbat » ? (Mc 2,23)

En plus de son enseignement, les relations sociales de Jésus faisaient problème. Il ne respectait pas les règles de conduite d’un bon juif. Ne fréquentait-il pas des païens, entre autres des Romains? Ne rencontrait-il pas ouvertement des gens médiocres qui ne cherchaient pas vraiment à respecter les préceptes de la Loi? N’accueillait-il pas dans son entourage des femmes de mauvaise vie ? En affirmant l’exigence de l’amour du prochain, et même de l’ennemi, il faisait éclater le cadre des lois religieuses traditionnelles. D’où la résistance prononcée des pharisiens.

Jésus, comme le rapporte l’évangile, a refusé la demande de signes autres que ceux qu’il donnait par les guérisons opérées et l’enseignement nouveau qu’il offrait. Pour bien des juifs, ces signes suffisaient pour qu’ils croient en Jésus et s’engagent à sa suite. Mais les pharisiens en voulaient davantage. De fait, leur démarche les faisait sortir du domaine de la foi. C’est comme s’ils voulaient que Jésus leur fasse voir Dieu pour être convaincus que Jésus était bel et bien son envoyé.

Reconnaissons que cette exigence de signes extraordinaires pour croire au Christ Jésus, nous la rencontrons encore aujourd’hui. Beaucoup de contemporains ne veulent pas se contenter des signes de compassion que donnent les communautés chrétiennes en présence de populations souffrantes. Ils n’arrivent à lire ces signes qui laissent entrevoir le visage du Christ. Nous sommes ainsi placés devant le mystère du salut qui est actif au cœur de notre histoire. Dieu s’y fait présent, mais ne s’impose jamais. C’est le contraire qu’auraient pourtant souhaité les pharisiens. En Jésus, Dieu a montré que c’est la voie de l’amour de l’autre qui conduit à une communion profonde avec Lui. Chemin souvent mal accepté et mal accueilli. Ce constat laisse voir que le plongeon dans la foi est difficile. Pourtant, c’est dans ce plongeon que le Christ Jésus nous attend. Lui faire confiance, voilà l’attitude qui mène à la Vie en plénitude.

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu de puissance et de miséricorde,
éloigne de nous, dans ta bonté,
tout ce qui nous arrête,
afin que sans aucune entrave, ni d’esprit ni de corps,
nous accomplissions d’un cœur libre ce qui vient de toi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.