10 février 2024
L'amour pour tous
Aujourd’hui, le frère Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P., attire notre attention moins sur le miracle dans l’évangile du jour que sur ce qui pousse Jésus à l’accomplir : l’amour et la compassion pour les foules.
PREMIER LIVRE DES ROIS (12, 26-32 ; 13, 33-34)
En ces jours-là, devenu roi des dix tribus d’Israël, Jéroboam se dit : « Maintenant, le royaume risque fort de se rallier de nouveau à la maison de David. Si le peuple continue de monter à Jérusalem pour offrir des sacrifices dans la maison du Seigneur, le cœur de ce peuple reviendra vers son souverain, Roboam, roi de Juda, et l’on me tuera. » Après avoir tenu conseil, Jéroboam fit fabriquer deux veaux en or, et il déclara au peuple : « Voilà trop longtemps que vous montez à Jérusalem ! Israël, voici tes dieux, qui t’ont fait monter du pays d’Égypte. » Il plaça l’un des deux veaux à Béthel, l’autre à Dane, et ce fut un grand péché.
Le peuple conduisit en procession celui qui allait à Dane. Jéroboam y établit un temple à la manière des lieux sacrés. Il institua des prêtres pris n’importe où, et qui n’étaient pas des descendants de Lévi. Jéroboam célébra la fête le quinzième jour du huitième mois, fête pareille à celle que l’on célébrait en Juda, et il monta à l’autel. Il fit de même à Béthel en offrant des sacrifices aux veaux qu’il avait fabriqués ; il établit à Béthel les prêtres des lieux sacrés qu’il avait institués.
Jéroboam persévéra dans sa mauvaise conduite ; il continua d’instituer n’importe qui comme prêtres des lieux sacrés : il donnait l’investiture à tous ceux qui le désiraient, pour en faire des prêtres des lieux sacrés. Tout cela fit tomber dans le péché la maison de Jéroboam, entraîna sa ruine et provoqua sa disparition de la surface de la terre.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MARC (8, 1-10)
En ces jours-là, comme il y avait de nouveau une grande foule, et que les gens n’avaient rien à manger, Jésus appelle à lui ses disciples et leur dit : « J’ai de la compassion pour cette foule, car depuis trois jours déjà ils restent auprès de moi, et n’ont rien à manger. Si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en chemin, et certains d’entre eux sont venus de loin. » Ses disciples lui répondirent : « Où donc pourra-t-on trouver du pain pour les rassasier ici, dans le désert ? » Il leur demanda : « Combien de pains avez-vous ? » Ils lui dirent : « Sept. »
Alors il ordonna à la foule de s’asseoir par terre. Puis, prenant les sept pains et rendant grâce, il les rompit, et il les donnait à ses disciples pour que ceux-ci les distribuent ; et ils les distribuèrent à la foule. Ils avaient aussi quelques petits poissons, que Jésus bénit et fit aussi distribuer. Les gens mangèrent et furent rassasiés. On ramassa les morceaux qui restaient : cela faisait sept corbeilles. Or, ils étaient environ quatre mille. Puis Jésus les renvoya. Aussitôt, montant dans la barque avec ses disciples, il alla dans la région de Dalmanoutha.
Homélie
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus accomplit un miracle remarquable, multipliant les pains et les poissons pour une foule affamée. Toutefois, notre attention sera meilleure si elle ne s’arrête pas au miracle, mais cherche plutôt la raison du miracle.
Il y a des choses merveilleuses qui sont faites par fierté, par vanité ou pour gagner de l’argent ou la gloire. Il y a des gens qui cherchent à attirer l’attention en faisant des choses difficiles, étranges ou risquées.
Les disciples répondent à cette foule sans nourriture par une question qui n’exprime que l’étonnement. Mais Jésus n’est ni comme ceux qui font quelque chose pour devenir protagonistes ni comme ses disciples, qui ne s’impliquent pas totalement.
Son motif, la raison de ses miracles, nous est révélé aujourd’hui : c’est la compassion. « J’ai de la compassion pour cette foule”, dit-il. Tous ces gens qui suivaient Jésus pour entendre sa parole étaient dans une situation de faiblesse, ils n’avaient pas de nourriture, ils se trouvaient dans une zone déserte, et Jésus dit : « si je les renvoie chez eux à jeun, ils vont défaillir en chemin ».
C’est pourquoi, animé par cet amour compatissant, Jésus désire non seulement satisfaire la faim physique, mais aussi la faim de Dieu, car en donnant du pain dans le désert, il révélait aussi la puissance et la compassion de Dieu, qui peut surmonter tous les obstacles. Toutes ses actions naissent de l’amour et sont dirigées vers l’amour. Cet amour compatissant et miséricordieux est la posture constante de Jésus devant les hommes. Et au-delà de la faim que nous pouvons normalement assouvir par notre travail, nous sommes tous attaqués par une faim d’un autre type, la faim de trouver un sens à la vie, et que lui seul peut assouvir.
Et Jésus, porté par son amour miséricordieux, vient à notre secours, et continue de nous offrir son amour, son amitié, sa lumière, son corps livré, son sang versé… les seuls aliments capables d’assouvir notre faim de sens, de bonheur et d’éternité.
Il est également important de noter que c’est l’amour, cet amour de compassion, qui a finalement réussi à ouvrir la voie à l’impossible. Et cela doit être noté parce que ce même amour est à notre disposition, et il peut et veut agir en nous.
Dès que nous sommes les nouveaux disciples de Jésus, notre mission est de regarder l’humanité qui souffre, qui marche en insécurité à travers les déserts parmi tant de questions et de situations menaçantes ; regarder en profondeur la faim physique et psychologique qui tourmente tant de frères afin de leur offrir du pain pour le corps et l’esprit, du travail, de l’espérance et la force d’en haut qui permet de satisfaire et de donner un sens à l’existence.
Quand chaque personne est découverte et valorisée dans son extraordinaire dignité, en plus d’être respectée dans toute son intégrité, elle est alors véritablement intégrée à la communauté et à la société.
Fr. Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P.
PRIÈRE
En célébrant la mémoire de la bienheureuse vierge Scholastique,
Seigneur, nous te prions :
fais qu’à son exemple,
nous te servions avec une charité sans faille
et que nous obtenions avec bonheur les bienfaits de ton amour.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.