2 février 2024
Entre l'aube et le crépuscule

LETTRE AUX HÉBREUX (2, 14-18)
Puisque les enfants des hommes ont en commun le sang et la chair, Jésus a partagé, lui aussi, pareille condition : ainsi, par sa mort, il a pu réduire à l’impuissance celui qui possédait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et il a rendu libres tous ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d’esclaves. Car ceux qu’il prend en charge, ce ne sont pas les anges, c’est la descendance d’Abraham.
Il lui fallait donc se rendre en tout semblable à ses frères, pour devenir un grand prêtre miséricordieux et digne de foi pour les relations avec Dieu, afin d’enlever les péchés du peuple. Et parce qu’il a souffert jusqu’au bout l’épreuve de sa Passion, il est capable de porter secours à ceux qui subissent une épreuve.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (2, 22-40)
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple.
Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui. Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de 84 ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
Homélie
Dès le début de ses écrits, dont est tiré le passage évangélique d’aujourd’hui, Luc nous enseigne qui est Jésus. Et pour ce faire, il utilise la figure de deux vieillards vénérables, caractérisés par leur ardent espoir de libération du peuple.
La fête d’aujourd’hui nous rappelle que la vie de Jésus était pleinement inscrite dans les traditions juives. La purification de la mère et la présentation de l’enfant constituaient deux rites ordonnés par la loi mosaïque, quarante jours seulement après la naissance.
Siméon et Anna, deux personnes âgées, nous disent que le temps n’existe pas pour Dieu. Il tient ses promesses tout au long de l’histoire. L’expérience de Siméon, avoir vu de ses yeux le salut de Dieu, est une profonde invitation à avoir confiance dans l’accomplissement des promesses de Dieu et à attendre fermement, et aussi longtemps que nécessaire, sachant que nous ne mourrons pas pour toujours, mais que nous verrons le Sauveur.
Luc met ainsi sur les lèvres de Siméon la parole qui, selon la foi de chacun de nous, définit l’identité de Jésus : il est le Sauveur. Luc insistera également dans son évangile pour montrer la dimension compatissante ou miséricordieuse de Jésus, notamment à l’égard des pauvres, des nécessiteux et de ceux considérés comme « pécheurs » par la religion officielle.
La joie de la foi de Siméon nous fait comprendre que chaque fois que nous rencontrons un être humain issu d’une profonde expérience de foi, d’espérance et d’amour, mais aussi de justice et de piété, nous sommes poussés et habilités par l’Esprit Saint à découvrir la présence de Dieu en elle.
Les paroles révélatrices de Siméon en homme juste et pieux nous invitent à voir avec les yeux de la foi, soutenus par l’action du Saint-Esprit, l’œuvre de sa grâce autour de nous, même dans les temps sombres où tous nos efforts et nos espérances semblent être vains.
Chaque fois que ces expériences éveillent notre regard pour reconnaître notre prochain, aller à sa rencontre et le traiter avec dignité comme présence vivante de Dieu, la foi nous éclaire pour reconnaître l’accomplissement de sa Parole également dans les événements quotidiens.
Aujourd’hui, nous célébrons une rencontre passionnante entre l’aube et le crépuscule, entre un bébé et un vieil homme, entre la vie qui décline et ne demande qu’un refuge de paix, et la vie qui surgit et donne sa splendeur et sa lumière.
En terminant, j’aimerais souligner que nous célébrons aujourd’hui la Journée mondiale de la vie consacrée. C’est donc un jour pour prier pour les religieux et les religieuses qui ont consacré leur vie à Dieu, le servant par leur présence et leur dévouement au sein de la société.
Fr. Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P.
PRIÈRE
Dieu éternel et tout-puissant, Dieu de majesté,
nous t’adressons cette prière :
puisque ton Fils unique, ayant pris notre chair,
fut en ce jour présenté dans le Temple,
fais que nous puissions, avec une âme purifiée,
être présentés devant toi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.