Homélie, lundi, 3e semaine du Temps Ordinaire

22 janvier 2024

Un mystère déstabilisant

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous explique la gravité de la faute des scribes lorsqu’ils accusent Jésus d’être l’allié de Satan, lorsqu’ils basculent dans le mensonge pour discréditer un adversaire.
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Homélie

L’évangile d’aujourd’hui vient nous rappeler, une fois de plus, que Jésus dérangeait sérieusement les autorités religieuses de Jérusalem. Face à ce personnage qui ne correspondait pas à l’image qu’elles se faisaient d’un envoyé de Dieu, ces autorités avaient délégué des spécialistes de la religion juive, des scribes, dans le but de détruire sa crédibilité aux yeux du peuple. Car elles constataient que son influence pouvait devenir dangereuse pour le maintien de l’ordre établi. Non seulement il attirait de plus en plus de gens à cause de ses nombreuses guérisons mais son interprétation de plusieurs préceptes de la Loi ne concordait pas avec celle de la tradition. En plus, les autorités apprenaient que bien des gens du peuple ne se gênaient pas pour exprimer ouvertement leur admiration à son endroit, et ce, tant pour son pouvoir de guérison que pour son enseignement qu’ils trouvaient libérateur. Bref, Jésus faisait problème pour les autorités. À leurs yeux, il fallait absolument réduire au maximum son influence.

Retenons d’abord que les scribes envoyés à la rencontre de Jésus n’avaient pas pour mission d’entrer en dialogue avec lui. Pas davantage pour mission de chercher à comprendre les motifs qui guidaient son action. Ils n’avaient pas, non plus, pour mission de faire un relevé des gestes de compassion qu’il posait en faveur des malades et des personnes marginalisées. Un seul objectif : détruire sa crédibilité. Et pour cela, porter contre lui une accusation extrémiste, pourrait-on dire : « Ce Jésus est possédé par Béelzéboul; c’est par le chef des démons qu’il expulse les démons ».

Pour Jésus, pour ses disciples, pour les observateurs sur place, une telle accusation devait être irrationnelle et indéfendable. En effet, comment affirmer que le chef des forces du mal ait pu engendrer tout le bien que Jésus avait fait, en particulier par le biais de ses guérisons? Ne fallait-il pas attribuer cette accusation à une volonté explicite de ne pas tenir compte de la réalité des faits et d’en faire une interprétation tout à fait malveillante et faussée? D’ailleurs Jésus s’est permis de relever leur propos contradictoire : « Si Satan s’est dressé contre lui-même, s’il est divisé, il ne peut pas tenir; c’en est fini de lui. » Effectivement, par leur intervention, les scribes étaient passés du côté de Béelzéboul, par la voie du mensonge, afin d’étouffer l’œuvre de Jésus. Ils étaient devenus des suppôts de Satan.

Il faut l’avouer, les actions et les paroles de Jésus déroutaient souvent ses propres admirateurs et admiratrices de même que ses disciples. Il n’y a pas que les autorités religieuses de Jérusalem qui étaient dépassées par le phénomène qu’était Jésus. Car il y avait chez lui quelque chose d’insaisissable, il y avait chez lui un mystère qui déstabilisait. Les scribes n’ont pas eu l’humilité de le reconnaître. Pour accomplir leur mission, ils ont bafoué la vérité. Et en tablant sur le prestige que les gens du peuple leur accordaient, en tablant sans doute aussi sur la frustration engendrée par le mystère qui entourait Jésus, ils ont adopté une stratégie qui devait fortement réduire son influence auprès du peuple.

Aujourd’hui, que de gens dans nos sociétés modernes ne veulent pas reconnaître ce que Jésus a été et pas davantage ce qu’il a apporté à notre monde. Pour eux, tout le discours religieux chrétien est du non-croyable et du non-recevable. De toute évidence, ils ne parviennent pas à plonger, même partiellement dans la foi. Ils restent attachés à une vision matérialiste de la destinée humaine. En conséquence, ils sont incapables de reconnaître en Jésus le sauveur envoyé par Dieu le Père. Ils partagent ainsi, à leur façon, l’aveuglement dont étaient responsables les autorités religieuses de Jérusalem. Un tel aveuglement spirituel, comme on l’a vu au cours de l’histoire, mène souvent à la persécution.

Sachons donc, ce matin, rendre grâce à Dieu pour le don de la foi. Et prions pour que de plus en plus d’hommes et de femmes reconnaissent en Jésus le Christ sauveur qui mène à la Vie en plénitude.

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
dans ta bienveillance, dirige nos actions,
afin qu’au nom de ton Fils bien-aimé,
nous portions des fruits en abondance.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.