Homélie, mercredi, 2e semaine du Temps Ordinaire

17 janvier 2024

Le sabbat, un jour de guérison?

Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., regarde avec nous comment Jésus « transgresse » la loi (selon les pharisiens) tout en la respectant pourtant dans son but premier d’amour et de vie.
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Homélie

« Est-il permis d’opérer une guérison le jour du sabbat? » C’est la question que se posaient certains Juifs rassemblés dans une synagogue avec Jésus. Pour nous, aujourd’hui, la question serait peut-être : « Est-il permis de travailler le dimanche, jour du Seigneur? »

Le sabbat est un mot, une réalité qui déborde la religion juive. Dans le langage laïque, on parle de congé sabbatique, d’année sabbatique. Le sabbat évoque le repos.

Quel est le rapport de Jésus avec le sabbat, plus largement avec la loi mosaïque? Jésus a observé la Loi. Sa parole là-dessus est claire : « Ne croyez pas que je suis venu pour abolir la loi et les prophètes, je suis venu non pour abolir mais accomplir ». Le sabbat est une ordonnance qui remonte à la création et concerne toute l’humanité. Dans la Genèse (2,3), il nous est dit que « Dieu bénit le 7ième jour et le sanctifia parce qu’en ce jour il se repose de toute son œuvre qu’il avait créée ». Au livre de l’Exode (20,8), l’un des commandements de Dieu se réfère à l’observance du sabbat : « Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier. Le 7ième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu … ». Et pourtant, dans l’Évangile, on voit Jésus prendre une distance par rapport à la Loi, en guérissant un malade le jour du sabbat. Jésus a été très explicite sur ce point quand il énumère certains aspects de la Loi pour les contester : « Il vous a été dit … et moi je vous dis ». À « œil pour œil, dent pour dent », Jésus exige de ne pas résister au méchant; à « tu ne commettras pas d’adultère », Jésus demande de ne pas regarder une femme pour la convoiter; à « tu aimeras ton prochain », Jésus ajoute « aimez vos ennemis ». Voilà ce qui est pour Jésus l’accomplissement de la Loi.

Comment concilier, à l’exemple de Jésus, la mise en question de la loi et le respect de la Loi? Du message évangélique, je retiendrais trois points : 1. La loi est au service de l’homme et non pas l’inverse, au service de la vie et non pas de la mort. Donner à manger, guérir un malade sont autant d’actes de vie qui l’emportent sur les règles de comportement rituel. 2. Il faut sortir du permis et du défendu. La loi chrétienne est une invitation à vivre à l’image du Christ, à cheminer à sa suite vers un idéal de sainteté. Saint Paul dira aux Corinthiens : « Soyez mes imitateurs, car je le suis moi-même du Christ ». 3. Apprendre à discerner entre l’essentiel et le secondaire. La grande loi de l’amour prime sur tout. C’est le premier et unique commandement.

Jésus accuse les pharisiens d’avoir changé le sens du sabbat : alors qu’il devait être un bienfait pour l’homme et un repos grâce à miséricorde divine, ils en ont fait une malédiction. A nous de vivre nos dimanches comme mémorial de la victoire de la vie sur la mort, à manifester à la manière de Jésus la grâce de Dieu par des gestes de guérison, à entrer avec le Christ dans son repos.

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
tu as donné au bienheureux abbé Antoine
de te servir au désert
par une admirable manière de vivre;
accorde-nous, à son intercession,
de renoncer à nous-mêmes
pour t’aimer sans cesse et plus que tout.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.