12 janvier 2024
Donne sa vie
PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE AUX THESSALONICIENS (2, 2b-8)
Nous avons trouvé en notre Dieu pleine assurance pour vous annoncer, au prix de grandes luttes, l’Évangile de Dieu. Et quand nous vous exhortions, ce n’était pas avec des doctrines fausses, ni des motifs impurs, ni par ruse.
En effet, pour nous confier l’Évangile, Dieu a éprouvé notre valeur, de sorte que nous parlons, non pas pour plaire aux hommes, mais à Dieu, lui qui met nos cœurs à l’épreuve. Jamais, nous n’avons eu un mot de flatterie, vous le savez, jamais de motifs intéressés, Dieu en est témoin; jamais nous n’avons recherché la gloire qui vient des hommes, ni auprès de vous ni auprès d’autres personnes.
Alors que nous aurions pu nous imposer en qualité d’apôtres du Christ, au contraire, nous avons été pleins de douceur avec vous, comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons. Ayant pour vous une telle affection, nous aurions voulu vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais jusqu’à nos propres vies, car vous nous étiez devenus très chers.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT JEAN (15, 9-17)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples: «Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.
«Mon commandement, le voici: Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.
«Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Voici ce que je vous commande: c’est de vous aimer les uns les autres.»
Homélie
Aujourd’hui, l’Église célèbre la mémoire liturgique de sainte Marguerite Bourgeoys, originaire de France, mais considérée comme la première sainte canadienne et l’une des fondatrices de Montréal, nommée Ville-Marie à cette époque-là. Comme vous le savez mieux que moi, elle a entièrement consacré sa vie aux plus démunis, dès l’âge de 20 ans.
Interprétant la demande d’un enseignant d’école par le gouverneur de Montréal comme un signe de l’appel de Dieu, elle quitta la France en 1652, et après quelques années en Nouvelle France, elle ouvrit la première école à Montréal en 1658. Plus tard, en 1671, l’esprit de cette grande sainte l’amène à fonder au Canada la première congrégation féminine non cloîtrée de l’histoire de l’Église : les Sœurs de la Congrégation de Notre-Dame.
Dès le début, elle et ses sœurs se consacrent à dispenser un enseignement humain et chrétien tant dans les écoles que dans les paroisses. Active jusqu’à sa mort, en 1700, elle a également établi des liens respectueux avec les Premières Nations et a accueilli les immigrants, dont les Filles du Roi à qui elle a appris à survivre dans le nouveau continent.
À la lumière du dévouement aimant et généreux de sainte Marguerite Bourgeoys, après l’appel de Dieu, nous pouvons réfléchir sur le thème de l’évangile de cette journée :
L’amour de Dieu se manifeste en Jésus, le Fils, et l’amour de Jésus se manifeste en nous, les enfants. En même temps, appelés par lui, nous surmontons la condition d’esclaves et recevons la Bonne Nouvelle d’être enfants de Dieu. Nous pouvons être sûrs de l’amour du Père.
C’est pourquoi nous sommes appelés à nous aimer les uns les autres de manière solidaire. Nous sommes sans aucun doute au cœur de la Bonne Nouvelle. Reprenons une phrase fondamentale : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ».
Nous pouvons connaître l’amour de Dieu parce que Jésus est la preuve visible de cet amour, et c’est un point clé de notre foi. Nous connaissons Dieu parce que nous avons vu à quoi ressemble Jésus : celui qui guérit tout ce qu’il trouve, celui qui fait toujours preuve de compassion même lorsqu’il enfreint la loi, celui qui cherche avant tout les pécheurs parce que ce sont eux qui ont le plus besoin de lui, celui qui porte son dévouement jusqu’à la mort et la mort sur une croix.
C’est la moralité la plus exigeante qu’on puisse imaginer. Et la plus honorable car elle n’est pas basée sur des récompenses ou des punitions. Vivre dans l’amour et donner sa vie pour les autres, c’est ce qui est le plus exigeant.
Encore une chose à garder à l’esprit : le fait de se sentir aimé de Dieu requiert une réponse de notre part et c’est celle de la mission. Parce que nous nous sentons aimés de Dieu, nous pouvons devenir la marque de la présence de l’amour de Dieu dans le monde, en aimant notre prochain et donnant notre vie pour eux.
Laissons-nous interpeller par cet évangile pour nous sentir stimulés à construire le rêve de Jésus, qui est le rêve du Père. Nous n’avons pas seulement supposé que vivre notre foi, c’est répondre à l’intérêt constant de Dieu le Père pour moi, pour nous tous ; prenons le temps de nous intéresser au monde avec le même regard que celui de Dieu. C’est ainsi que Jésus, le Fils aimé de Dieu, l’a compris et vécu : nous y sommes invités.
Sainte Marguerite Bourgeoys a été canonisée en 1982 par Jean-Paul II. Elle a su incarner, dans sa propre vie, l’enseignement central de Jésus qui invite à donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Fr. Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P.
PRIÈRE
Père éternel et tout-puissant,
tu as appelé sainte Marguerite Bourgeoys à quitter son pays,
au nom de sa foi, pour former la jeunesse à la vie chrétienne.
Permets qu’à son exemple et à sa prière,
nous puissions, par nos paroles et notre conduite,
proclamer, sur toutes les routes qui mènent à toi,
la présence et l’amour du Verbe Incarné,
Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur.
Lui qui règne avec toi, dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.