Homélie, mardi, 1ère semaine du Temps Ordinaire

9 janvier 2024

Puissance, autorité, libération !

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous raconte comment Jésus, comme première action publique de guérison, a libéré un homme qui avait été profondément troublé par son enseignement.
puissance-autorite-liberation

Homélie

Le récit de l’évangéliste Marc nous fait assister, en quelque sorte, à la première intervention publique de Jésus. C’était à Capharnaüm. Et là, la puissance insoupçonnée de Jésus s’est manifestée avec force. Pour les personnes présentes dans la synagogue, Jésus a été la source d’une bouleversante surprise. Il a manifesté une autorité qui a fait éclater les attentes spontanées des gens. D’une part, il a tenu un discours original, un discours qu’on ne rencontrait pas chez les scribes, pourtant des spécialistes de la religion juive. Car il a enseigné de manière différente. D’ailleurs sa parole a provoqué immédiatement une réaction forte de la part de l’un des fidèles. D’autre part, il a montré explicitement qu’il avait le pouvoir de contrôler l’esprit du mal qui habitait ce juif qui l’a interpellé. Les gens ont donc assisté, lors de cette première intervention de Jésus, au dévoilement, au moins partiel, de sa puissance et de sa mission.

Le récit nous amène à constater que l’enseignement de Jésus a provoqué une réaction intense chez l’homme à l’esprit impur. L’enseignement de Jésus a vraiment fait sortir le mal présent dans le cœur de ce juif pratiquant. Retenons que cet homme était sans doute sain d’esprit pour appartenir de plein droit à la communauté. Il devait y être présent régulièrement. Mais sa forte réaction à l’enseignement de Jésus : « Es-tu venu pour nous perdre? » montre qu’il avait été profondément choqué par les propos de Jésus. Qu’est-ce que Jésus avait remis en question chez lui? Est-ce sa vision de la perfection religieuse? Est-ce ses pratiques financières? Est-ce la nature de ses relations avec les pauvres? On ne le sait pas. Mais on peut deviner que l’enseignement de Jésus a fait surgir le mal qui était en lui et qu’il ne voyait pas.

Jésus a immédiatement perçu, à partir de la réaction extrême de cet homme, que l’esprit mauvais l’avait lié et le tenait sous sa domination. Et c’est là que Jésus a révélé son autorité sur l’esprit mauvais : « Tais-toi ! Sors de cet homme ».

La bonne nouvelle ici, c’est que Jésus s’est montré capable de contrôler les forces du mal. C’est ce qui a d’ailleurs fortement impressionné les observateurs présents dans la synagogue : « Saisis d’effroi, ils se disaient entre eux : (…). Il commande avec autorité et puissance aux esprits impurs et ils sortent. »

Nous ne pouvons pas lire aujourd’hui ce récit évangélique sans reconnaître la présence du mal, tant dans nos organisations sociales et politiques que dans nos propres cœurs. La parole de l’Évangile vient d’ailleurs régulièrement questionner et bousculer nos attitudes et nos façons de vivre. De fait, la parole de Jésus dérange autant aujourd’hui que lors de la confrontation avec le juif de la synagogue. La lucidité évangélique, bien sûr, n’est pas donnée à tous avec la même intensité. Il reste que les chrétiens et chrétiennes sont invités à reconnaître leurs besoins de libération, et à le faire en cheminant avec les personnes qui partagent leur foi et leur espérance.

Reconnaître l’autorité du Christ Jésus, telle est la voie qui permet d’accueillir le grand projet de l’émergence du Royaume de Dieu. En nous appuyant sur lui, nous pouvons penser que nous pouvons devenir capables de lutter contre les forces du mal et ainsi travailler à l’émergence d’un monde selon le cœur de Dieu. De la sorte, la libération que Jésus a réalisée dans la synagogue de Capharnaüm peut laisser entrevoir la libération que le Seigneur opère au cœur de notre monde actuel. Puissions-nous en rendre grâce !

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu, source de tout bien,
réponds sans te lasser à notre appel :
inspire-nous de discerner ce qui est juste
et dirige-nous pour que nous puissions l’accomplir.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.