Homélie, mardi, Octave de Noël

26 décembre 2023

Attachement au Christ Jésus

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous parle  de la persécution des chrétiennes et chrétiens dans le monde telle qu’elle était dans le temps de saint Étienne, le premier martyr de l’Église.
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Homélie

Nous avons le récit, dans la première lecture (Ac 6,8-10.54-60), du martyre du diacre Étienne. C’était en l’an 36, à Jérusalem. Et depuis ce moment, comme nous l’apprend l’histoire de l’Église, la persécution des chrétiens n’a jamais cessé. La parole de Jésus était donc très pertinente quand il disait à ses apôtres : « Méfiez-vous des hommes : ils vous livreront aux tribunaux et vous flagelleront dans leurs synagogues. »

Bien des chrétiens et chrétiennes d’aujourd’hui disent ne pas comprendre la haine et la violence que subissent les chrétiens dans différents pays du monde. En s’exprimant de la sorte, ils oublient, comme le rappellent les historiens, que les chrétiens, par leurs croyances et leur choix de valeurs, ont été et sont encore des menaces pour bien des régimes politiques et pour bien des religions. Ils sont régulièrement perçus comme des traitres à la nation, comme des personnes non entièrement loyales à l’État ou encore à la religion nationale. Ce fut d’ailleurs la perception des autorités de l’empire romain, dès la seconde moitié du premier siècle. Elles ont constaté que les chrétiens ne reconnaissaient pas l’empereur comme un être divin, qu’ils refusaient de participer aux célébrations publiques liées au culte rendu à l’empereur. C’était, à leurs yeux, un signe bien suffisant pour surveiller de près ces hommes et ces femmes qui se reconnaissaient disciples de Jésus. Les autorités romaines en arrivaient à la conclusion qu’elles ne pouvaient pas se fier aux chrétiens. Ils étaient, potentiellement, des personnes qui représentaient un facteur d’instabilité sociopolitique.

Aujourd’hui, quand on considère les agissements des régimes politiques totalitaires ou les régimes qui ne font de place qu’à la religion musulmane, on voit bien que la dynamique est semblable à ce qu’elle était déjà au premier siècle : les autorités politiques répriment le catholicisme, car il est considéré comme une menace. Ainsi, en 2022, les résultats d’une enquête internationale révélaient que 360 millions de chrétiens étaient persécutés dans le monde. On ne retenait pas ici, comme signes de persécution, que les condamnations à mort ou les emprisonnements à vie, ou encore les expulsions hors du pays d’appartenance, mais aussi la destruction des lieux de culte et les surveillances électroniques ininterrompues. Figuraient fort bien dans cette liste de pays persécuteurs la Corée du Nord, la Chine, l’Iran, l’Inde mais aussi le Nicaragua, petit pays d’Amérique centrale. On ajoutait, dans ce rapport, que la persécution anti-chrétienne s’était intensifiée au cours des trente dernières années. Et à la question : « Cette persécution va-t-elle diminuer dans un avenir rapproché ? », les analystes ont répondu que c’était peu probable. Car les pays qui se sentent présentement menacés dans leur identité culturelle et dans leur stabilité politique ne réduiront pas leur répression.

Sombre perspective pour tous ces chrétiens et chrétiennes qui, dans des conditions d’intolérance religieuse, veulent continuer d’exprimer leur attachement au Christ Jésus. Participer à la mission de Jésus Christ aujourd’hui, c’est, pour eux, participer à son destin tragique. Bien sûr, la violence exercée n’a pas toujours la même intensité. Dans les pays où la liberté religieuse est reconnue, il arrive de plus en plus souvent que les gens « sans religion » veulent faire disparaître toute référence à une transcendance. Aux yeux de bien des intellectuels à la mode, le salut de l’homme doit être intramondain et ne compter que sur les ressources humaines. Il en découle un appauvrissement énorme de la vision de la destinée de l’être humain. S’opère ainsi l’étouffement de la vision chrétienne de l’existence. Persécution douce, mais efficace, comme l’observent bien des analystes de nos sociétés. Nous revenons de la sorte à la parole de Jésus : « Vous serez détestés de tous à cause de mon nom; mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. »

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Puisque nous célébrons la naissance au ciel du bienheureux Étienne
qui a su prier pour ses persécuteurs,
donne-nous, Seigneur, d’imiter ce que nous célébrons
pour apprendre à aimer jusqu’à nos ennemis.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.