Homélie, lundi, 2e semaine de l’Avent

11 décembre 2023

Porteurs de nos frères

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous invite à prendre en exemple les porteurs du paralysé qui cherche à être guéri par Jésus en amenant nous-même au Christ les personnes isolées de nos communautés respectives.
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Homélie

Le récit évangélique du jour s’articule sur deux lignes de fond. D’une part la contestation, par les pharisiens et les docteurs de la Loi, de l’autorité que Jésus se donne en se permettant de pardonner les péchés; d’autre part, l’expression éloquente, par le paralysé et ses porteurs, d’une foi intense dans la capacité qu’a Jésus de guérir les maladies les plus sévères.

Ce matin, notre attention portera uniquement sur la foi du paralysé et de ses porteurs. Cette foi est audacieuse et suggestive pour les croyants et croyantes que nous sommes. Elle est d’autant plus suggestive que nous vivons maintenant dans un contexte socioculturel où les non-chrétiens constituent la majorité de la population du Québec. Pour cette raison, les attitudes et comportements des porteurs du paralysé nous interpellent et, en même temps, nous guident. Nous constatons d’abord que les porteurs sont tout à fait décidés à amener le paralysé jusqu’à Jésus; ils ne se découragent pas malgré l’obstacle apparemment insurmontable auquel ils sont confrontés. En effet, la maison était déjà remplie de gens quand ils se sont présentés sur les lieux. Ils ont été inventifs et astucieux. Ils ont décidé de faire entrer le paralysé par le toit. Avec un sans gêne évident, ils ont hissé le paralysé sur la résidence et ont créé dans la toiture un espace suffisant pour le faire descendre en face de Jésus.

Une telle entreprise, de la part des porteurs, était excentrique, un peu folle. Mais elle manifestait, aux yeux des observateurs, l’intensité de leur confiance en Jésus. De toute évidence, ces porteurs voulaient à tout prix faire profiter le paralysé de la puissance de vie qui émanait de Jésus. Ils n’ont pas eu peur des obstacles. Ils n’ont pas été arrêtés par les obstacles matériels et pas davantage par la réprobation probable des gens qui les voyaient agir de façon tout à fait étrange.

Comment ne pas discerner, à travers la figure de ces porteurs, les grands traits de toute personne qui veut témoigner ouvertement de sa foi dans un milieu peu accueillant au plan spirituel? La volonté de conduire au Christ Jésus et à son Évangile des gens que l’on nomme parfois des « paralysés spirituels » ne doit-elle pas être courageuse et créative, innovante? Le pape François, dans bien de ses interventions, ne souhaite-t-il pas que les chrétiens et chrétiennes d’aujourd’hui soient de véritables porteurs qui ont l’audace de chercher à conduire des « paralysés spirituels » jusqu’au Christ, et ce, malgré les résistances sociales et culturelles rencontrées? N’est-ce pas ce que les autorités de divers diocèses du Québec demandent présentement à un certain nombre de couples chrétiens? En effet, ces autorités leur ont confié une mission : celle de devenir des animateurs et des responsables de « maisonnées » qui regroupent, chacune, une dizaine de personnes. Grâce à ces cellules de base, on espère rejoindre des gens que l’Église officielle, avec sa structure paroissiale traditionnelle, ne rejoint plus ou rarement.

En un sens, le récit de la guérison du paralysé est une occasion de rendre grâce à Dieu pour tous ces chrétiens et chrétiennes qui ont présentement le courage de se faire des porteurs de « paralysés spirituels ». Puisse notre Eucharistie maintenir en nous, malgré les obstacles rencontrés dans nos milieux, une véritable soif de faire connaître le Christ Jésus qui a le pouvoir de véritablement guérir les cœurs!

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Que monte en ta présence, Seigneur,
notre prière instante,
pour que les désirs de tes serviteurs s’accordent
en toute pureté
au grand mystère de l’incarnation de ton Fils unique.
Lui qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.