Homélie, 2e dimanche de l’Avent

10 décembre 2023

Commencements

Aujourd’hui, le frère Daniel Cadrin, O.P., nous fait nous plonger dans le commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ selon saint Marc et nous invite à trouver nous-même des déserts où nous pourrons vivre des commencements et recevoir Celui qui vient.
commencements

Homélie

L’Évangile aujourd’hui nous invite à entrer dans un commencement. Pas de n’importe quoi, nous dit Marc, mais d’une Bonne nouvelle. C’est déjà encourageant. Et cette Bonne nouvelle, cette nouveauté qui est bonne, c’est avant tout Quelqu’un, c’est un visage qui se rapproche de nous, c’est une visite qui se fait proche. Et quelle nouvelle nous réjouit davantage que la visite de quelqu’un, parent, ami, conjoint, enfant, qui est aimé et espéré.

Le Quelqu’un en question a un nom : Bonne Nouvelle de Jésus, nous dit Marc. Il a aussi deux titres impressionnants : Christ (Messie) et Fils de Dieu. Alors, c’est plus qu’une visite ordinaire qui s’annonce, c’est de la grande visite, celle d’une bonté et d’une nouveauté qui ont un visage. On a hâte de voir. Mais au lieu de nous le montrer tout de suite, Marc nous parle d’un livre ancien, d’une voix prophétique qui vient de loin dans le temps : Isaïe. Cela nous dit déjà que cette Bonne Nouvelle, qui se rapproche, a des racines profondes, qu’elle vient toucher des attentes, qu’elle vient répondre à des espérances. On l’attend depuis longtemps, depuis loin et profond en nous.

Après la citation d’Isaïe, Marc ne présente pas l’Attendu mais une autre figure prophétique, celle de Jean le Baptiste, qui a du travail à faire. Car pour que cette Bonne Nouvelle, ce Jésus, soit reçu, une préparation est nécessaire, un travail sur les cœurs qui met en jeu la conversion et le pardon.

Ce Jean Baptiste est un proclamateur. C’est un homme de parole, un homme de la Parole, à la voix forte et claire. Il ne parle pas de lui-même, il est décentré. Il vient annoncer la venue d’un Autre. Le baptême ne sera plus seulement d’eau mais d’Esprit. Le Nouveau qui va arriver bientôt est porteur d’un Souffle; il vient donc transformer, renouveler, donner élan et espérance, il vient re-créer.

En quel lieu ce commencement advient-il? Sur une montagne sainte, ou au temple de Jérusalem? Dans une grande maison, sur la place publique, ou sur la route? Non, cela se passe au désert. Tout commence au désert, lieu biblique des naissances et des renaissances. Lieu des passages et des exodes, haut lieu des transformations profondes et des combats intimes. L’Esprit souffle au désert. Les paysages sont transformés et une route apparaît, là où aucun repère n’était perceptible.

Le désert n’est pas vide. Une voix y crie, un prophète proclame. Des gens de la ville viennent au désert. Ils cherchent quelque chose, ou quelqu’un. Ils ont des attentes, ils portent des espérances. Ils sont conscients de leurs misères et de leurs blessures. Ils ont besoin de guérison, de réconciliation en eux-mêmes. Ils expriment leur quête dans un geste concret, ils sont plongés dans les eaux du Jourdain. Leur corps peut sentir cette eau qui vivifie. Mais Jean leur annonce que tout cela n’est que le début d’un autre commencement encore plus puissant, qui s’en vient, qui est proche.

En quel désert pourrions-nous nous rendre aujourd’hui pour participer à un commencement, pour nous préparer à recevoir une Bonne Nouvelle, à accueillir un visiteur qui est porteur d’un Souffle? Un désert où des voix peuvent être entendues, où des gestes peuvent être posés, qui touchent notre quête d’un nouvel élan, d’un goût de vivre renouvelé.

Ce désert aujourd’hui peut prendre diverses formes : un lieu retiré où il devient possible d’entendre ses voix intérieures et aussi d’écouter celle des autres; une église et son assemblée qui invitent au recueillement et à la conversion; un groupe fraternel où l’on partage ses passages, ses exodes et ses exils, et où une route de vie est construite; un site internet qui ouvre des horizons et qui met en contact avec d’autres chercheurs de sens, …. Ou une musique, une œuvre d’art, qui nous amène ailleurs, plus loin en dedans de nous, dans l’attention et l’attente.

Le désert, finalement, n’est pas si loin et inaccessible. Ce désert des naissances et des renaissances, des commencements et des recommencements. Ce qui est sûr, par-delà nos réserves et nos questionnements, c’est qu’il s’agit, en ce désert, d’attendre et de rencontrer quelqu’un. Non pas une idée, une belle théorie qui mettrait de l’ordre dans notre confusion, ou un plan de travail sur soi avec des techniques dites efficaces, mais quelqu’un. Quelqu’un porteur de l’Esprit, d’un Souffle.

Cela est merveilleusement réjouissant et dérangeant. Comme une Bonne Nouvelle qui commence, celle de Jésus Christ, le Fils de Dieu, par qui, avec qui et en qui nous rendons grâce en cette Eucharistie. Amen.

Fr. Daniel Cadrin, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu de puissance et de miséricorde,
ne laisse pas le souci de nos tâches présentes
entraver la marche de ceux qui se hâtent
à la rencontre de ton Fils;
mais forme-nous à la sagesse d’en-haut,
qui nous fait entrer en communion avec lui.

∞ Amen.