Homélie, vendredi, 34ème semaine du Temps Ordinaire

1er décembre 2023

Le Royaume est proche

Aujourd’hui, le frère Yvon Pomerleau, O.P., se concentre sur le mot « proche » qui est central à l’Évangile du jour, mais également au thème eschatologique de la liturgie.
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Homélie

En cherchant à trouver une clef pour lire cet évangile, un mot a retenu mon attention. A deux reprises revient le mot « proche », qui est appliqué au royaume comme à l’été. Ce mot revêt une certaine actualité en ces temps de postpandémie où on nous a imposé des règles strictes de distanciation sociale. On nous a dit d’éviter le plus possible les contacts, de ne pas nous tenir proches les uns des autres.

La proximité joue dans l’espace comme dans le temps. Notre couvent est proche de l’université et à la fin de novembre, nous sommes de plus en plus proches de Noël. La proximité peut revêtir aussi une dimension intellectuelle ou spirituelle. Nos opinions politiques peuvent être proches et nous pouvons compter sur l’appui de nos proches dans une situation difficile. Une fois de plus, je suis allé faire une recherche sur internet pour découvrir plus d’une centaine de locutions autour du mot « proche ». Un proverbe emprunté à la Bible nous dit qu’« un ami est parfois plus proche qu’un frère » et le poète latin Térence souligne que « mon plus proche parent, c’est moi-même ».

Revenons à l’Évangile! Nous pouvons presque considérer le mot « proche » comme faisant partie du vocabulaire biblique. Allons-y avec trois considérations sur la proximité au cœur de notre foi.

Avec Jésus, Dieu se fait proche de l’humanité. Le mystère de l’incarnation est un mystère de proximité. Le Dieu des chrétiens n’est pas un Dieu lointain. C’est Dieu qui s’est fait proche de nous en partageant notre vie humaine dans toutes ses dimensions, y compris celle de la souffrance et de la mort. Et notre vocation chrétienne consiste justement à développer cette proximité avec Dieu. Pensez à ce chant célèbre de notre répertoire religieux : « Plus près de toi mon Dieu ».

La grande loi de l’amour qui définit l’agir chrétien se formule ainsi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu (…) et ton prochain comme toi-même. Le prochain – comme le dit le mot – est celui qui est proche. La parabole du bon samaritain se présente justement comme une réponse à la question : qui est mon prochain? Le prochain, ce n’est pas celui qui est proche de moi par certaines similitudes ou affinités mais celui dont je me fais proche par mon accueil et mon comportement.

Une troisième dimension de proximité, c’est justement celle qui est mentionnée dans l’évangile d’aujourd’hui : la proximité du royaume de Dieu. On peut l’interpréter de deux manières. La venue du Seigneur à la fin des temps doit toujours être envisagée comme prochaine même si on ne sait ni le jour ni l’heure. D’une autre façon cette venue est actuelle et c’est au quotidien que le Seigneur nous rejoint dans notre vie. Le royaume de Dieu dans sa plénitude est à venir mais il se construit dès maintenant en nous et autour de nous.

Dans une semaine nous entrerons dans le temps de l’Avent qui nous prépare à la célébration de la venue du Seigneur qui se fait proche de nous dans l’enfant de la crèche. Préparons-nous à l’accueillir en nous faisant nous aussi proches de Lui dans l’accueil du petit et du pauvre qui est notre prochain.

Fr. Yvon Pomerleau, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
par l’abaissement de ton Fils,
tu as relevé le monde déchu;
donne à tes fidèles une joie sainte :
tu les as tirés de l’esclavage du péché;
fais-leur connaître le bonheur éternel.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.