Homélie, jeudi, 34ème semaine du Temps Ordinaire

30 novembre 2023

Lâcher prise

En cette fête de saint André apôtre, le frère André Descôteaux, O.P., nous parle de premiers apôtres de Jésus et de ce que signifie réellement être un disciple à sa suite.
lacher-prise

Homélie

L’Évangile met en lumière les quatre premiers apôtres : Pierre, son frère, André, Jacques et son frère Jean. On dirait une affaire de famille ! Ceux-ci auront une place importante dans la première communauté chrétienne. Cette importance se reflète dans les Évangiles. Nous voyons souvent Jésus demander à Pierre, à Jacques et à Jean de l’accompagner. Pensons à la transfiguration ou encore à son agonie. Pourtant, l’évangile d’aujourd’hui nous rappelle qu’avant toute chose, avant d’être apôtres, avant de devenir pêcheurs d’hommes, il faut être disciple. Avant de se dépenser dans de multiples activités pour le Christ il faut d’abord être son disciple. Qu’est-ce à dire ? Jésus nous donne la réponse : ‘venez à ma suite’. C’est ce que font les quatre appelés. Tous, nous dit saint Matthieu, le suivirent.

Suivre Jésus ce n’est pas seulement suivre des cours d’un sage, d’un brillant théologien voire d’un grand spirituel, d’un homme de Dieu. On ne se met pas à une école uniquement pour apprendre même si le Christ est un véritable maître. Suivre Jésus c’est s’attacher à lui. C’est accueillir non pas seulement une parole mais l’accueillir, lui, lui faire une place et pas n’importe laquelle : la première au point qu’il devient le centre, le cœur de nos vies.

Pas surprenant qu’il faille laisser une barque, un père, des filets. Non pas qu’ils sont mauvais en soi. Pas du tout ! D’ailleurs le disciple pourra les retrouver. Mais décider de suivre Jésus c’est donner à sa vie une toute nouvelle orientation où la place des personnes à qui nous sommes liés, de nos biens ou de nos idées risque d’être complètement chamboulée. Dans le fond des fonds, suivre Jésus, c’est lâcher prise sur nous-mêmes. Plus nous découvrirons qui est Jésus, quel est son amour pour nous, plus nous serons prêts à nous en remettre à lui pour devenir comme lui : enfants du Père et frères et sœurs les uns des autres. Comme le dit saint Paul : suivre le Christ, c’est revêtir le Christ !

Pour autant, un disciple n’est pas parfait du premier jour. Si nous sommes éblouis par la promptitude des quatre premiers appelés, le reste de l’Évangile montrera qu’ils ont éprouvé beaucoup de difficultés. Comprendre qui est Jésus et surtout entrer dans son esprit de service, de don de soi, qui peut aller quelques fois jusqu’à la mort, n’est pas évident. Jésus a été souvent affligé par la lenteur et les aveuglements de ses disciples. Il a rabroué Pierre qui se révoltait à l’idée que son Maître connaisse une fin méprisable. Mais Jésus ne les a jamais abandonnés. Après sa résurrection, il entendra Pierre, qui l’a renié, lui dire : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Et Jésus de lui répondre en lui confiant son troupeau.

Même s’il y a longtemps que nous essayons de marcher à la suite de Jésus, entendons, aujourd’hui, cet évangile comme un appel du Christ qui nous invite à ne pas lâcher, à continuer marcher à sa suite, à le laisser tracer le chemin de nos vies, à lâcher prise. Ainsi, pourrons-nous devenir à notre manière des pêcheurs d’hommes.

Si la Parole doit être annoncée, comme le rappelle Paul dans la première lecture, personne ne peut être apôtre s’il n’est d’abord et avant tout un disciple. S’il faut parler pour témoigner, ce sont d’abord nos vies qui doivent parler. Dans l’eucharistie, accueillons non seulement la parole de notre Maître mais aussi son corps et son sang pour que, dès maintenant, nous partagions sa vie et devenions de véritables disciples. Amen.

Fr. André Descôteaux, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur, maître du monde,
nous te supplions humblement,
permets que l’Apôtre saint André,
après avoir évangélisé et guidé ton Église,
ne cesse d’intercéder pour nous.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.