Homélie, mardi, 34ème semaine du Temps Ordinaire

28 novembre 2023

Tout cela doit arriver mais...

Aujourd’hui, le frère Gustave Nsengiyumva, O.P., nous invite à porter un regard positif sur les récits apocalyptiques et effrayants que la liturgie nous propose ces temps-ci : la douleur et les catastrophes font déjà partie de l’histoire humaine, mais le Royaume à venir, lui, n’est que joie et amour.
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Homélie

La liturgie de la Parole, après la fête du Christ Roi, nous fera méditer toute cette semaine un chapitre de saint Luc où Jésus parle longuement de faits terrifiants qui accompagneront la fin du monde. Nous une sorte « d’accalmie » jeudi en raison de la fête de saint André apôtre, où, là nous méditerons l’appel des premiers apôtres.

Les avertissements de Jésus ont quelque chose de glaçant, de terrifiant, du moins dans la tonalité. Cataclysmes naturels, épidémies, conflits, guerres, faux prophètes…! Des évènements qui ont souvent été exploités par les sectes pour manipuler les esprits en insistant sur la ressemblance de ces catastrophes avec ce qui peut être observé de comparable à chaque époque de l’histoire, y compris bien entendu la nôtre. Des guerres nous sont en effet rapportées tous les jours dans les médias. Comment ne pas penser à l’Ukraine, ou encore au Proche-Orient?

A-t-on besoin de retourner loin dans l’histoire pour y voir les épidémies des temps passés? La Covid-19 nous aura démontré, s’il en était besoin, la fragilité de nos systèmes de santé et de protection sanitaire. Un monde s’est écroulé devant nos yeux. De là à conclure que « ça y est, nous y sommes », certains n’hésitent pas à franchir le pas. Pourtant, toutes ces catastrophes énumérées ci-dessus font partie du vocabulaire apocalyptique; il est évident que ces phénomènes ne peuvent pas être considérés au pied de la lettre. C’est sûr, et c’est révélé, qu’aucune des constructions que l’homme aura érigée à sa gloire ne subsistera éternellement. Le géant aux pieds d’argile que nous relate le livre de Daniel peut illustrer cet écroulement des empires et des potentats.

La destruction du Temple de Jérusalem que décrit directement Jésus dans le récit de Luc, suivie de celle du peuple juif, et ensuite les persécutions qui s’abattront sur les disciples eux-mêmes, tout cela adviendra certes, mais doit être compris comme faisant partie des souffrances d’enfantement du monde à venir. À la lumière de la Résurrection de Celui qui a voulu partager notre sort en toutes choses excepté le péché, toutes ces souffrances prendront un sens nouveau.

De même que le Christ s’est relevé le troisième jour, que le Temple dont il ne restera pourtant pas pierre sur pierre se dressera au matin de la Pâque définitive, ainsi nous aussi, c’est sur les décombres de nos vies, que le Seigneur écrira la plus belle histoire d’amour : celle du triomphe de sa miséricorde. Là où nous avons semé la haine, il récoltera l’amour, là où nous avons enfanté la discorde, il rétablira l’unité, là où nous aurons mené la guerre, il apportera la paix ; car il est lui-même notre unité, notre paix, la vie en plénitude.

Alors que nous nous acheminons vers la fin de l’année liturgique, c’est l’occasion pour nous de transposer dans notre vie personnelle cette réalité que Jésus donne à notre méditation ; notre route s’achemine également, inexorablement, vers son terme ou plus exactement vers son plein accomplissement. Le Seigneur peut venir à chaque instant, nous appeler à vivre dans la plénitude notre vie d’enfant de Dieu, que nous portons en nous depuis le jour de notre Baptême. Il est donc urgent pour chacun de nous, de préparer cette rencontre dans la joie d’une fête nuptiale. Même si cela passe nécessairement par les douleurs de l’enfantement.

Fr. Gustave Nsengiyumva, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu, par toi nous vient la rédemption,
par toi nous est donnée l’adoption filiale ;
dans ta bonté, regarde avec amour tes enfants ;
à ceux qui croient au Christ,
accorde la vraie liberté et la vie éternelle en héritage..
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.