15 novembre 2023
Saint Albert, grand par son savoir et sa sagesse
LIVRE DE BEN SIRAC LE SAGE (6, 18-21, 33-37)
Mon fils, dès ta jeunesse, accueille l’instruction, et jusqu’à l’âge des cheveux blancs tu trouveras la sagesse. Comme celui qui laboure et fait les semailles, cultive-la et attends ses bons fruits. Tu peineras un peu pour la travailler, mais bientôt, tu mangeras de ses produits.
Aux ignorants, elle semble terriblement dure, et qui n’a pas d’intelligence n’y persévère pas : elle pèse sur lui comme une lourde pierre, et il ne tarde pas à la rejeter. Si tu prends plaisir à écouter, tu apprendras, et si tu prêtes l’oreille, tu deviendras sage.
Tiens-toi dans la compagnie des anciens ; si tu trouves un sage, attache-toi à lui. Écoute volontiers tout discours qui vient de Dieu, et ne néglige aucun proverbe sensé. Si tu vois quelqu’un de bon sens, cours vers lui dès le matin, et que tes pieds usent le seuil de sa porte.
Réfléchis aux préceptes du Seigneur, applique-toi toujours à étudier ses commandements ; lui-même affermira ton cœur, et ton désir de sagesse sera comblé.
LETTRE DE SAINT JACQUES (3, 13-18)
Quelqu’un, parmi vous, a-t-il la sagesse et le savoir ? Qu’il montre par sa vie exemplaire que la douceur de la sagesse inspire ses actes. Mais si vous avez dans le cœur la jalousie amère et l’esprit de rivalité, ne vous en vantez pas, ne mentez pas, n’allez pas contre la vérité. Cette prétendue sagesse ne vient pas d’en haut ; au contraire, elle est terrestre, purement humaine, démoniaque. Car la jalousie et les rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes.
Au contraire, la sagesse qui vient d’en haut est d’abord pure, puis pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits, sans parti pris, sans hypocrisie. C’est dans la paix qu’est semée la justice, qui donne son fruit aux artisans de la paix.
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT MATTHIEU (25, 14-30)
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « C’est comme un homme qui partait en voyage : il appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.
Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître.
Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”
Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.” Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix.
À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !”
Homélie
Saint Albert est qualifié de grand, saint Albert le Grand. Qu’est-ce qui fait sa grandeur? Deux réponses sont possibles et sont également vraies.
Dans l’évangile d’aujourd’hui, Matthieu nous propose la parabole des talents, où il est question des serviteurs qui reçoivent de leur maître, l’un cinq talents, un autre deux et le troisième, un seul. A chacun de les faire fructifier. Il est clair que le choix de cet évangile nous suggère que saint Albert peut être identifié à celui qui a reçu le plus de talents et qu’il a su les faire fructifier à la mesure de ses capacités. Quels sont ces talents?
Soyons attentifs au vocabulaire utilisé dans la note introductive à la fête d’aujourd’hui dans le missel dominicain. On nous rappelle que notre saint a fait ses études à Paris, où il a par la suite enseigné. Il est connu sous le titre de maître Albert. Son esprit universel ouvrait la jeunesse étudiante à la physique d’Aristote. Il a été régent des études pour ses frères dominicains. Il est question d’études, d’enseignement, de savoir universel pour un régent des études, un maître, un esprit universel. Tous ces mots nous situent dans l’ordre de la connaissance, du savoir. C’est pour cela que la prédication pour la saint-Albert, chez les dominicains, est habituellement confiée à un frère engagé dans l’enseignement supérieur, au sein d’un centre académique universitaire. Cette année est une exception à la règle.
Si nous portons attention maintenant aux lectures proposées pour la fête de saint Albert, il y a un mot qui revient sans cesse aussi bien dans le livre de Ben Sirac le Sage que dans l’épitre de saint Jacques. Vous l’avez tous en tête : c’est la sagesse. Première lecture : « Si tu aimes à écouter, tu apprendras, si tu prêtes l’oreille, tu deviendras sage. Fréquente l’assemblée des anciens, et s’il y a quelqu’un de sage, attache-toi à lui. Écoute volontiers tout ce qui vient de Dieu, ne laisse pas échapper les proverbes de sagesse ». La deuxième lecture débute ainsi: « Y a-t-il parmi vous un homme de sagesse et d’expérience qu’il prouve par sa vie exemplaire, que la douceur de la sagesse inspire ses actes ? ».
Savoir et sagesse se retrouvent unis dans la vie de saint Albert le Grand. Saint Albert est reconnu à la fois comme un savant et un sage. Sa réputation dans l’ordre de la connaissance révèle un savoir universel. Sa vie témoigne d’une sagesse liée à l’expérience d’une vie consacrée à Dieu. Le verset de l’acclamation à l’évangile exprime bien cette unité, en saint Albert, du savoir et de la sagesse. « Vraiment saint Albert, serviteur fidèle, est tenu pour grand dans le royaume des cieux, car il a pratiqué ce qu’il enseignait. Alléluia! ».
Fr. Yvon Pomerleau, O.P.
PRIÈRE
Tu as voulu, Seigneur,
que saint Albert mérite le nom de grand
pour avoir su concilier sagesse humaine et foi divine;
accorde-nous, à l’école d’un tel maître,
à travers nos progrès dans les sciences,
de mieux te connaître et de t’aimer davantage.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi .
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.