Homélie, vendredi, 30ème semaine du Temps Ordinaire

3 novembre 2023

Encore du pharisaïsme?

Aujourd’hui, le frère Henri de Longchamp, O.P., nous met en garde contre le légalisme et la bureaucratie qui pourraient nous empêcher de prioriser les besoins des plus petits, de nous montrer accueillant envers ceux qui souhaitent s’approcher de l’Église et d’aller de l’avant en tant que communauté et institution.
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Homélie

L’évangéliste Luc, disciple de Paul, ancien pharisien, brise l’image simpliste d’un Jésus qui aurait été systématiquement anti-pharisien. Jésus n’est « contre personne » a priori. C’est un homme libre, capable de fréquenter tout le monde : les publicains et les pécheurs, aussi bien que les pharisiens. Ici, nous le voyons invité chez un chef de pharisiens, un de ces notables qui avait un rôle dirigeant dans le parti des justes… ce groupe qui fut habituellement le plus opposé à Jésus.

Il semble que l’homme hydropique ait été délibérément amené dans la maison du pharisien, pour tendre un piège à Jésus : « les pharisiens l’épiaient », rapporte Luc.

Cet homme souffrant d’une vilaine maladie n’aurait normalement pas été invité à un tel repas le jour du sabbat. Il était là simplement comme un appât pour piéger Jésus, pour tester s’il respectait la loi du sabbat. Ses ennemis voulaient voir s’il le guérirait le jour du sabbat.

En homme bien avisé, Jésus demande aux légistes et aux pharisiens : « Est-il permis de guérir quelqu’un le jour du sabbat ? » Jésus semble plus qu’heureux de tomber dans leur piège ; il guérit l’homme et le renvoya sur son chemin.

Alors que les pharisiens ont fait preuve de peu de respect pour le malade en l’utilisant comme appât, Jésus a fait preuve d’un respect total à son égard en lui redonnant une vie saine.

Prétendant être les défenseurs de la loi de Dieu, les chefs religieux montrent parfois peu de respect pour l’individu dans le besoin. Sans grande humanité, les pharisiens faisaient passer le respect du repos du 7è jour avant la guérison d’un malade.

Le légalisme reléguait ainsi au second rang l’amour du prochain, l’un des deux commandements qui résument la Loi et les Prophètes. Jésus montre une forme authentique de religion qui traite les autres avec le respect de leur dignité de personnes faites à l’image de Dieu et précieuses aux yeux de Dieu.

Le pape François parle régulièrement de notre besoin de traiter les autres avec amour et respect. Le pape regrette que des pasteurs fassent « tant de bureaucratie pour donner un sacrement, pour accueillir les gens », ce qui a pour effet de faire fuir ceux qui voudraient s’approcher de l’Église. La grâce de l’Esprit Saint « ne peut pas être étouffée » par la bureaucratie, dit-il. Il épingle au passage les « fondamentalistes », qui se concentrent sur des rituels et des préceptes et craignent d’aller de l’avant.

Soulignant que seul l’amour pouvait attirer et changer le cœur de l’homme, il encourage à ne pas réduire l’Église à une structure rigide et coincée de « commandements et de préceptes ».

En tant que disciples de Jésus, nous essayons de juger les situations comme notre Maître et Sauveur le ferait. Sa façon de se comporter avec les autres doit être la nôtre, soutenus par l’Esprit Saint répandu dans nos cœurs.

Comme le dit la devise des Frères prêcheurs : « Contempler et partager aux autres les fruits de notre contemplation.» Contempler la vie, les actions et le message du Christ.

Partager avec tous l’esprit et les actions de notre Dieu et Sauveur avec toutes les personnes, spécialement ceux et celles qu’Il nous indique de façon privilégiée : les petits et pauvres, les malades, les prisonniers, les étrangers. Tous ceux et celles qui sont aussi notre prochain, appelés par notre Dieu et Sauveur à devenir frères et sœurs dans la grande Famille des enfants de Dieu.

Fr. Henri de Longchamp, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur Dieu,
par l’abaissement de ton Fils,
tu as relevé le monde déchu ;
donne à tes fidèles une joie sainte :
tu les as tirés de l’esclavage du péché ;
fais-leur connaître le bonheur éternel.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.