Homélie, jeudi, 30ème semaine du Temps Ordinaire

2 novembre 2023

Se retrouver un jour

En cette journée de commémoration de tous les fidèles défunts, le frère André Descôteaux, O.P., nous rappelle le doux et rassurant message du Christ quant au passage de la mort vers la Vie éternelle auprès du Père.
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Homélie

Des paroles qui se veulent réconfortantes!

« Que votre cœur ne soit pas bouleversé! »
« Ô mort, où est ta victoire? »
« Il fera disparaître la mort pour toujours.
Exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ».

Des paroles pour redonner vigueur à notre foi et à notre espérance. En particulier, cette affirmation de Jean « dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ». Il y a beaucoup de place. Beaucoup de personnes, au moment de la préparation des funérailles d’un proche, choisissent cet extrait de l’Évangile de Jean. Il y a de l’espoir. Nous savons tous que nous ne sommes pas parfaits. Nous savons qu’il y a en nous de la médiocrité, voire de la méchanceté. Pourtant, il y a de la place.

À la grande fresque du repas sur la montagne préparée par le Seigneur où est conviée une multitude, à cette évocation par l’apôtre Paul de la victoire de la vie sur la mort, Jésus nous parle dans l’évangile de chacun d’entre nous et du lien qui nous unit à lui. Il va nous préparer une place et c’est lui qui va venir nous chercher. Ce n’est plus la multitude en fête. Ce n’est plus l’univers où le péché est détruit, mais c’est chacun, chacune d’entre nous. Ce sont nos parents, nos amis qui nous ont quittés qui sont concernés directement, qui sont l’objet de l’attention toute particulière du Seigneur.

Il n’en demeure pas moins que je comprends très bien la question de Thomas. « Nous ne savons pas où tu vas ». Qui d’entre nous sait ce qui se passe après la mort? Un véritable mystère! Qui d’entre les morts est revenu vers nous pour nous donner quelque indication sur ce qui nous attendait? Ici et là, on a entendu parler d’expériences de lumière, de grande paix par des personnes qui ont frôlé la mort, mais, fondamentalement, la mort demeure la grande inconnue, un mystère.

Voilà pourquoi nous avons besoin de nous entendre dire « je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi ». Celui que nous avons cherché à aimer sans le voir, celui que certains ou certaines ont aimé sans le connaître, il sera à nos côtés lors du moment définitif pour nous conduire là où il est.

La réponse qu’il donne à Thomas est infiniment rassurante. Il est le Chemin, la Vérité et la Vie. Il est le chemin vers le Père, parce qu’il est en vérité le Fils, la parfaite image du Père et ainsi source de toute vie. Nous savons qu’il dit vrai parce qu’il a lui-même franchi l’épreuve de la mort. C’est lui qui a brisé l’aiguillon de la mort, le péché, par son amour et la remise toute confiante de sa vie entre les mains du Père.

Voilà ce à quoi, il nous invite : nous en remettre à lui dans la confiance pour entrer dans le Royaume et prendre notre place à la table de cette multitude.

Aujourd’hui, encore une fois, nous sommes appelés à la foi et à l’espérance, mais nous sommes surtout invités à l’espérance pour tous ceux et toutes celles qui nous ont quittés : nos parents, les membres de nos familles, nos amis, nos collègues. Plus encore, nous sommes conviés à les aimer en souhaitant pour eux le bonheur auquel nous aspirons, être conduits par le Christ et être avec lui pour toujours!

Depuis les tout débuts de l’Église, les chrétiens ont prié pour leurs morts. C’est viscéral. Au-delà de la question du jugement particulier qui suivrait la mort ou du jugement final, les croyants n’ont cessé de confier à la miséricorde de Dieu leurs disparus. Unis sur cette terre, nous voulons être unis à eux pour l’éternité dans la paix et la joie. Mystère de la mort, mais mystère encore plus profond de notre communion, de la communion de saints.

Ainsi, aujourd’hui, en cette eucharistie, nous les confions au Père, par le Christ Jésus, en étant conscients que nous formons avec eux et tous les saints un véritable Corps. Cette communion est, grâce au Christ sauveur, plus forte que la mort. Aujourd’hui nous sommes autour de la table eucharistique, mais un jour nous nous retrouverons tous ensemble sur la montagne sainte. Dieu aura fait alors disparaître le voile de deuil et essuyé les larmes sur tous les visages. La mort sera vaincue! Amen.

Fr. André Descôteaux, O.P.

 

PRIÈRE

Écoute nos prières avec bonté,
Seigneur, nous t’en prions :
tandis que grandit notre foi
en ton Fils ressuscité d’entre les morts,
affermis aussi notre espérance,
puisque nous attendons la résurrection
de ceux qui t’ont servi.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.