Homélie, lundi, 28ème semaine du Temps Ordinaire

16 octobre 2023

Au service du Royaume

Aujourd’hui, le frère Jean-Louis Larochelle, O.P., nous explique que ce qui départage les humains dans le Royaume des cieux n’est rien d’autre de leur amour, leur compassion ainsi que leur initiative à aider leurs frères et sœurs dans le besoin et il nous donne sainte Marguerite d’Youville en exemple à suivre dans cette mission.
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Homélie

Dans le récit d’aujourd’hui, Jésus annonce que toute l’humanité, au terme de l’histoire humaine, sera convoquée à un grand rassemblement final. Dans ce regroupement ultime, se retrouveront des hommes et des femmes de toutes catégories sociales, de toutes provenances géographiques et ethniques, de toutes traditions religieuses. Et là, Dieu départagera cette foule immense entre ceux et celles qui se sont montrés dignes de partager son intimité bienheureuse et ceux et celles qui n’ont pas voulu collaborer avec lui pour l’édification de son Royaume. Or, à la surprise sans doute des disciples, ce sont les personnes qui seront allées au-devant des gens dans le besoin qui seront avant tout les bénies de Dieu : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger; (…); j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli; (…); j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! »

L’enseignement de Jésus est clair : la compassion active à l’endroit des personnes appauvries, marginalisées, déconsidérées sera le critère premier pour départager les élus et les non-élus. Cela donne l’impression que certains critères de fidélité à Dieu deviennent secondaires. Par exemple, il n’est pas question ici du temps passé à chanter la gloire de Dieu dans le cadre de célébrations religieuses; pas question de gestes héroïques posées dans le but de défendre sa foi; pas question du temps réservé à la prière personnelle et communautaire. Étrange en effet, car on sait que Jésus connaissait très bien la tradition religieuse des Israélites et qu’il s’y conformait habituellement. Dans le cas présent, tout est centré sur le service à offrir à toute personne dont la vie est fragilisée, diminuée, soit par la maladie, soit par la pauvreté matérielle ou la marginalisation sociale. Bref, ce qui va décider du sort final de chaque être humain, c’est sa capacité d’aimer suffisamment pour venir en aide à ceux et celles qui sont plus ou moins dépouillés matériellement et socialement, pour venir en aide aux personnes mal aimées et déconsidérées. En d’autres mots, c’est en imitant Dieu dans sa compassion et son amour universel que les personnes pourront être jugées dignes d’entrer dans son Royaume.

N’est-ce pas une telle attitude de compassion évangélique qui a motivé les choix de Marguerite d’Youville, au milieu du XVIIIe siècle, à Montréal ? Elle a choisi, avec quelques compagnes, d’aller porter secours à des personnes plongées dans la misère physique et morale. En 1737, elle loue une maison pour recueillir les femmes nécessiteuses. Initiative mal perçue, au départ, par une partie de la population qui imagine qu’elle a organisé un lieu de prostitution. Elle continue cependant de protéger le plus possible ces femmes mises de côté. En 1747, son champ d’action s’élargit : elle devient la gestionnaire de l’Hôpital général des Frères Charon. Elle tient à ce que toutes les personnes qui sont malades y aient accès. En 1754, elle décide de recueillir les enfants abandonnés. Puis, à l’occasion des conflits militaires avec les Anglais, et ce autour de 1760, elle offre des soins tant aux soldats anglais blessés qu’aux soldats francophones. Avec le recul du temps, nous voyons qu’elle a, avec sa nouvelle communauté religieuse, incarné avec une ardeur incontestable cette parole de l’Évangile: « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli; j’étais nu, et vous m’avez habillé…»

Ce passage de l’Évangile centré sur le Jugement final nous invite à célébrer l’amour universel de Dieu, l’amour qui ouvre la porte de son Royaume à toute personne ouverte aux misères de l’autre. Notons aussi que le Seigneur est toujours disposé à nous faire don de cet amour de compassion. Que cette Eucharistie nourrisse notre soif spirituelle de manière à ce que nos œuvres témoignent de l’amour même de Dieu!

Fr. Jean-Louis Larochelle, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu de tendresse et de bonté,
tu as conduit sainte Marguerite d’Youville
sur des chemins qui passaient par la croix
et tu as voulu que sa charité porte secours
aux détresses de son temps;
accorde-nous l’audace de manifester comme elle ta compassion
et la force de persévérer jusqu’au jour où tu nous invitera
à partager la joie de tous les saints.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.