Homélie, dimanche, 26ème semaine du Temps Ordinaire

1er octobre 2023

L'important vs. l'urgent

En ce dimanche soir, le frère Daniel Cadrin, O.P., nous aide à appliquer la parabole du jour dans un contexte moderne qui nous ressemble et à tirer des conclusions et des enseignements utiles de ce texte, pour finalement nous inviter à l’introspection.
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Homélie

L’automne s’installe avec ses couleurs et sa lumière. Nous le remarquons un peu mais nous sommes occupés. L’Église universelle va bientôt entrer en Synode sur la synodalité : comment allier mission, communion et participation. C’est important, mais bien des activités nous sollicitent. Nous avons aujourd’hui, en Matthieu, une courte parabole avec un père et deux fils, mis en contraste. L’intérêt de cette parabole, c’est que nous pouvons facilement nous reconnaître dans les deux fils et leurs réactions.

Des demandes et sollicitations, attendant notre réponse, nous en recevons souvent. Avec le courriel, l’immédiateté de la demande semble requérir une réponse aussi rapide! Participer à la réunion zoom d’un comité, aller à une fête de famille risquée, se rendre à un rendez-vous médical, chanter dans la chorale, répondre à un ami isolé, rédiger un article, …. Sans compter ce que nous demandons de nous-mêmes : une marche quotidienne à prendre, des lectures et émissions à ne pas manquer, une attention soutenue à chaque personne rencontrée, un vrai temps de méditation à assurer, un ménage dans nos fichiers, …

Évidemment, en pratique, nous ne répondons pas à plusieurs de ces demandes, extérieures et intérieures. Ou alors nous répondons oui par habitude, pour faire plaisir, ou parce que vraiment nous prévoyons nous engager. Ou encore nous répondons non, sans trop y penser, ou pour calmer notre thérapeute intérieur qui insiste sur l’affirmation de notre autonomie. De plus, quelque résidu de bon sens nous porte à admettre qu’il n’est pas possible, dans le temps, de répondre en fait à toutes ces demandes. Un choix doit être fait, distinguant l’important de l’urgent. Mais ensuite, que faire?

Le premier fils de la parabole dit non à la demande du père. On le comprend. Il risque de manquer une discrète fête d’anniversaire, il doit pratiquer son espagnol, son entrée n’est pas pelletée… Alors, la vigne peut attendre. Mais finalement, il y va. Qu’est-ce qui l’a amené à modifier ses prévisions? Peut-être a-t-il réussi à mettre en pratique la distinction entre l’important et l’urgent; ou simplement la vigne est à la fois importante et urgente. Et son père, peut-être, a vraiment besoin de lui. Le texte nous dit que ce fils s’est repenti, c’est-à-dire il s’est converti. Son horizon s’est transformé : il ne voit plus le monde de la même manière et il agit en conséquence.

Le deuxième fils répond oui à la demande du père. Nous le comprenons : c’est ce que nous faisons si souvent, et sincèrement. Mais voilà que tout un ensemble de circonstances l’ont empêché de se rendre à la vigne : la circulation était bloquée, il a été invité soudainement à une fête d’anniversaire, on annonce une tempête, …. Et puis, est-ce que son père a vraiment besoin de lui? Cette vigne n’est pas si urgente que cela; elle est importante, sûrement, mais l’important peut toujours attendre.

La parabole s’adresse aux grands-prêtres et aux anciens du peuple, donc aux autorités religieuses; en plus, elle est racontée au temple, au cœur même de la vie religieuse. Elle est encadrée par deux questions de Jésus. Avant la parabole: Quel est votre avis (qu’en pensez-vous)? C’est une invitation à la réflexion personnelle. Et après : Lequel des deux fils a fait la volonté du père? Voici une invitation à prendre position. Puis (v.31) Jésus fait une application de la parabole à la situation et aux personnes du milieu; cette petite histoire se passe aujourd’hui ! Cela devient dérangeant pour ses auditeurs.

Les grands-prêtres et les anciens, des personnages graves, sont comme le deuxième fils, celui du oui qui n’agit pas, alors que les publicains et les prostituées, figures sociales marginales, sont comme le premier fils, celui du non qui finalement s’engage. Les questions et les appels de Jésus s’adressent aussi à nous. Nous pouvons poursuivre l’actualisation de cette parabole. Elle peut au moins nous inviter à réfléchir sur nos listes de demandes, auxquelles nous avons dit oui ou non, qu’importe.

Parmi celles-ci, laquelle actuellement requiert de ma part une réponse active, parce que des enjeux cruciaux y sont présents, auxquels je tiens ou que je veux approfondir? Laquelle de ces sollicitations, malgré son apparence ordinaire, vient toucher ma mission personnelle, me demande une sorte de conversion et de croire à la Parole? Évidemment, une fois cette priorité identifiée avec justesse, il me reste encore à faire….

Dans la 2ème lecture, Paul nous invite à des dispositions de compassion et d’humilité dans nos relations avec les autres. Il en donne la motivation : suivre Jésus le Christ sur son chemin d’humanité et de dépouillement, entrer dans ses dispositions. Cela peut nous aider à faire un pas en avant, pour nous convertir et nous engager.

En cette eucharistie, rendons grâce au Dieu vivant pour la douce lumière d’octobre, pour l’esprit d’ouverture du Synode, et pour la Parole qui nous appelle à choisir et à compatir, à la suite de Jésus le Serviteur et le Seigneur, qui nous ouvre la voie. Amen.

Fr. Daniel Cadrin, O.P.

 

PRIÈRE

Seigneur, tu nous donnes ce temps de grâce
pour nous mettre à ton écoute.
Ouvre nos cœurs à ta Parole,
qu’elle agisse en nous
et nous fasse porter du fruit.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.