Homélie, vendredi, 24ème semaine du Temps Ordinaire

22 septembre 2023

Tous égaux aux yeux de Dieu

Aujourd’hui, le frère Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P., démontre l’attitude révolutionnaire que Jésus amenait en tant que rabbi, prophète et Messie, car il acceptait comme disciples des personnes mises à l’écart de la société, entre-autre des femmes.
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Homélie

Jésus ne part pas seul dans sa mission pour annoncer la bonne nouvelle du Royaume sur les routes de Galilée. Nous savons bien que les douze l’accompagnaient et, aujourd’hui, l’évangile nous parle d’un groupe de femmes dont certaines avaient été guéries de mauvais esprits et de maladies par Jésus.

Il est intéressant de souligner que ce qui est dit des femmes – qui avaient été guéries par Jésus de ces mauvais esprits – n’est pas dit des Douze, qui avaient également été choisis parmi les plus bas. C’étaient des pêcheurs du lac de Génésaret.

La première chose à noter c’est que Jésus ne s’est pas exactement entouré des personnes les plus riches ou les plus correctes. Les hommes et les femmes qui partageaient avec Lui le ministère de l’annonce du Royaume de Dieu étaient des gens d’en bas, des gens secourus. Peut-être pourrions-nous dire qu’il s’agissait de personnes qui avaient fait l’expérience de l’amour guérisseur de Dieu dans leur propre vie. C’est peut-être pour cela qu’ils ne se sentaient pas capables de juger les autres.

Il convient également de noter à quel point ce groupe était sans précédent à l’époque. Le fait que Jésus soit accompagné d’un groupe d’hommes et d’un autre groupe de femmes était sans précédent dans la culture de l’époque. Les femmes n’avaient aucune présence publique. En pratique, elles n’étaient pas considérés comme des personnes. Leur témoignage n’était même pas valable devant un tribunal.

On pourrait ajouter en ce sens de nombreux textes issus des écrits rabbiniques de l’époque. En fait, un rabbin n’admettait jamais de femmes dans le groupe de ses disciples. Dans certains versets précédents de l’Évangile, nous parlons de la femme anonyme, réputée pécheresse, qui a obtenu le pardon et a montré des signes de gratitude et d’amour envers Jésus. Mais maintenant, nous voyons que les femmes sont là, avec Jésus, témoignant du Royaume par leur présence. Jésus les a acceptées. Luc nous donne précisément les noms de plusieurs d’entre-elles.

Combien de fois les femmes apparaissent-elles dans l’Évangile avec une attitude positive et admirable. Il suffit de penser à celles qui l’ont côtoyé au moment le plus tragique, au pied de la croix, aux côtés de Marie, sa mère. Et puis, elles ont été les premières à avoir la joie de voir le Seigneur ressuscité et de l’annoncer aux autres.

Cette attitude peut être qualifiée de révolutionnaire puisque c’est en vain que l’on chercherait un exemple similaire dans les pages de l’Ancien Testament. Cependant, ce n’est pas la seule attitude qui reflète l’approche particulière du Christ, manifestant une manière différente de se rapporter aux femmes, tout comme, dans un autre sens, il a manifesté de nouvelles façons d’approcher les autres, spécialement ceux qui étaient exclus dans la société de cette époque : les pécheurs, les lépreux, les enfants, les malades.

Cela signifie que Jésus, se laissant accompagner par ce groupe où se trouvaient des femmes de rangs et de conditions divers, n’agit pas d’une manière étrangère au message central de son Évangile : il montre plutôt que la grâce offerte par lui apporte un renouveau de toutes choses et que ces types d’exclusions ne conviennent pas aux disciples du Royaume.

Cette égalité entre hommes et garçons dans le groupe des disciples de Jésus s’est rapidement perdue dans l’Église. Et les hommes y occupèrent très vite les places prééminentes.

Il faudrait aujourd’hui retrouver cette dimension fondamentale du message de Jésus : nous sommes tous égaux aux yeux de Dieu. Nous sommes tous témoins. Et nous tous, hommes et femmes, pouvons annoncer la bonne nouvelle du Royaume.

Fr. Carlos Ariel Betancourth Ospina, O.P.

 

PRIÈRE

Dieu éternel et tout-puissant,
comme l’enseigne l’Esprit-Saint,
nous pouvons déjà t’appeler du nom de Père;
fais grandir en nos cœurs l’esprit d’adoption filiale,
afin que nous soyons capables d’entrer un jour
dans l’héritage qui nous est promis.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur et notre Dieu,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.

∞ Amen.