20 septembre 2023
À contretemps

PREMIÈRE LETTRE DE SAINT PAUL APÔTRE À TIMOTHÉE (3, 14-16)
Bien-aimé, je t’écris avec l’espoir d’aller te voir bientôt. Mais au cas où je tarderais, je veux que tu saches comment il faut se comporter dans la maison de Dieu, c’est-à-dire la communauté, l’Église du Dieu vivant, elle qui est le pilier et le soutien de la vérité.
Assurément, il est grand, le mystère de notre religion : c’est le Christ, manifesté dans la chair, justifié dans l’Esprit, apparu aux anges, proclamé dans les nations, cru dans le monde, enlevé dans la gloire !
ÉVANGILE DE JÉSUS CHRIST SELON SAINT LUC (7, 31-35)
En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « À qui donc vais-je comparer les gens de cette génération ? À qui ressemblent-ils ? Ils ressemblent à des gamins assis sur la place, qui s’interpellent en disant : “Nous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé. Nous avons chanté des lamentations, et vous n’avez pas pleuré.”
« Jean le Baptiste est venu, en effet ; il ne mange pas de pain, il ne boit pas de vin, et vous dites : “C’est un possédé !” Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et vous dites : “Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs.” Mais, par tous ses enfants, la sagesse de Dieu a été reconnue juste. »
Homélie
Dans l’évangile de ce matin, Jésus soulève des questions à propos des gens de sa génération, qui gardent encore aujourd’hui toute leur actualité. On peut les formuler en trois manières liées à la façon de se situer dans le temps. Il y a des gens qui réagissent à contretemps, d’autres qui se contentent d’intervenir de temps en temps, enfin il y a ceux qui sont justes à temps.
Commençons par ceux qui réagissent « à contretemps ». Ce sont ceux qui sont toujours en opposition, par principe, dans leurs propos ou dans leurs actions. Ils cherchent à se distinguer des autres par des positions inverses à celles qu’on attend normalement d’eux. C’est le cas de nos gamins de l’évangile, qui ne veulent pas danser au son de la flute et qui ne pleurent pas au chant des lamentations. Ce manque de sympathie, de communion avec l’autre apparait également dans nos vies. Ne nous arrive-t-il pas de temps à autre d’être en décalage par nos sentiments et nos comportements avec notre environnement, de ne pas savoir partager la joie ou la peine de ceux qui nous entourent?
Un autre type de réaction est de l’ordre « du temps en temps ». On réagit en fonction de nos sentiments du moment, de ce qui nous arrange. L’objectivité n’est pas toujours assurée. Par rapport à une même situation, on aura tantôt un avis favorable, tantôt un rejet total. Dans notre évangile, on traite Jean-Baptiste de « possédé » parce qu’il ne mange pas de pain et ne boit pas de vin et Jésus, lui, sera appelé « glouton et ivrogne » parce qu’il mange et qu’il boit. N’est-ce pas là une réaction incohérente qui n’est pas étrangère à nos propres vies? Nos jugements ne sont-ils pas marqués parfois par un manque d’objectivité, par des préjugés, par des humeurs passagères?
Enfin, il y a la réaction « juste à temps » qui nous est indirectement proposée dans l’évangile de ce matin. Jésus nous invite à introduire dans notre vie des réponses adaptées aux situations du moment, à manifester une sympathie toujours actualisée à ceux qui nous approchent. N’est-ce pas cela danser avec ceux qui jouent de la flute et pleurer avec ceux qui chantent des lamentations? Une autre invitation de Jésus ce matin, c’est celle d’avoir un regard positif sur les autres, à ne pas chercher la « bête noire » mais plutôt donner une chance à l’autre, lui prêter de bonnes intentions, à ne pas traiter l’autre ni de « possédé », ni de « glouton » mais plutôt à voir en lui – comme nous le dit la fin de notre évangile – « la sagesse de Dieu » manifestée par tous ses enfants.
Fr. Yvon Pomerleau, O.P.
PRIÈRE
Seigneur Dieu,
tu as voulu que, par toute la terre,
se multiplient tes enfants d’adoption,
et tu as fait que le sang des
saints martyrs André et ses compagnons
devienne une magnifique semence de chrétiens ;
accorde-nous d’être fortifiés par leur secours
et de progresser toujours à leur exemple.
Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi
dans l’unité du Saint-Esprit,
Dieu, pour les siècles des siècles.
∞ Amen.